François Demachy, parfumeur-créateur pour Christian Dior Parfums, estime que comme la joaillerie, la parfumerie est un artisanat, mais pas un art : “je ne me considère pas comme un artiste. Je ne sais même pas ce que ça veut dire. Dans mon métier, il faut développer une grande intuitivité, et cultiver une grande technicité. Les parfums “créés par hasard”, c’est une légende. Ils n’existent pas. Il faut beaucoup de travail”.

 

 

ELLE : Pensez-vous que, comme la mode, la parfumerie est soumise à des cycles ?

F.D : Bien sûr, mais ces cycles sont beaucoup plus lents. La mémoire olfactive est la plus importante. 20% de ce que nous détectons est conscient, le reste est instinctif.

 

 

ELLE : Y-a-t-il une mondialisation du parfum ?

F.D : La parfumerie existe depuis 3000 ans. On n’invente plus de produits, mais on développe de nouveaux processus. Il y a toujours eu des hits, des “numéros 1”. Certains venaient d’ailleurs de chez Dior. Personnellement, le fait qu’un parfum plaise autant à un Chinois qu’à un Français, avec leurs cultures et leurs références différentes, reste un mystère. Bien sûr, certains succès s’appuient aussi sur la force de la maison et sur le marketing. Mais dans l’avenir, la quête d’identité, qu’elle soit nationale ou régionale, me laisse penser qu’il faudra commencer à étudier des parfums correspondants aux spécificités locales.