Le 11 février 2012, Whitney Houston était retrouvée noyée dans la baignoire de sa suite à l’Hilton de Beverly Hills. Cause du décès : overdose de cocaïne. Six ans et demi plus tard, “Whitney”, le docu de Kevin Macdonald, revient sur la vie et la carrière de la star aux 200 millions de disques vendus. Et sur ses failles et ses fractures existentielles… Qui l’auront menée à cette mort certaine.

“Le diable a parfois essayé de m’attraper”. Il aura finalement réussi, après l’avoir accompagnée plusieurs années dans une descente aux enfers assez vertigineuse. Whitney Houston aura pourtant connu le rêve américain à une échelle stratosphérique. Pour rappel elle est l’une des artistes qui a vendu le plus de disques dans l’Histoire (elle est 13e, juste après Céline Dion), ne serait-ce qu’avec la B.O. de “The Bodyguard“, qui s’est écoulée à 42 millions d’exemplaires (le 6e disque le plus vendu de tous les temps). Il y a d’autres records comme ça, mais arrêtons-nous là et reprenons depuis le début : Whitney Houston naît en 1963 dans le New Jersey, grandit dans le ghetto mais pas dans la rue, au sein d’une famille heureuse et bien lotie. Maman (Cissy) est choriste pour Aretha, Otis, Elvis et même Jimi Hendrix (son trio vocal se nomme Sweet Inspirations), papa bosse pour la ville, dans l’immobilier… Et sa cousine n’est autre que Dionne Warwick : autant dire que le chemin était déjà pas mal pavé pour la petite Whitney. Sa carrière débute en gros en 1983, quand elle passe au Merv Griffin Show (le Jimmy Fallon de l’époque). Très vite, les choses s’emballent.

https://youtu.be/Dw2hjXDCM6k

En 1985, ses covers de “Saving All My Love for You” (un tube mineur 70’s) et de “Greatest Love of All” (George Benson) cartonnent. Elles figurent sur son premier album, “Whitney Houston”, qui sort le jour de la Saint-Valentin. Whitney est propulsée au rang de star à seulement 22 ans, puis ça devient carrément le délire avec l’album suivant, “Whitney“, qui sort en 1987. Il s’en vend 20 millions à travers le monde. Avec sa pléthore d’hymnes soul-pop qui passent en boucle sur les ondes, Whitney casse un nouveau record : celui d’avoir placé 7 chansons en pole position des hits-parades. D’affilée. Oké.

Le docu revient évidemment sur cette décennie de succès intersidéral, qui s’achève en 1992 avec “The Bodyguard” et son tube “I Will Always Love You“. Des gens ont intenté des procès à leurs voisins qui écoutaient trop “I Will Always Love You”. En 2002 Saddam Hussein utilisa la chanson (enfin une version irakienne commandée pour l’occasion) lors de sa campagne présidentielle (100% des suffrages). On ne va pas non plus énumérer les records battus par cette chanson, sans aucun doute l’une des scies les plus célèbres de la pop music. C’est bien simple : à moins de vivre dans une grotte ou sur Mars, personne à l’époque n’y a réchappé.

Fort heureusement, le docu n’en remet pas une couche et s’attarde plutôt sur d’autres performances (comme celle du Super Bowl en 1991, où la star interprète l’hymne national avec une retenue exemplaire – on est alors en pleine Guerre du Golfe). Puis vient le moment que tous les fans attendent : le mariage. Avec Bobby Brown. Le 18 juillet 1992. Ils resteront étonnamment 15 ans ensemble, malgré la débandade. Et c’est là que le film devient fascinant : quand le conte de fées se transforme en cauchemar, que “Monsieur Houston” devient hyper jaloux de la renommée de sa femme, qu’ils commencent à sérieusement se camer pour un oui ou pour un non. Où l’on apprend finalement que le “diable” qui tentait de l’attraper dans son sommeil n’était autre que sa cousine Dee Dee, la soeur de Dionne, qui l’aurait abusée dans son enfance. Sale histoire.

Les années 2000 voient une Whitney hagarde, sans cesse défoncée, qui tente vainement de revenir à l’avant-plan alors qu’elle est devenu une vraie zombie. C’est triste à voir, surtout cette fameuse interview donnée à la télé (en intégralité ici) en 2002, où la star déchue essaie de s’amender de ses addictions en enchaînant les maladresses (“Non mais je prends pas de crack moi j’ai trop d’argent pour ça”). Incapable de s’occuper de sa fille Kristina (alcoolique dès l’adolescence), en proie à ses démons qui se nomment Dee Dee et compagnie (c’est son frère qui l’introduisit à la cocaïne à l’âge de 16 ans… pour son anniversaire), Whitney décide pourtant de remonter sur scène en 2009, pour le pognon. C’est la cata et ça fait mal au coeur (et aux oreilles). La suite on la connaît…

Par ses images d’archives exceptionnelles et ses interviews inédites de tous ceux qui ont peuplé sa vie (de Cissy à Bobby), “Whitney” est un docu qui impressionne, de la trempe d’un “Amy” ou d’un “Montage of Heck“. On en sort chamboulé.e, mais sans pour autant perdre de vue l’essentiel : Whitney était une grande artiste, et l’une des voix les plus puissantes de l’histoire de la pop music. Pour toujours.

“Whitney” de Kevin Macdonald, en salles dès ce mercredi 5 septembre

D’AUTRES ARTICLES : 

Lady Gaga va se faire Las Vegas

Les 60 ans de Michael Jackson

Les meilleurs festivals de la rentrée