Marie-France Vodikulwakidi a fondé Connect The Dots, une agence de communication d'un nouveau genre. Créer des liens pour découvrir de nouveaux horizons, c'est son fil rouge. On parle donc d'imaginer des projets créatifs et mettre en contact des gens d'univers différents. Autant dire que le réseau, c'est son rayon. Mais comment en est-elle arrivée là ?
Cette jeune entrepreneuse a accepté de nous raconter son parcours pour mieux appréhender la réalité belge. Un peu à Anvers, un peu à Bruxelles, un peu à l'étranger, c'est l'histoire d'un itinéraire particulier qui peut faire écho à votre histoire et vous aider à créer un réseau à Bruxelles.
1. L’expérience, c’est la base des contacts
Parce qu'il faut bien commencer quelque part. Définir sa voie en prenant connaissance du secteur dans lequel on désire évoluer, c'est sans doute la première chose à faire. "Je voulais être 'entertainer', mais mes parents m'ont poussé à faire des études plus académiques. Je me suis donc inscrite à une école de marketing: l’Ephec à Woluwé. Mon néerlandais n’était pas transcendant, j’ai donc fait un master en marketing international. Je me suis immergée dans des études anglais-néerlandais. Avant ça, j’avais fait un stage à Los Angeles pour un label d’Universal et j’y ai amélioré mon anglais. Quand on comprend une langue, on comprend mieux une culture. Une de mes premières expériences professionnelles c’était chez British American Tobacco, je m'occupais du marketing et de la communication en business to business. Ensuite, j’ai eu le boulot de mes rêves chez Redbull en 2008. En Flandre.
Ensuite, j’ai décidé de passer en indépendante et j’ai réalisé que je connaissais pas mal de personnes en Flandre et du côté francophone. Je savais rapidement vendre des choses et surtout, j’avais un ordi et un portable. Mes atouts (rires). Deux chemins se sont ouverts devant moi: Redbull m’a offert mon premier job d’indépendante (organisation d’un événement) et j’ai pris conscience rapidement (c'était en 2006) de l’importance des réseaux sociaux."
Les réseaux sociaux, la voie royale vers les entreprises individuelles et le développement d'idées, déjà à l'époque.
"En 2006, j’ai lancé The Real Deal, des soirées hip-hop, qui demandaient beaucoup d'organisation. C’était ma première expérience d’entrepreneuse avec mon pote DJ Psar. Je me suis fait énormément de contacts: une base de données, que j’ai commencé à vendre. C’était le début de la commercialisation des données. Je pouvais garantir d’amener une communauté de jeunes branchés à un événement. En Flandre, j’étais un peu la meuf qui connaîssait bien Bruxelles. En tant qu’indépendante, j’ai ensuite multiplié mes clients. Eva Balg m’a demandé de bosser avec elle pour sa marque Kid Vanilla et de créer un défilé pour sa marque. On a réussi à faire un super event avec zéro budget. On a eu du succès et c’est comme ça que j’ai eu mes premiers contacts avec la presse. Mon premier article dans le ELLE. Ça m’a carrément boostée !"
« Fake it till you make it » Il faut bien vendre ses compétences. Et parfois feindre la confiance en soi.
2. Exploiter les opportunités et sentir le moment venir
Une fois qu'on a un petit peu bossé, qu'on a voyagé et expérimenté, il ne faut rien lâcher. Surfer sur la vague et profiter du mouvement, c'est la garantie de pouvoir rencontrer les bonnes personnes au bon moment.
"Red Bull, Kid Vanilla et mon travail avec les médias m'ont rendue visible dans le radar d’autres marques. Je maîtrisais la Flandre grâce à Red Bull, mon réseau bruxellois grâce à De Real Deal, j’avais donc certains atouts. Je suis devenue « PR » (en charge des relations publiques - ndlr) pour N8N, ça se prononce Natan, comme le fils de Paul Ambach, une personnalité dans le monde de la musique belge. J’ai beaucoup appris et je me suis fait des contacts dans l’industrie musicale. J’ai rencontré Pascal Vandevelde de Greenhouse Talent et j’ai bossé pour lui. À cette époque, un de mes contacts a posté une annonce pour un job de présentatrice d’une émission sur MTV. J’ai été embauchée sur la chaîne. J’ai appris ce métier, à faire des interviews. J’ai fait ça pendant trois ans. En parallèle, j’ai postulé dans un bureau de presse. C'était le retour au travail de salariée. Bosser en équipe. Je devais faire en sorte que mes qualités soient démultipliées et rendre mes faiblesses acceptables. Une fois mes objectifs atteints, je se suis retournée à mon activité d’indépendante. Je suis encore restée six mois dans le bureau de presse pour terminer ce que j’avais commencé, ce qui m'a permis de rester en très bon contact avec eux. Ils m’envoient parfois des clients. Quand je suis partie, c’était en total freestyle. Un jour, j'ai proposé à Arno de .Albert : « Tu as une table ici, moi j’ai un réseau. Je relie les gens entre eux. Des gens qui devraient se connaître mais que ne se croisent pas forcément. Si on faisait quelque chose ? Et mon idée était lancée..."
"Si un truc ne marche pas, j’ai toujours des plans A,B,C pour composer. Il faut de la ressource. Mon expérience aux États-Unis m’a donné cette hargne très américaine : si tu veux un truc, tu l’obtiens. C’est vraiment la mentalité de là-bas."
3. Développer des idées et inventer des concepts
Pour alimenter son réseau, le faire évoluer, atteindre de nouveaux cercles, il faut innover et créer. Marie-France a imaginé un projet qui relie tout ça.
"En 2008, j’ai créé Connect The Dots, ma première compagnie. Elle part du principe que parler une langue te permet de te connecter, d’entrer dans de nouveaux cercles." Concrètement ? "L’idée, c'est de mettre ensemble des personnes d’univers très différents qui peuvent s’apporter des choses, sans se connaître. Il faut donc faire un chouette plan de table. Il faut que les gens ne se connaissent pas et que les personnalités 'matchent'. J’encourage d’ailleurs les gens à changer de place. Je dois veiller à ce que tout le monde parle à tout le monde, même les plus timides. J’en ai déjà fais six. J’aimerais que ce soit un rendez-vous bi-annuel. Chaque fois des tablées différentes entre 15 et 17 personnes." Des invités triés sur le volet... "Les gens que tu invites doivent avoir un certain poids dans leur réseau. C’est aussi une façon de rester « top of mind » dans la tête des gens, comme ça les gens se souviendront de leurs rencontres quand ils auront besoin de faire du business."
"Les mot-clés des Co-dots dinners ? Bienveillance et clairvoyance."
4. Fréquenter les lieux stratégiques et le faire savoir
Les espaces de co-working
Bien s'entourer pour travailler, c'est sans doute le moyen idéal pour se faire des contacts dans un secteur donné. Les espaces de co-workings sont donc particulièrement indiqués pour assumer cette fonction. On se fait aider, on y rend des services dans une ambiance bouillonnante d'idées... le vivier bruxellois des start-ups est incontournable !
"Depuis Janvier 2018, j’ai rejoint Creatis: le premier incubateur d'entreprises belges dédié aux industries culturelles et créatives, sur la place Royale. Les entreprises hébergées par Creatis sont triées sur le volet et complémentaires. Chaque entreprise a un coach, des pitches et appels à projets sont fréquemment proposés aux membres. C’est pas hyper drôle de bosser toute seule. Si tu travailles avec des gens motivés et qui ont des compétences qui peuvent t’aider, même s’ils ne font pas partie du même réseau, c'est génial. On se sent au bureau mais avec plein de fonctions différentes."
Les événements
"Je ne crois pas aux cercles, mais aux événements. Il y a quelques events sympas pour rencontrer du monde. Par exemple les FiftyFifty sessions organisées par Laetitia Van Hove et son équipe, celles-ci permettent de rencontrer la populace cool et fan de musique. Généralement un artiste local et international se produisent lors de ces session. Je finis toujours par engager la conversation avec des gens que je ne connais pas ou peu. Si ce sont des events privés, il faut y aller pour se connecter. Il y a peut-être des gens de votre entourage qui ont des entrées. Le Jalousy, ce speak-easy bar de Bruxelles où on rencontre des stars, des gens du divertissement, de la mode, des créatifs. Ils ont tous en commun un mot de passe et peuvent passer une soirée là-bas. J’aime le côté anonyme de cet endroit !"
Les lieux 'feel good'
Mais il ne faut pas forcément être invité, avoir un mot-de-passe ou payer un fee pour avoir accès à des lieux qui connectent. Un bar bondé, une librairie animée, un café avec Wi-Fi, il n'en faut pas plus pour échanger des idées.
"J’adore aller chez Filigranes parce qu'on écoute des gens, là-bas. J’ai vu Grace Jones chez eux. Il y a des conférenciers. Tous les matins, je passe par le Jat café, l'accueil y est chaleureux avec une belle lumière, on est au centre de Bruxelles. On y croise beaucoup de créatifs accrochés à leur ordi. J’aime aussi le Belga, c'est un grand classique. On y entend 25 langues différentes et les serveurs sont hot.
Les concerts
"Je passe ma vie dans les concerts, les festivals, tout ce qui a un rapport avec la musique, j’y vais pour voir ce qu’il s'y passe. À partir du moment où je peux ressentir des frissons sur une musique, je vais vouloir en savoir plus. Et je rencontre des gens du milieu musical."
5. Les mentors qui partagent leurs réseaux
Lorsqu'une personne vous prend sous son aile pour transmettre son expérience, elle va souvent bien au-delà du simple conseil. Le mentoring trace des routes et c'est aussi l'occasion d'avoir accès à un sacré carnet d'adresses.
"Mon mentor, ça a été Gert Kerkstoel. Il travaille pour une société d’investissement qui s’appelle Gimv, il suit des entreprises et investit. Partenaire du bureau de presse Oona pour lequel j’ai travaillé et investisseur de la boutique Avenue à Anvers, il a bossé pour Nike pendant plus d’une dizaine d'années. Il m'a beaucoup aidée. Une autre personne inspirante dans mon parcours, c'est Jeremy Fossy, Dj Psar, un homme très créatif. C’est avec lui que j’ai inventé le nom de mon entreprise. Connect the Dots."
Si, comme Marie-France, vous débordez d'énergie, d'ambition et de passion, vous savez ce qu'il vous reste à faire... vous connecter !