Alors que notre numéro d'août "Invasion Urbaine" est sorti en librairies, on se pose cette question fondamentale.
Flash-back. Années 80. Le streetwear débarque dans la mode. C’est un mélange de fringues décontractées tirées du vestiaire des skateboarders, des surfeurs et des rappeurs. Les catwalks brillent alors de mille feux, entre matières polyester satinées, imprimés pailletés et épaules gonflées. Mais la rue réclame plus de simplicité. Une communauté se développe et donne ses lettres de noblesse au skate, au graffiti et à une musique totalement inédite. Les sons qui résonnent dans les ghettoblasters sont ceux de Run-DMC. La marque iconique de cette époque mythique ? Stüssy ! Sous les buildings new-yorkais, une nouvelle vision stylistique est née. Le décor d’une révolution soft est posé. Et aujourd’hui ? Les marques de luxe occupent le terrain. La mode a glissé de la rue aux défilés, suivant son cycle naturel et retournant inévitablement à son terreau : le pavé. Les mecs « des banlieues » portent des sweatshirts à 980 € signés Gucci, les cadres sup’ des baskets Berlutti. Et, finalement, on s’en réjouit. « Je trouve ça cool qu’une communauté et un style considérés comme underground deviennent “ mainstream ” et soient adorés par les labels de luxe », nous confie la princesse du streetwear, Emily Oberg.
Mais si tout devient accessible et normé, alors à qui se vouer pour se démarquer ? À la nouvelle génération qui émerge, portée par toute sa créativité et par son leader : le Hollandais Rushemy Botter (à découvrir dans le magazine !) Le gang de la mode conceptuelle, du chic éthique et de la fluidité de genre est, lui aussi, né dans la rue. Une mode qui gratte sous la couche de bitume pour (re)créer du sens. Les nouveaux codes de la révolution soft ? Une prise de distance avec l’ego-trip et un focus sur le collectif. Le streetwear se réinvente.