En un peu plus d’une année, Gaelle Garcia Diaz a su imposer sa chaine YouTube (940.000 abonnés à l’heure qu’il est) comme une référence WTF qui déchaîne les passions. Derrière les mots crus, quelle est sa mission ?

Gaelle Garcia Diaz ou Martine Au pays de la vulgarité ?

De loin, ça ressemble à une série de tuto make-up ou de conseils stylistiques malins. Mais ça, c’est de très loin. Parce que dès que l’on s’approche, c’est à un spectacle totalement défracté que l’on est invité à assister. Martine, l’alter ego vidéographique de Gaelle Garcia Diaz, y va de bon cœur à coups de grimaces à la Jimmy Labeeu (son mec, 1 680 000 abonnés sur YouTube), de propos crades mettant en doute la qualité de son hygiène intime et de punchlines décomplexantes pour vivre affirmée et en paix dans un monde qui fout le camp.

Dans son parcours, on coche les cases de présentatrice télé en Flandre (elle parle quatre langues), comédienne, candidate de téléréalité, joueuse de poker pro, mannequin, chanteuse (son clip, « Sale », compte 3,5 millions de vues) et business woman. Ce qui est invisible pour l’œil choqué : le gros Q.I. de cette fille qui défie les règles de la pudibonderie.

Martine est avant tout un personnage, mais qu’avez-vous en commun, elle et toi ?

Martine est l’incarnation de la femme des temps modernes, la salope contemporaine, borderline mais respectée de ceux qui ont compris que le XXIe siècle était celui de l’ouverture d’esprit. Martine, c’est vous, c’est moi, dès le moment où nous assumons notre image et notre féminité parfois poussées à l’extrême. J’ai en commun avec Martine ce côté « cash et trash » (…) Martine est une personne vraie et sincère intimement proche de ses fans, unis par les liens sacrés de la chatte.

Martine est-elle vulgaire ?

La vulgarité est un art. La frontière du pathétique est souvent très proche, il faut réussir à jongler entre sensualité et -spontanéité. Rester femme mais ne pas jouer le jeu de la pin-up fausse et -édulcorée. Martine tente de prouver qu’il est possible de -prononcer le mot « bite » toutes les 3 minutes sans pour autant incarner ce genre de fille suivie par les caméras de « Confessions intimes ». Si être vulgaire aujourd’hui, c’est afficher un corps assumé et un make-up travaillé, ne plus penser ses mots et les calculer, alors oui, putain, Martine est une bonne grosse vulgos.

En quoi Martine est-elle une (in)digne représentante de notre époque ? Qu’est-ce qu’elle révèle du monde dans lequel on vit ? Est-ce qu’elle dénonce quelque chose ?

Elle est l’écho de ces femmes qui crient mais qu’on n’entend pas. Pas de dramaturgie ou de grands messages féministes, non, mais juste le droit à la liberté « d’être ». Beaucoup se sentent obligées de jouer le jeu de la société, de suivre ses codes pour s’y intégrer. D’autres ont compris que l’avenir appartient à celles qui osent péter dans leur petit tailleur cintré. La femme d’aujourd’hui n’est pas forcément à la recherche de la vraie égalité des sexes, elle veut juste enfin pouvoir être elle-même, un poil anticonventionnelle. Je ne suis pas là pour être porteuse d’un message, mais si je peux aider au moins une seule fille à assumer sa vraie personnalité au travers de mes vidéos, j’en serai déjà très heureuse.

Martine déchaîne les passions jusqu’à devenir de la chair à canon pour haters. Selon toi, quelle est la balance entre le pourcentage de ceux qui te vénèrent et ceux qui te souhaitent de brûler en enfer ?

100-100. On part sur du 200 %, oui. Tout est extrême dans ce cas-là. Des gens peuvent aimer Martine puis la détester, la haïr puis -l’adorer. Il n’y a parfois pas de logique sentimentale dans leur manière de fonctionner. Le bon côté, c’est que c’est toujours pulsionnel et passionné (…) Internet est l’espace de jeu des sans-couilles qui soignent leur frustration à coups de mots violents et très souvent mal orthographiés. Comme tout le monde, au début, vous prenez tout ça au premier degré, puis vous comprenez vite qu’il vaut mieux en rire…

Quelle est ta relation au make-up ?

Le make-up, c’est mon quotidien, ma vie. Par romantisme, nous dirions qu’une femme reste belle au naturel, certes. Mais le make-up nous permet souvent de nous sentir mieux dans notre peau, d’affronter le monde le regard brillant et le teint chaud. C’est aussi tout un art et, une fois maîtrisé, le maquillage est une arme de destruction massive contre les visages ternes et les yeux fatigués. Je ne pouvais pas éprouver un tel amour pour tout ceci sans y mettre ma touche personnelle. J’ai du coup décidé de lancer ma propre marque,  Martine Cosmetics, qui incarne mon univers, développée par Azurtis, créateur de cosmétiques de luxe. Des produits qui me ressemblent, aussi bien respectueux de l’environnement que des visages sur lesquels ils seront appliqués. J’en suis très fière et j’ai hâte de les commercialiser.

Et nous, du coup, de nous tchouintiser !