Si le grand public le connaît surtout pour ses apparitions désopilantes dans “Le Grand Cactus” de Jérôme de Warzée, Kody cartonne aussi sur scène. Alors qu’il vient défendre son nouveau show (“À vendre !”) au Caliclub de Drogenbos, rencontre en mode popote interne. Ses influences, ses idoles, ses trucs pour faire marrer : Kody tombe le masque pour ELLE.

T’es fan de comédies américaines ? Du stand up US ?

Quand j’étais jeune je regardais les cassettes que mon père avait dans sa bibliothèque : c’est comme ça qu’à 15 ans je découvre Eddy Murphy sur scène, et là je prends une claque ! Je savais même pas que le mec avait fait autre chose que “Le Flic de Beverly Hills” ! (rires) C’est comme ça que je me rends compte que la plupart des acteurs de comédies US étaient d’abord passés par le stand up et le Saturday Night Live… Prends Richard Pryor : l’humour communautaire que tous les noirs américains font dans le stand up aujourd’hui, ça vient de lui ! Il m’a influencé dans sa façon de camper des personnages qui lui ressemblaient pas du tout : l’italien ou le Juif de New York, la voix du blanc,… Et c’était beaucoup plus trash que dans ses films ! Idem avec Murphy… Sur scène tu peux te lâcher sans limite : c’est pas comme à la télé ou à la radio.

Dans quelle mesure ces comédiens t’ont-ils influencé ?

Quand Jérôme de Warzée m’a proposé Le Cactus, j’avais envie de ma la jouer à la SNL, mais version belge ! Parce que tous ces mecs-là – les Murphy-Pryor-Kevin Hart – ils sont tous passés par là et ils se déguisaient en femmes, ils mettaient des perruques,… Et c’est ça que je fais à la télé : je joue des personnages qui sont loin de mon apparence physique, et c’est jouissif ! Surtout que les gens y croient ! (rires)

Crédit : Thomas Van Den Driessche

C’est quoi ton genre de comique préféré ? Un mix de comique d’observation et d’imitation ? 

Oui voilà… Sauf que je parlerais pas d’imitation, mais plutôt d’incarnation. Il y a un humoriste américain que j’adore qui s’appelle Dave Chapelle. Le mec il parvient à personnifier n’importe quoi : un chien, un poisson, un bébé,… Ça me fait marrer ! Louis CK, aussi. Ils sont très forts.

Quel a été le déclic pour toi ? Le moment où tu t’es dit « C’est ça que je veux faire » ?

C’était au mariage d’un ami au Mexique : je faisais un discours et à la fin tout le monde m’a dit : « Mec quand on rentre en Belgique, tu te lances ! Parce que là ça fait 3-4 mariages que tu nous fais des discours qui ressemblent à du stand up ! » (rires) 

Quand as-tu commencé à être drôle ? 

Je m’en suis rendu compte vers la 2e secondaire, au cours d’« expression corporelle ». Je m’y étais inscrit parce que j’étais un peu timide et ça m’a permis de m’ouvrir, de jouer… J’arrivais à faire rire, quoi ! J’imitais déjà mes profs blancs – et Belmondo parce que j’aimais ses films… Bref c’est à ce moment-là que j’ai compris que j’avais un potentiel comique… Et franchement c’était génial parce que c’est le genre de truc qui fédère. Tu te fais plein de copains – et pas mal de copines aussi ! (rires)

C’est quoi un bon humoriste ?

Je crois d’abord que tout le monde a la capacité de faire rire. Et de rire. Tout le monde. Après l’humoriste on va lui demander de reproduire cette émotion-là sur scène, avec des gens qui sont face à lui. Donc il faut avoir un bon ego – en tout cas le temps de la prestation ! (rires) Et le sens du rythme, du relief, des silences,… Ça s’apprend. Et puis il faut être généreux. Sinon ça marche pas.

Crédit : Dimitri Polome

On apprend ça comment ? En regardant des shows à la télé ? En allant voir des humoristes sur scène ? 

Oui, il faut commencer par regarder les meilleurs. Ceux qui t’inspirent. Et après il faut parvenir à s’en détacher, parce que c’est vrai qu’au début y a toujours un peu de mimétisme… C’est ça la difficulté : arriver à trouver sa singularité, sa plume – ce qui te rend unique. Moi je pense que tous les sujets ont déjà été abordés, donc il faut que ton point de vue soit différent. Quel est ton angle, ton expérience à toi par rapport à tel ou tel sujet,… C’est vraiment ça qui va faire que t’es bon ou pas.

Comment on peut être sûr qu’une vanne va fonctionner ? 

Il faut la tester sur scène. Mais on n’est jamais sûr de rien ! Après y a des outils qui te permettent de bien l’amener quand même : le phrasé que tu vas utiliser, le silence que tu vas poser, le rythme,… Tout ça peut donner une dimension plus ou moins grande à une vanne, quoi. Une même vanne racontée par exemple avec moins d’entrain peut faire un flop. Mais il faut savoir se heurter à la sanction du public… Tu peux te prendre un bide mais c’est pas grave ! Une fois que t’as chopé cette information, tu l’affines et t’y retournes !

Y a-t-il des sujets que tu n’abordes pas ? Est-ce que tu t’autocensures, parfois ? 

C’est pas que je m’autocensure, mais j’essaie d’aborder des sujets que je connais un petit peu… Si je sens que je maîtrise pas le truc, je préfère ne pas y aller. Quand je parlais de trouver sa singularité, c’est ça : il faut parler de sujets qui te ressemblent. Moi je peux pas faire de l’humour trash par exemple, parce que ce n’est pas moi ! Il faut arriver à faire le truc qui soit le plus proche de toi possible.

Qu’est-ce qui te fait le plus marrer ? 

Je crois que c’est l’impertinence et la fragilité. L’imprévu. Les trucs pas faits exprès, quoi… Même si c’est maîtrisé ! Y en a qui maîtrisent parfaitement cette espèce de déséquilibre, cette tension. Des funambules. Arriver à reproduire cet effet-là, moi ça me fait marrer !

Et quels sont les humoristes actuels que tu préfères ?

J’aime beaucoup Zach Galifianakis. Gad Elmaleh et Dieudonné – leurs premiers spectacles. Florence Foresti. Et puis mes camarades Jérôme, Walter, Alex Vizorek, James Deano,… Ils sont bons !

Y a de la concurrence entre vous ? 

Non, chacun fait son truc. moi j’ai toujours eu du respect pour les “anciens”. Parce que c’est pas facile de tenir la distance, quoi : tenir 10, 20, 25 ans, chapeau ! Rien que d’arriver à en faire son métier, c’est déjà énorme. Donc je traiterai jamais les aînés de ringards ! Parce que j’espère être là longtemps aussi – pour pouvoir être traité de ringard par les jeunes ! (rires) Là j’ai envie d’aller vers le cinoche… D’aborder toutes les facettes que m’offre le métier de comédien et d’humoriste.

C’est quoi le plaisir ultime quand on fait ce métier ?

C’est d’avoir un « combo », c’est-à-dire une vanne qui marche tellement bien – parce que t’es tellement rodé – que tu sais exactement à quel moment les gens vont rire. C’est comme si tu devenais un espèce de chef d’orchestre qui donne le tempo, et la musique c’est le rire du public !

http://kodykim.com/

“À vendre !”, ce vendredi 1er juin au Caliclub