Quand l’art féministe “sexporte”
Déborah De Robertis n’est pas la première performeuse à dénoncer l’”objetisation” de la femme, sa “marketisation” dont profitent, entre autres, les institutions. Qu’il s’agisse de la suffragette Mary Richardson qui lacéra la “Vénus allongée” de Velasquez en 1914 (pour protester contre l’emprisonnement de ses pairs) à la Suisse Milo Moiré (et ses street happenings où elle invitait les badauds à caresser son sexe et sa poitrine – une réflexion sur la question du consentement), nombreuses sont celles qui interrogent, par leurs opérations coup de poing, les rapports de force et de domination qui prévalent toujours dans notre société.
Lors de sa performance au Louvre face à la Joconde le 24 septembre 2016, Déborah De Robertis rendait ainsi hommage à Valie Export et à sa “perf’” “Genitalpanik” de 1969. Au cours de cette action dans un cinéma munichois, l’artiste autrichienne, pionnière de l’art médiatique, déambulait parmi les spectateurs dans un jean découpé à l’entrejambe laissant apparaître son pubis. Une façon de critiquer la passivité ambiante, et d’effectuer, comme Déborah De Robertis s’en inspirera, un “retournement de situation” salutaire. Et bim.