Parmi les titres de son premier album tant attendu, on en a retenu cinq autour desquels papoter, histoire de sentir l’échantillon et d’aborder ses sources d’inspiration…
Ce n’est pas du brol, non, ce n’est pas vrai. Dans l’album de la petite fille en cover qui sourit, il n’y a que des histoires d’aujourd’hui. Presque une cartographie. Celle d’une génération biberonnée aux follows-unfollows et au miroir des réseaux. Un peu hip-hop, un peu pop. La photo d’une génération qui partage ce qu’elle vit avant de l’avoir compris. Un instantané plein de finesse, de vrai, de frais. Comme un journal intime, mais la fixette sur le nombril en moins et le partage du moment en plus. Car Angèle, c’est une vraie musicienne qui compose, écrit, met d’elle. Tellement d’elle.
« Cet album, il est encore très personnel. Quand il sera sorti, je devrai accepter que les gens connaissent les chansons. J’ai envie qu’elles n’appartiennent qu’à moi seule pour toujours et en même temps, je suis impatiente de les partager avec tout le monde. C’est un vrai paradoxe... »
Après le carton du single « La loi de Murphy », elle avait le choix : y aller tout doux ou foncer dans le tas. Elle a fait tout ça : « C’est vrai que je ressentais une forme de pression pour sortir quelque chose. J’aurais pu faire un EP (4 titres, NDLR), mais j’avais envie d’écrire plein de chansons. C’est une chance totalement inattendue de rencontrer un public qui s’intéresse à ce que je fais. Je ne voulais pas passer à côté de ça… »
« La Thune »
C’est une chanson que j’ai écrite très très vite. J’ai eu l’idée de la première phrase : « Tout le monde il veut seulement la thune » à la suite d’une discussion que j’avais avec mon amoureux (le danseur Léo Walk, NDLR) à propos des réseaux sociaux. La thune, ça parle notamment d’Instagram, de tout ce business-là. On me sollicite beaucoup pour des placements de produits, des collaborations qui ne collent pas souvent avec mes envies ou mes valeurs. J’ai pas mal de followers, je pourrais gagner ma vie avec ça, mais non, je ne veux pas…
« Flou »
Quand je l’ai écrite, j’ai senti une inquiétude chez mes proches. Ils avaient l’air de découvrir qu’il y avait aussi chez moi de l’angoisse face à tout se qui se passe. Ils avaient peur que la chanson soit mal comprise, qu’on pense que c’est un caprice de princesse qui se plaint de ce qui lui tombe dessus. « Tu te prends pour la reine du monde ? » Mais non ! C’est juste que tout est devenu tellement fou que je voyais parfois flou. Musicalement, cette chanson, c’est la fête. Elle donne envie de danser, elle représente tout ce que j’aime quand je fais de la musique. Mais elle raconte aussi comment ma vie a changé du jour au lendemain. Elle continue, mais je ne peux pas trop me poser pour la vivre. Je dois toujours être bien, en forme, polie. C’est quelque chose que je ne savais pas. Pas à ce point-là.
« Balance ton quoi »
C’est une chanson contre le sexisme et elle s’adresse à tout le monde. Ça peut concerner tes parents, ton rappeur préféré ou ton prof de maths. Dès les premiers couplets, c’est vrai que j’amorce le truc en parlant du milieu du rap (quelle connaît bien, puisque – pour qui vivrait dans une autre galaxie – son frère, c’est Roméo Elvis… NDLR), mais ça ne s’adresse pas à eux. Pas seulement. En travaillant notamment avec Damso (dont elle a fait les première parties, NDLR), j’ai fait la petite souris dans ce milieu réputé très macho. Ça m’a donné une tout autre vision de la chose. Je n’ai jamais été confrontée directement au sexisme, mais je l’ai été dans plein d’autres secteurs, parfois de la part de femmes. Tout n’est pas noir ou blanc, même sur cette question-là. Pourquoi est-ce qu’ils ont besoin de parler comme ça des meufs dans leurs chansons ? Il faut pouvoir en parler avec eux. Moi, dans la manière de concevoir ma musique, j’ai envie de véhiculer de beaux messages. C’est pour ça que j’ai autocensuré le terme « enc***er » dans cette chanson. Ce n’est pas pour autant que c’est mal de le dire, mais moi, je n’ai pas envie de chanter ça devant mes parents, ma famille. Mon public, il est différent de celui des rappeurs, je n’ai pas envie de jouer avec ça.
« La Jalousie »
La jalousie, c’est une maladie de l’amour. C’est comme attraper un rhume : parfois, il y a une raison, c’est parce que tu as pris froid, mais parfois pas. Tu attrapes juste un rhume comme ça. La jalousie, c’est pareil. Quand je suis jalouse, c’est déraisonnable. C’est un petit diable en moi qui me dit des choses comme « va regarder ses photos »... Malheureusement, les réseaux sociaux n’aident pas à apaiser ça. Ça nourrit la jalousie, quelle qu’elle soit. Ça parle de ça…
« Nombreux »
C’est une chanson pour lui. Il n’y a que mes proches qui peuvent comprendre pourquoi ça s’adresse à lui. J’ai beaucoup hésité à la jouer. Mais une chanson d’amour, c’est surtout beau quand les gens peuvent s’identifier. C’est le cas ici : elle peut parler à tous les amoureux.