Témoignages : elles ne veulent pas d’enfants et alors ?

Mis à jour le 25 avril 2019 par Eloïse Pirard
Témoignages : elles ne veulent pas d’enfants et alors ?

Pas envie, pas eu l’occasion, pas pu… Elles n’ont pas d’enfants, mais n’en sont pas malheureuses pour autant. Loin des couches sales, des biberons et de la crise d’adolescence, elles se sont accomplies en tant que femmes. Témoignages.

Parce qu'on peut très bien être une femme accomplie sans être mère pour autant, retrouvez le témoignage de deux nanas épanouies sans aucun kids dans leurs pattes.

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Alexandra, 46 ans, graphiste

« Je n'ai jamais voulu d'enfants, je l'ai compris très jeune mais on m'a toujours dit que cette sensation passerait avec le temps. Ça n'a pas été le cas. À la vingtaine, j'ai eu plusieurs coups durs : ma mère et mon frère sont décédés l'un après l'autre. Je me suis rendu compte que l'existence pouvait être cruelle et je me suis demandée si donner la vie était vraiment un cadeau. Des années plus tard, j'ai rencontré mon amoureux actuel qui, lui, voulait être papa, sans être sûr à 100%. Je me suis torturée l'esprit pendant un an, j'ai vraiment réfléchi à la question et je suis allée voir une psy pour être sûre que mon choix n'était pas lié au deuil. Elle m'a confirmé que non et ma décision était prise. J'ai expliqué à mon mec que je comprendrais s'il partait mais il est resté et il n'a jamais regretté. Contrairement à moi, il n'a jamais eu une seule remarque sur le fait qu'il n'avait pas d'enfant. J'en entends constamment, et ça peut être violent. Certaines femmes sont choquées et ne m'adressent plus la parole, on me demande qui s'occupera de moi quand je serai vieille ou on me dit que je suis égoïste. D'après moi, ce qui est égoïste, c'est plutôt d'avoir un bébé dans de mauvaises conditions. C'est un art d'être un bon parent. Lorsque je vois des couples avec des enfants, ça ne me donne pas envie. Ils sont toujours crevés, ils se plaignent beaucoup, j'ai l'impression que c'est la folie aujourd'hui d'être une mère qui travaille. Et puis, je n'ai pas envie de me mettre entre parenthèses. Je m'intéresse à beaucoup de choses, j'ai énormément d'activités... Je me dis souvent que je n'aurais jamais eu le temps de faire tout ça avec des bébés. Mais on peut très bien transmettre de l'amour et donner beaucoup de sa personne aux autres sans avoir d'enfants. Dans certaines cultures, on n'est pourtant même pas considérée comme une femme si l'on n'est pas mère. Il faut arrêter de systématiquement lier les deux. En Belgique aussi, certaines filles sont conditionnées à faire des bébés dès qu'elles se marient sans se poser de questions. Personnellement, je suis heureuse d'avoir eu la liberté de choisir. »

propos recueillis par Laurence Donis

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Marie, 43 ans, journaliste 

« Au départ, je n’avais absolument pas décidé de ne pas avoir d’enfants. J’ai suivi le schéma classique : rencontre avec mon premier mari à 17 ans, mariée à 25 et essayer d’avoir des enfants vers 27 ans. Devenir mère n’était pas une pulsion vitale mais c’était dans la lignée. Mais très vite je me suis rendue compte que ça ne fonctionnait pas. J’ai un grave problème hormonal et j’ai donc commencé à faire des injections. Dès le début je ne le sentais pas, il y avait un truc pas normal là-dedans, ça me gênait… En plus ça ne s’est pas avéré concluant. On a donc commencé à me parler fécondation in vitro et j’ai tout de suite dit stop. Éthiquement ça n’était pas pour moi. Je me suis demandée ce que j’aurais fait à une époque où la science n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui. Je ne suis pas bio-gnangnan mais pourquoi toujours aller contre son corps et la nature ? Sur l’entre fait je me suis donc séparée de mon mari et me suis rendue compte que je n’avais pas vraiment envie d’avoir des enfants et qui plus est, pas avec lui. Entre 30 et 36 ans, je me suis éclatée. J’ai vécu une jeunesse que je n’avais peut-être pas eue. Pendant cette période j’ai également enfilé la casquette de belle-mère d’un petit garçon de 12 ans et j’ai adoré ça. Mais jamais je ne me suis dit « quel dommage que ce ne soit pas mon fils ». Ensuite j’ai rencontré mon second mari, qui lui, est totalement fermé à l’idée d’avoir des enfants. Je l’ai donc vu comme un signe du destin et c’est à ce moment-là que j’ai formellement décidé de ne pas en avoir. Est-ce que je me suis dit que j’allais regretter ? Pas vraiment. Est-ce que ça m’a rendue triste ? Certainement pas. À aucun moment je ne me lève le matin en me disant que ça me manque. Parfois je me dis égoïstement que c’est la merde parce que je vais finir toute seule dans une maison de repos. Mais mon entourage me rappelle que ce n’est pas parce qu’on a des enfants qu’on ne finit pas dans ce trou comme tout le monde !  Pour ça, mes proches sont géniaux. Ni mes amis ni ma famille ne m’ont jamais fait de remarque ou mis la pression. Et quand je me pose des questions, ils me rappellent toujours que mon quotidien est déjà tellement plein - entre mon amour pour mon boulot et ma vie sociale intense – que je ne saurai pas quoi faire d’un môme. Aujourd’hui sans enfants, j’ai toujours la possibilité de réinventer ma vie géographiquement, professionnellement et culturellement en permanence. Je décide et j’agis. Tout de suite ! »

propos recueillis par Eloïse Pirard

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