Etre un mec, avec toutes les attentes qui pèsent sur la nouvelle génération, est-ce toujours enviable ? Retour sur des clichés mis à mâles.

La séduction

Le poncif : Je pourrais draguer toute la journée

C’est bien connu, les hommes sont des chasseurs. Du moins, ils l’étaient. Aujourd’hui, on est déjà contentes quand ils ramassent ce qu’on leur jette sous le nez.

Si j’étais un homme : J’aurais trop peur de me faire hastengueuler au premier regard

Pour les millenials et leurs aînés, l’épée de #damoclès #balancetoutelaferme plane, à juste titre, très près de la braguette. En conséquence de quoi, choper, ça demande du doigté : être sûr de bien se faire comprendre, sans induire la moindre pression. Il faudrait apprendre à la jouer subtile, ouvrir les possibilités, et laisser venir. Pratiquer le jeu des essuie-glaces. Autrement dit, faire la fille des années 60. Dans la nouvelle ère post-Weinstein, être un homme, ça demande du flegme. Et de la flemme.

La réalité d’un mec, un vrai : Philippe, 47 ans : « Les femmes ne sont pas si effarouchées qu’on le pense. On peut évidemment encore draguer ouvertement, tout simplement parce que plein de filles sont elles-mêmes demandeuses. Si on est pas trop lourd, les femmes adorent qu’on s’intéresse à elles. »

 

La bouffe

Le poncif : Je pourrais manger comme trois dockers sans prendre un gramme, et même si j’avais des poignées d’amour, les filles trouveraient ça craquant

Si j’étais un homme : Je me ferais des soupes de légumes oubliés (mais pas au fond du frigo), je ferais du sport tout le temps et je m’épilerais le torse

Pesant dans les 80kg pour 1h85, je serais euphorique : ça représente une immense marge sur les bretzels trempés dans du chocolat, ce qui est appréciable. Je jouirais de mon métabolisme hautement consommateur de calories, en m’enfilant des frites passées trois fois à la graisse de cheval. Alors je commencerais à avoir de jolies fesses joufflues, mes pectoraux pousseraient sous l’effet des oestrogènes boostées par le sucre, et paf, je serais de retour à la case départ.

La réalité d’un mec, un vrai : Simon, 33 ans : « Les mecs font tous attention à leur ligne ! Et parfois on craque, comme les filles. Notre rapport à l’alimentation est devenu le même : on se pâme devant un pain frais cuit au four, mais on fait attention au beurre qu’on tartine dessus. »

Les fringues

Le poncif : Je ne me prendrais pas la tête pour m’habiller chaque matin

Si j’étais un homme : Je tendrais le bras vers l’un de mes deux seuls pantalons, puis je reniflerais mes quatre T-shirts pour en trouver un de propre.

Mais en vrai, j’aurais autant envie qu’une femme de me mettre en valeur tout en étant à l’aise, sauf que le choix serait nettement plus restreint. Sans parler des canaux d’infos. Dans ELLE, on nous parle de mode féminine, mais dans LUI, pas de mode masculine. Une injustice de plus faite aux garçons. Du coup, je finirais par lire des articles sur l’unisexe, et par m’habiller en fille qui s’habille en garçon. La boucle serait bouclée, et ma ceinture en cuir rose aussi.

La réalité d’un mec, un vrai : Gautier, 42 ans : « Les options étant limitées quand on ne veut pas passer ni pour une gravure de mode, ni pour un artiste de cabaret, il faut développer son œil pour les belles pièces aux coupes soignées, et surtout, rester à l’écoute de l’avis de l’entourage. Le j’m’en-foutisme vestimentaire, c’est fini. On a compris les codes ».

GPS

Le poncif : Les hommes ont un sens inné du repérage dans l’espace. C’est génétique.

Si j’étais un homme : Je saurais d’instinct comment sortir d’un quartier de bureau désert la nuit, sans signalisation, et sous la pluie.

La vérité, c’est que je saurais surtout que la raison pour laquelle les mecs ne demandent jamais leur chemin n’est pas qu’ils le connaissent, mais qu’ils crèveraient le De Rouck grand ouvert plutôt que de baisser la vitre quand ils n’ont pas la queue d’une idée d’où ils se trouvent. Comme chez mes congénères masculins, ma dignité se nicherait dans la certitude qu’il faut tourner à gauche après le night shop en travaux, et que Waze n’est qu’une fumisterie orchestrée par le lobby des bigleux pressés.

La réalité d’un mec, un vrai : Tom, 59 ans : « J’ai un sens de l’orientation infaillible. Me donner des conseils concernant l’itinéraire ou l’entretien de ma voiture peut être cause de grosse discorde. Même et surtout si j’ai tort. »

 

 

L’ambition

Le poncif : Je serais mieux payé

Si j’étais un homme : Ce serait vrai (on rit moins, tout de suite)

Je pourrais étaler mes ambitions partout sans qu’on me demande tout de suite comment je compte m’occuper de ma famille. Je prendrais l’air pénétré toute la journée en bougeant des dossiers sur mon bureau, et personne ne viendrait m’interrompre pour que je règle un autre cas urgent en même temps. Ma concentration serait sacrée. Je dirais que je bosse de la maison le vendredi mais en réalité, je me ferais des marathons Netflix sans culpabiliser (toute la nuance genrée est là). Quand j’aurais une promotion, je ne ressentirais pas ce diffus sentiment d’usurpation. Je serai monotâche donc détendu, légitime quoi que je fasse, et admiré pour mon impassibilité. Je serais un chat.

La réalité d’un mec, un vrai : Pierre-Emmanuel, 35 ans : « Je n’ai pas de problème à accomplir des tâches subalternes, du moment que ça fait avancer le boulot. Mais ça fiche un coup à ma séduction, indéniablement… »

Le Zizi

Le poncif : Ce serait mon meilleur ami, mon Graal immérité, mon guide spirituel, mon principal divertissement, mon maître.

Si j’étais un homme : Il serait tout ça, et pire encore. J’en ferais un personnage de série. Je lui parlerais. Je le ferais assurer.

Je boirais des litres d’eau juste pour le plaisir de ne pas devoir chercher désespérément des toilettes libres et propres toutes les cinq minutes, et pour pouvoir arroser les arbres en hauteur, ou écrire des gros mots dans la neige. Je m’amuserais à le faire bouger tout seul pour passer le temps, de gauche à droite et de bas en haut, je lui mettrais des fausses moustaches et des lunettes, et j’enverrais sa photo à des copines pour rigoler. Enfin, je comprendrais la véritable signification d’avoir « la situation bien en main ».

La réalité d’un mec, un vrai : Clovis, 23 ans : « C’est génial d’avoir un zizi. C’est un rapport fusionnel, un amour complet. J’adore aller à la campagne, rien que pour pouvoir faire pipi où je veux, quand je veux. »

 

Illustrations : Marie Morelle