Après Ulysse, c'est au tour de Sonnfjord de se plier au jeu de notre questionnaire festivals ! Et ils sont chauds pour partir à l'attaque de nos plaines verdoyantes... Rendez-vous près de chez vous !
Sonnfjord c'est deux frère et soeur et leur pote, du spleen urbain tendance electro-pop, une atmosphère qui rappelle les B.O. de "Drive" et de "Lost in Translation". Ils ont sorti ce printemps un EP de six titres aux humeurs somnambules. "City Lights". Les refrains y crépitent tel un néon indien. Comme si l'été sourdait, au loin. Ça tombe bien, on y est.
Vous jouez dans pas mal de festivals cet été !
Maria-Laetitia Mattern (chant/guitare acoustique) : Oui ! On fait les Francos, le BSF, le Baudet’Stival, Les Gens d’Ere, le Kingdom Festival à Genappe,…
C’est vous qui choisissez où vous avez envie de jouer ?
Aurelio Mattern (claviers) : C’est notre booker qui nous propose des dates, et en général on accepte ! On a même jamais refusé en fait. C’est son boulot donc évidemment il connaît tout le monde dans ce milieu-là. Il approche les festivals qui nous intéressent, on discute ensemble de ce qu’on a envie de faire, et puis on réfléchit aussi à ne pas griller toutes nos cartouches… C’est bien de faire un max de festivals mais tu dois aussi essayer d’en garder pour l’année d’après ! Parce que là on vient de sortir un EP (“City Lights”, ndlr) et on espère qu’il va vivre au moins un an et demi…
François De Moffarts (basse) : En fait il rencontre des organisateurs puis il nous fait un petit topo et puis on ne peut qu’accepter le magnifique plan qu’il nous propose
C’est lequel votre festival préféré ? En tant que spectateur et/ou artiste.
Maria-Laetitia : Moi celui où je me suis le plus amusé c’est Dour.
François : Moi je dirais Les Ardentes.
Aurelio : Et moi le BSF, même si ça fait pas du tout festival !
François : Et je crois que notre festival préféré à tous les trois c’est les Nuits Bota.
Maria-Laetitia : À fond !
Aurelio : Et en tant que musicien, les Francos ! Le public est ultra-bienveillant. Et comme c’est pas dans des chapiteaux t’as l’impression de jouer devant plein plein de monde.
Vous adaptez votre live en fonction du festival ? Vous jouez différemment ?
Aurelio : Non, on serait juste plus saouls si on jouait à Dour ! (rire général)
François : Et on met une casquette aux Ardentes ! (rires)
Maria-Laetitia : On va donner la même énergie, quelle que soit la taille ou le style du festival… Notre identité scénique et notre façon de jouer ne changent pas.
François : Disons qu’en salle on peut se permettre des trucs plus intimistes parce que les gens sont plus attentifs…
Maria-Laetitia : Tandis qu’en festival il faut donner plus d’énergie parce que les gens viennent avant tout pour s’amuser. Alors qu’en salle ils sont plus là pour écouter.
Votre premier souvenir de festival ?
François : Moi c’était au Grand-Duché de Luxembourg, à un festival gratuit avec Muse, Indochine,… (le Steelworx, en 2002, ndlr) C’était dingue ! Te retrouver comme ça dans cette foule devant une énorme scène… Ça te marque à mort. J’avais genre 15 ans.
Maria-Laetitia : Moi c’était Werchter j’avais genre 16 ans j’ai vu Coldplay, les Killers,… (en 2009, ndlr) Et j’avais été très impressionnée aussi ! C’était terrible.
Aurelio : Pukkelpop. J’avais vu les Kings of Leon dans un petit chapiteau (en 2004, ndlr). On devait être 300. Ils avaient tous des super longs cheveux et à l’époque ils faisaient vraiment du rock garage, c’était hyper bien ! Ils étaient totalement inconnus… C’était fou. J’étais ultra fan mais aujourd’hui je peux plus écouter ! (rires)
Et ça vous a donné envie de devenir musiciens ces concerts, ou pas du tout ? Est-ce qu’il y a eu un live qui a joué le rôle de déclic ?
Maria-Laetitia : Quand ils étaient dans Lucy Lucy! J’étais monté sur scène pour jouer une chanson avec eux (“Bottom First”, ndlr)… Pour moi c’était ça le déclic !
François : Moi c’est les Girls in Hawaii aux Nuits Bota, dans le chapiteau (en 2008, ndlr). Je me souviens que je m’étais pris une claque et je m’étais dit ‘Putain c’est trop bien je veux faire la même chose !’.
Votre meilleur concert en tant que groupe ?
Maria-Laetitia : Les Nuits Bota au Cirque Royal l’année dernière.
Aurelio : On avait beaucoup travaillé en amont de ce concert, repensé notre univers, et donc quand on est monté sur scène c’était vraiment le nouveau Sonnfjord… Et on a eu que des bons retours !
Maria-Laetitia : Y avait une chouette énergie. Et là cette année (à la rotonde, ndlr) c’était cool aussi parce que le concert a été vite sold out… Même si j’étais un peu dans ma bulle !
C’est-à-dire ?
François : L’idéal c’est de parvenir à se lâcher un maximum et de vivre le truc sans trop réfléchir.
Aurelio : Quand tu commences à psychoter et que tu te dis que tu te vois dans le regard des gens, alors là c’est foireux. Alors que quand tu penses pas du tout à ce que t’es en train de faire, que tu le fais juste sans le conscientiser, alors là c’est bon.
Maria-Laetitia : C’est souvent une question d’attente. Moi parfois plus c’est un concert attendu plus je vais stresser, alors que les concerts sans enjeu je m’éclate à fond : ça dépend un peu.
C’est quoi l’enjeu ?
Maria-Laetitia : De faire un concert qui tue !
Aurelio : De réussir à toucher le public. Et en général tu le vois vite… Le but c’est de réussir à les captiver. C’est ton boulot à toi. Il s’agit pas d’être un acteur sur une scène
Ça vous dérange les gens qui filment avec leur smartphone ?
Maria-Laetitia : Moi pas.
François : Non mais parfois tu vois des gens qui passent tout leur concert à faire ça et tu te dis quand même que c’est dommage pour eux parce qu’ils ne vivent pas le concert…
Maria-Laetitia : Mais c’est aussi une marque d’attention.
François : Le nombre de téléphones sortis détermine si les gens sont attentifs ou pas. Tu peux juger de ta popularité aussi grâce à ça !
Racontez-nous un peu votre journée type en festival.
Maria-Laetitia : On se paume 3h en essayant de trouver l’endroit où on doit se garer… Franchement chaque festival c’est le bordel ! (rires) On comprend jamais où on doit aller.
Aurelio : C’est clair ! Y a 36 types en chasuble qui t’indiquent une rue différente… Et puis quand t’es enfin dans les loges et que le matos est prêt, là tu commences à profiter.
François : C’est quand même fatigant une journée de festival !
Maria-Laetitia : Sauf quand on joue tôt et qu’on peut profiter des concerts après.
Aurelio : En général tu t’installes tu fais la promo tu manges puis tu joues et puis après tu profites. Aller voir les copains qui jouent. Et puis t’es toujours bien reçu, tu rencontres plein de super gens, des musiciens que tu respectes,…
Des stars ? Des idoles ?
François : De tout ouais. Franchement ce qui est chouette là-dedans, c’est que tout le monde est au même niveau : les techniciens, les artistes,… Et on fait bien la fête tous ensemble ! Tu te fais vite de chouettes contacts. Tu rencontres plein de gens. Toute l’année on entend parler des uns et des autres et puis c’est le moment où tout le monde se retrouve.
Aurelio : Toute l’année chacun joue de son côté et en festival c’est le moment où tu te retrouves avec plein d’autres groupes qui font la même chose que toi, le même métier, et du coup c’est d’office des moment super agréables… Je dis pas qu’on joue aux cartes avec Damon Albarn, mais bon !
François : Je me souviens aux Ardentes on avait tous regardé le foot c’était le Coupe du Monde et genre tous les artistes étaient devant une télé, c’était marrant. J’avais Damien Saez qui était quasiment sur mes genoux !
En fait les festivals c’est un peu la colonie de vacances des musiciens !
Maria-Laetitia : Y a un côté plus léger en festival, oui ! Un côté vacances… Les gens sont vraiment là pour s’amuser.
François : C’est une grosse fête, quoi !
Aurelio : Y a moins de pression. Tu sais que les gens sont pas venus que pour toi. Du coup t’as moins de responsabilités.
Vos conseils de pros pour passer un bon festival ?
Maria-Laetitia : Lâchez prise !
Aurelio : Prenez un rouleau de PQ dans votre sac !
François : N’allez pas voir ce que vous connaissez déjà. Parce c’est ça qui est le plus chouette en festival : en un coup tu te prends une claque alors que tu connaissais pas le groupe ou l’artiste. Moi mes meilleurs moments de festival c’est quand je me suis pris une grosse claque d’un groupe que je connaissais pas du tout.
Maria-Laetitia : Être en mode vacances aussi ! Pas courir d’une scène à l’autre. Se dire au pire je rate un concert c’est pas grave.
Aurelio : Essayez de trouver un code ou un point de rendez-vous avec vos pote ! Parce qu’il n’y a rien de pire que passer son concert à envoyer des messages… “T’es où ??” ou “Je suis devant la scène” : non. Y a un seul endroit convenable pour se donner rendez-vous, c’est devant la régie !