Isabelle de Borchgrave, ce n’est pas qu’un nom (et une “patte”) associé au plissé, aux robes de papier et au design de grandes marques. C’est tout d’abord un oeil, qui s’accroche aux couleurs et vénère la nature. On l’a rencontrée dans son atelier pour évoquer sa nouvelle série, “Africa Inside Me”. Où il est question de liberté, de joie et de regain d’enfance.
“C’est une Afrique intérieure qu’Isabelle de Borchgrave a imaginée dans sa nouvelle création par ses multiples visions, en réinventant un contient par son style et son esthétique” (Patrick Amine, l’ami critique d’art). Pour sa nouvelle série de tableaux exposés dans sa propre galerie/atelier (et maison) bruxelloise, l’artiste (peintre, plisseuse, designeuse) Isabelle de Borchgrave s’inspire du continent et de l’art africains pour créer un univers imaginaire chatoyant, entre l’onirisme de scènes de safari mentales et l’abstraction d’un Picasso qui aurait peint ses Demoiselles à Matonge. Ces nouvelles oeuvres réalisées sur du papier plissé (ou lisse) mixent les couleurs, les formes et les traditions d’une Afrique que l’artiste ne connaît qu’en images, mais qu’elle fantasme depuis longtemps, d’où ce titre, “inside me” : c’est sa vision d’un territoire à travers le prisme de l’art, le sien. Et il fascine toujours, depuis quatre décennies. On a voulu en savoir plus en sa joyeuse compagnie.
À propos de l’Afrique
“Je n’ai encore jamais été en Afrique mais en Belgique on entretient une relation forte avec ce continent, depuis longtemps… Il y a bien sûr le Musée d’Afrique centrale (réouverture le 9 décembre, ndlr), les collectionneurs et les antiquaires, Matongé,… Et quand on est peintre notre oeil est attiré par tout ça : il suffit d’un bout de tissu, d’un objet, d’une photo et ça démarre ! L’Afrique qui est en moi c’est celle qui vient de mes lectures, d’un film, d’une odeur, d’un wax (= le tissu africain) aperçu dans la rue,… C’est ça selon moi être artiste (ou plutôt “artisan”, c’est moins pompeux)… C’est une chasse aux couleurs et aux formes. Je regarde et j’attrape, je prends un bout de ce que je vois et j’en fais quelque chose.”
Ce qu’elle préfère
“Peindre ! Sortir la couleur et trouver les accords, c’est super excitant ! Il n’y a rien qui m’amuse plus que ça : jouer avec tous ces tons et raconter une histoire qui n’appartient qu’à vous… En fait ce que je préfère c’est dessiner au pinceau, parce que c’est le moment où on est le plus libre… Au fond ce qu’on recherche toute notre vie, c’est de redevenir un enfant… Mais il y a trop de choses qui nous en empêchent ! On est censé plaire et se prendre toujours au sérieux, alors qu’un enfant il s’en fout.”
Ce qui l’inspire
“Tout ! Et surtout la nature : tous les dessins sont là. Si vous prenez un morceau de branche, au lieu que ce soit vert et noir vous la faites jaune et rouge et c’est complètement différent. Il faut rester dans la simplicité… Et la joie ! Ça fait tellement du bien de peindre… Sinon l’artiste qui m’inspire le plus c’est Matisse… J’aurais adoré le connaître ! Voilà quelqu’un qui a su rester enfant. Matisse, c’est la liberté !”
Et le marché de l’art ?
“Il y a une telle relation entre l’art et l’argent que c’est difficile pour moi d’en parler parce que ça me rend malade ! L’argent fout tout en l’air. Au lieu de mettre de l’argent à la banque les gens mettent des tableaux dans leur cave – et ils les regardent même pas ! Toute cette spéculation ça me fait pas vivre ! Moi j’espère juste que quelqu’un regarde un de mes tableaux et se dise « Avec celui-là j’ai envie de vivre », c’est tout !”
Où ? Chaussée de Vleurgat 73a, 1050 Bruxelles
Quand ? Jusqu’au 20 décembre 2018
Plus d’infos ? Isabelle de Borchgrave