Le quai des bouquinistes, l’Institut de France en décor de fond. Un papa-mannequin qui flâne, ses garçonnets aux cheveux libres qui se tiennent près des livres. Evoluant parmi eux, les mannequins déambulent en Haute Couture. De la beauté, de la mode et des livres. On se berçait de belles histoires, hier, au Grand Palais.
Face au dôme de l’Institut de France reconstitué sous la voûte de verre, Karl Lagerfeld a invoqué un Paris littéraire et poète, reconstituant un décor de quai de Seine bordé des «boîtes» de vendeurs de bouquins anciens qui font fantasmer les collectionneurs du monde entier.
Les couleurs de l’automne prochaine se déclinent de circonstance, gris pâle des toits de zinc, anthracite de l’asphalte des rues, le noir et marine, reflets or et argent : c’est le Paris de nuit, celui qui lit à la lueur de la bougie – ou de sa tablette. La société change, les rats de bibliothèque continuent de dévorer du papier. Pour accompagner le lever du jour, du mauve ondoyant comme la Seine au réveil, du rose pâle, le vert amande des toits des monuments historiques, et pour la subtilité fragile de la culture, des broderies de cristal, des tulles tressées et brodées d’or comme les gravures des livres précieux. Bien sûr, des camaïeux de blanc pour écrire les nouvelles pages de Chanel.
Le tweed se fait léger, classique ou plumetis, la flanelle danse autour du corps, le velours réconforte et structure la silhouette. Le thème central original de la collection (qui ne consiste, en réalité, pas essentiellement en aller à la librairie) ? Un zip orné de galons fend le profil des jupes et des vestes contrastées à manches étroites. Des constructions narratives et conçues en décalages, modernes et richement ornées, brodées et drapées d’arcs, en réponse complémentaire aux jupes sobres et la partie inférieure des robes. C’est des différents degrés de lecture que naît la surprise, celle qui permet l’enchantement. Et pour lire – ou écrire – la plus belle des histoires du soir, Chanel conçoit un pyjama du soir en organza et en aluminium cousu pour illuminer une promenade crépusculaire de couleur.
Quant à la pièce maîtresse, la robe de la mariée, elle rompt les codes du classicisme en vert tendre, avec une veste redingote en tweed, brodée de feuilles, allusion à celles portées par les membres de l’Académie française. Ligne après saison, Chanel poursuit sa narration.
Toutes les silhouettes du défilé :