Ton parcours ? « Ma famille est d’origine russe et polonaise. Mes parents et mes grands-parents m’ont fait tomber dans le pot de peinture quand j’étais petit. A 20 ans, je pars un an en Erasmus à Prague. J’ai envie d’en apprendre plus sur cette Europe de l’Est dont on me parle depuis toujours. Les cours sont hyper light, on part à Berlin, Varsovie, Budapest (entre autres), on fait la fête tout le temps… Et comme j’ai beaucoup de temps libre, j’explore le dessin comme jamais. Je vais voir beaucoup d’expos, j’apprends énormément sur les arts visuels en général. Je dessine sur des morceaux de bois récupérés dans la rue ou au feutre noir sur les avant-bras de mes potes en soirée, façon tatouage. A Prague, je rencontre aussi ma copine, je réalise souvent son portrait. Et deux mois après l’avoir rencontrée, je décide de ne pas rentrer en France mais de la suivre à Bruxelles et d’y finir mes études de droit. »
Ton style ? « J’explore différents styles, différents médiums (feutres, bombes, aquarelle…) Je dessine souvent des figures animalières. Pour moi, ça représente la diversité, l’exotisme, l’ouverture, le voyage. Depuis longtemps, j’aime le travail artistique de précision et jouer sur les textures (visuellement), notamment le hachurage. Le travail à l’encre noire donne de la profondeur, du relief au dessin. Je m’intéresse aussi beaucoup au tatouage, je trouve les artistes super innovants dans leurs tracés, leurs façons de dessiner, de se démarquer. »
Ton but ? « Je suis clairement en quête d’une identité visuelle forte, c’est un travail sur la durée. Lorsqu’on voit le travail de certains artistes, comme Expanded Eye, Carlo Amen ou Nils Goldgrund, on repère directement que c’est eux. C’est ce que je recherche : pas la perfection artistique/technique, mais la distinction, ma marque de fabrique. »
Ta collab avec Urban Therapy ? « On a réalisé des coques d’iPhone en bois, mes dessins sont gravés dessus par un artiste chinois, une fresque et des t-shirts. Il y aura des séries pour mecs et pour filles. Pour celle des femmes, on s’est inspiré des tees en soutien au mouvement « Free The Nipple ». On trouvait ça sympa de mettre de la bouffe sur les seins des filles, mais pas des cerises ou des avocats comme c’est souvent le cas. Ici, on est parti sur des donuts avec des pilules en guise de glaçage et des cornets de glace (à la place des boules, on retrouve des gros burgers juicy). Ça remplace le petit sorbet à la framboise, si tu veux. L’idée, c’est de célébrer la diversité. De dire que les filles ont autant le droit que les mecs de manger ce qu’elles veulent et qu’il faut arrêter avec la nourriture genrée. »
Et ta fresque ? « J’en dévoile une petite partie sur mon compte Insta mais il faudra venir le 15 pour la voir en entier. Avec Anis (le boss d’Urban Therapy), on s’est vite mis d’accord sur le thème. On a repris la philosophie de la boutique : « Support the makers » (traduisez : supportez les fabricants, les créateurs), et j’ai travaillé sur le concept. Celui qui était maker avant que les makers deviennent trendy, c’est Dieu. Le mec, c’est un influenceur. Je suis donc parti de cette idée, la création divine, en utilisant le produit phare du concept-store : les terrariums. Sur la fresque, on peut voir une figure divine cachée dans les nuages. Dans ses mains immenses, elle tient des pots en verre et déverse délicatement le contenu sur une planète. Les couleurs et personnages sont surnaturels, composants d’un univers imaginaire. Tout est entouré d’un cadre brisé pour signifier que la création n’est ni classique ni parfaite mais originale. »