Plutôt que de continuer à se demander inlassablement pourquoi les femmes sont absentes, une série d’assoc’ organisent d’ailleurs des actions concrètes. C’est le cas de Women in Tech qui relance en septembre son « Women Code festival », une semaine pour initier les filles au code, ou encore de Women in AI. Le réseau français de femmes badass, expertes en intelligence artificielle, va d’ailleurs avoir sa version belge à la rentrée. L’ambassadrice s’appelle Ségolène Martin et elle est la CEO de Kantify, une start-up bruxelloise spécialisée dans l’IA. « La communauté Women in AI est composée de femmes actives dans l’intelligence artificielle ou qui aimeraient le devenir. On montre l’expertise de nos membres, on s’échange nos expériences et on essaie d’attirer d’autres filles. La plupart des gens sont surpris lorsqu’ils me rencontrent parce que je suis une femme. On m’a déjà fait sentir que je n’étais pas à ma place et j’ai eu droit à des comportements sexistes. Mais la meilleure réponse, c’est de continuer à faire ce que l’on aime et de prouver que l’on est aussi performante que les hommes ».
Et vu l’importance que va prendre l’intelligence artificielle dans le futur, les femmes auraient tort de ne pas se lancer.
Tous les experts le disent : le secteur est ultra porteur, les opportunités sont multiples et tout bouge très vite. D’après CB Insight, les investissements chinois dans l’intelligence artificielle ont augmenté de 141% entre 2016 et 2017 et le cabinet Tractica estime que les revenus globaux liés à l’IA s’élèveront à 90 milliards de dollars en 2025. Dollar dollar bill y’all ! « Un nouveau monde est en train de se créer avec l’intelligence artificielle et c’est un moment incroyable pour les femmes », affirme Loubna Azghoud. « On n’a pas vécu de période comme celle-ci depuis la troisième révolution industrielle et on dit souvent que la révolution liée à l’IA sera encore plus importante que toutes les autres. Les filles doivent y prendre part. La société va changer, le marché de l’emploi va se transformer, il faut qu’elles saisissent cette opportunité. Oui, l’intelligence artificielle risque de renforcer le monde patriarcal dans lequel on vit mais le contraire pourrait aussi se produire. C’est l’occasion de rééquilibrer certaines inégalités. »
« On observe souvent que les étudiantes sont plus intéressées par le but de leurs démarches que par les moyens qu’elles utilisent », ajoute la codeuse Aurélie Jean. « Du coup, on commence déjà à voir une augmentation d’inscriptions de filles dans les filières scientifiques aux Etats-Unis parce qu’elles veulent avoir un impact sur le monde et elles se rendent compte que l’IA leur permet d’atteindre ce but ». Si on parle souvent des robots qui vont nous voler nos jobs, on oublie souvent de mentionner la contrepartie. Certains métiers vont disparaître mais d’autres vont évidemment émerger. La Commission européenne estime que le secteur de la tech créera 500 000 nouveaux emplois d’ici 2020. Et les femmes ont un sacré avantage pour que leur CV soit repéré: leurs « soft skills ». Traduisez : leurs qualités humaines et relationnelles. Des compétences dont les machines ne sont pas dotées et qui seront donc de plus en plus recherchées dans le monde du travail. Y compris tout en haut de la hiérarchie.
Un exemple ? En juin dernier, une intelligence artificielle s’est montrée meilleure qu’une équipe de médecins pour détecter un cancer de la peau. Alors que les spécialistes ont correctement identifié 86% des mélanomes qui leur étaient présentés en photo, la machine a atteint un score de 95%. Mais on n’est encore très loin du moment où c’est elle qui ira annoncer le résultat au patient… Alors oui, les mecs aussi peuvent être sensibles mais, sans faire de généralités, les soft skills sont plus fréquemment associées aux filles. On l’a compris, c’est le moment ou jamais pour que les femmes éclatent le plafond de verre. Formez-vous, lancez-vous, le futur est à vous.