On m’a déjà dit que les mannequins de détail mains portent presque toujours des gants. C’est votre cas ?
« À mes débuts, je n’en portais pas car je refusais d’être cette nunuche avec des gants. J’avais l’impression d’être rebelle. J’ai toujours voulu être libre sans faire une fixation sur mes pièces détachées. En fait, je fais pas mal de choses qui en étonnent plus d’un, comme jardiner, faire la vaisselle et lacer mes chaussures. Aujourd’hui, je porte souvent des mitaines. En plus de protéger mes mains, elles me permettent de faire ce que je veux. Certaines assortissent la couleur de leurs gants à leur tenue, mais je n’en suis pas là. Ma collection de gants se limite au noir, au gris et à la couleur chair. Mon modèle fétiche, un mélange de laine et d’acrylique, vient de chez Bloomingdale’s à New York. J’en ai acheté cinq paires de chaque couleur, mais j’ai bien peur de les avoir toutes perdues depuis lors. Heureusement, beaucoup de gens ont la bonne idée de m’en offrir à Noël et à mon anniversaire, car ils sont persuadés que c’est le cadeau idéal. »
Vous portez des bijoux ?
« D’un point de vue pratique, je n’ai pas le droit d’en porter pour exercer mon métier. Heureusement, je n’en portais pas souvent avant de me lancer. Aujourd’hui encore, j’évite de mettre ma bague de fiançailles et mon alliance quand je travaille pour éviter de les perdre ou de les oublier. Cela ne m’empêche pas de les porter quand je sors dîner au restaurant avec mon mari par exemple. Il m’a offert une montre Cartier, mais je ne la porte que très rarement de peur de me casser un ongle avec le fermoir. »
Vous avez un job atypique. Comment réagissent les gens quand vous leur dites comment vous gagnez votre vie ?
« Mon métier donne matière à discuter. Ça, c’est sûr. On me parle très souvent de l’épisode de Seinfeld dans lequel George Costanza devient mannequin mains. Les gens ont envie de savoir en quoi consiste mon job. Et quand je leur dis que je pose aussi avec d’autres parties de mon corps, ils redoublent de curiosité. »
Avec des contrats pour Chanel, Dior, Balmain et Christian Louboutin, vous avez le portfolio d’une top-modèle…
« Impressionnant, n’est-ce pas (rires) ? Le gros avantage d’un mannequin de détail, c’est de ne pas être reconnaissable, ce qui me permet de travailler pour des marques ou des entreprises concurrentes. C’est tout bonnement inimaginable pour les mannequins classiques. »
Peut-on qualifier votre métier de « lourd » ?
« Les gens ont tendance à croire que mon job n’a rien de compliqué, qu’il me suffit de me présenter sur un plateau et that’s it. Mais ce métier exige pas mal de compétences. Le timing est essentiel dans la réalisation d’un spot. Quand je découpe un légume par exemple, je dois faire le bon mouvement au bon moment. La précision est également importante. Dernièrement, on a tourné en stop-motion, ce qui implique de poser pour la photo, d’effectuer ensuite un mouvement infime, puis de prendre la pose de nouveau. À la fin de la journée, j’avais l’impression d’avoir passé des heures dans la même position. Mais une séance intense de yoga suffit pour évacuer toute cette tension et me sentir mieux. »