Marie, 43 ans, journaliste
« Au départ, je n’avais absolument pas décidé de ne pas avoir d’enfants. J’ai suivi le schéma classique : rencontre avec mon premier mari à 17 ans, mariée à 25 et essayer d’avoir des enfants vers 27 ans. Devenir mère n’était pas une pulsion vitale mais c’était dans la lignée. Mais très vite je me suis rendue compte que ça ne fonctionnait pas. J’ai un grave problème hormonal et j’ai donc commencé à faire des injections. Dès le début je ne le sentais pas, il y avait un truc pas normal là-dedans, ça me gênait… En plus ça ne s’est pas avéré concluant. On a donc commencé à me parler fécondation in vitro et j’ai tout de suite dit stop. Éthiquement ça n’était pas pour moi. Je me suis demandée ce que j’aurais fait à une époque où la science n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui. Je ne suis pas bio-gnangnan mais pourquoi toujours aller contre son corps et la nature ? Sur l’entre fait je me suis donc séparée de mon mari et me suis rendue compte que je n’avais pas vraiment envie d’avoir des enfants et qui plus est, pas avec lui. Entre 30 et 36 ans, je me suis éclatée. J’ai vécu une jeunesse que je n’avais peut-être pas eue. Pendant cette période j’ai également enfilé la casquette de belle-mère d’un petit garçon de 12 ans et j’ai adoré ça. Mais jamais je ne me suis dit « quel dommage que ce ne soit pas mon fils ». Ensuite j’ai rencontré mon second mari, qui lui, est totalement fermé à l’idée d’avoir des enfants. Je l’ai donc vu comme un signe du destin et c’est à ce moment-là que j’ai formellement décidé de ne pas en avoir. Est-ce que je me suis dit que j’allais regretter ? Pas vraiment. Est-ce que ça m’a rendue triste ? Certainement pas. À aucun moment je ne me lève le matin en me disant que ça me manque. Parfois je me dis égoïstement que c’est la merde parce que je vais finir toute seule dans une maison de repos. Mais mon entourage me rappelle que ce n’est pas parce qu’on a des enfants qu’on ne finit pas dans ce trou comme tout le monde ! Pour ça, mes proches sont géniaux. Ni mes amis ni ma famille ne m’ont jamais fait de remarque ou mis la pression. Et quand je me pose des questions, ils me rappellent toujours que mon quotidien est déjà tellement plein – entre mon amour pour mon boulot et ma vie sociale intense – que je ne saurai pas quoi faire d’un môme. Aujourd’hui sans enfants, j’ai toujours la possibilité de réinventer ma vie géographiquement, professionnellement et culturellement en permanence. Je décide et j’agis. Tout de suite ! »
propos recueillis par Eloïse Pirard
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