Pumpkin et Blanket, les deux chats grassouillets de Grace Coddington, occupent un rôle de premier plan dans la toute nouvelle capsule que cette icône de la mode et
ex-directrice artistique du « Vogue US » a créée pour Louis Vuitton.

Après avoir vu défiler le gratin d’Hollywood deux semaines plus tôt, Cannes et ses environs ont accueilli fin mai les grosses pointures de la presse fashion internationale. C’est à proximité du village perché de Saint-Paul de Vence, situé à une heure de route de la Croisette, que Louis Vuitton a dévoilé sa collection « Croisière » en présence de journalistes mode venus des quatre coins du monde.

Pour succéder au Musée Miho de Kyoto (Japon) et au Musée d’art contemporain de Niterói (Brésil), œuvre de l’architecte Oscar Niemeyer, Nicolas Ghesquière, le directeur artistique de la prestigieuse maison française, a déniché un nouvel écrin d’exception. En plus d’être un bijou architectural, la Fondation Maeght abrite dans ses murs et son jardin des œuvres d’art impressionnantes. Comme « L’Homme qui marche » emblématique de l’artiste suisse Alberto Giacometti dans la cour qui porte son nom. Le jardin des sculptures et les terrasses sont peuplés d’œuvres encore plus connues, notamment d’Alexander Calder et de Joan Miró. C’est ce dernier qui a inspiré les volumes, motifs et couleurs des robes, chemises et blazers de la collection Croisière de Louis Vuitton. Clou du spectacle, les mannequins ont défilé dans le fameux Labyrinthe Miró, tout en se frayant un passage entre les sculptures abstraites du maître espagnol. Une collection tournée vers le futur et teintée d’éléments culturels et architecturaux : la signature de Nicolas Ghesquière dans toute sa splendeur.

grace coddington

Le labyrinthe de Miro

Miaou

Cet hiver, la maison de luxe française lance en outre une collection capsule en collaboration avec Grace Coddington. Après une carrière de près de 30 ans chez « Vogue US », cette directrice artistique iconique d’origine britannique souhaitait élargir son horizon et développer de nouveaux projets en tant que freelance. C’est ainsi qu’elle créait, en 2016, le parfum Grace by Grace Coddington pour le label Comme des Garçons. Une fragrance aux notes florales dans un flacon en forme de chat. Trois ans plus tard, elle publiait, avec son compagnon Didier Malidge, « The Catwalk Cats », un ouvrage rassemblant des illustrations et des photos de leur vie à New York, parmi leurs nombreux chats.

Son amitié avec Nicolas Ghesquière ne date pas d’hier. Tous deux vouent le même amour aux animaux avec une préférence pour les chats. Pumpkin et Blanket, ses félins bien-aimés, lui ont servi de modèles pour dessiner les motifs de cette collection capsule pour Louis Vuitton. On les retrouve ainsi sur des robes et des sacs à main, mais aussi des porte-clés et des trousses.

Première question : d’où vient cette passion pour les chats ?

Certains sont fous des chiens et d’autres, comme moi, des chats. Je me méfie des gens qui n’aiment pas les animaux, qu’il s’agisse de chats, de chiens, de chevaux ou de cochons d’Inde. Et je trouve inadmissible de mettre des oiseaux en cage alors qu’ils sont faits pour vivre en liberté.

Vous avez des chats depuis très longtemps. Vous vous souvenez de chacun d’eux ?

Mes premiers chats s’appelaient Brian et Stanley, et les suivants Maureen et Doreen. Et puis il y a eu Coco, Henri et Baby avant Puff et Bart, qui ont précédé Pumpkin et Blanket. J’ai toujours préféré les gros matous affectueux aux minets maigres avec leur museau pointu. J’ai un faible pour les chats aux poils épais et duveteux. Avant, j’allais souvent au Cat Show du Madison Square Garden. C’est là que j’ai rencontré la propriétaire de trois petits chatons, dont l’un est devenu mon Pumpkin. Quelques mois plus tard, c’est chez elle aussi que j’ai craqué pour Blanket.

Pouvez-vous nous en dire plus sur « The Catwalk Cats » ?

Cela fait pas mal de temps que je dessine des chats. Rien de plus logique donc qu’on les retrouve dans ce livre. Alors que Baby et Henri étaient dodus, Coco restait plus menu, ce qui lui a valu son surnom de « Coco, The Fashion Cat ». Chacun des trois avait son caractère, que j’ai essayé de reproduire dans mes illustrations.

Comment est née cette collaboration avec Nicolas Ghesquière ?

Cette collab’ ne concerne pas que Nicolas et moi. Les animaux y ont aussi leur place. Nous avons apprécié de travailler ensemble parce qu’en dehors de l’univers de la mode, nous partageons le même amour pour les animaux. Cela faisait au moins trois ans que nous avions envie de collaborer, mais ce projet n’a pu aboutir qu’après mon départ de chez « Vogue » et sous mon statut de freelance. Évidemment, nous avons dès le début impliqué les chats dans cette aventure, mais je tenais absolument à ce que son chien, Léon, soit également de la partie. Quand j’ai fait sa connaissance, Léon n’était encore qu’un chiot qui, dans sa fougue, renversait tout sur son passage avec sa queue. Le dessiner n’était pas une mince affaire à cause de son pelage noir qui se fond dans le célèbre monogramme Louis Vuitton. Nous avons donc décidé de lui donner de la brillance pour créer le contraste avec le ton mat du sac. Lorsqu’ils sont encore petits, les chiens ressemblent plus à des chats, d’où mon choix de dessiner Léon comme un chiot.

Vous avez rencontré d’autres obstacles dans la conception
et la production ?

Non, aucun. Louis Vuitton dispose d’ateliers grandioses qui laissent à penser que tout est possible. Je redoutais un peu que ces professionnels expérimentés n’adhèrent pas à mes suggestions, mais ils se sont montrés très enthousiastes. Ça a été une expérience formidable.

Quelle est votre pièce préférée ?

Une couverture (« blanket » en anglais) avec un imprimé inspiré de mon chat Blanket. J’y tenais et je suis ravie du résultat.

grace coddington

Comment s’est passée cette collaboration chez Louis Vuitton ?

C’est génial que Louis Vuitton réalise de telles capsules. Son équipe fait preuve d’un sens de l’humour décalé, qui est essentiel selon moi. Je n’arrêtais pas de me demander de quoi j’aurais envie si j’étais une cliente. Réponse : un parapluie pour les jours où il fait un temps de chien et il n’y a pas un chat dehors, une valisette souple avec différentes trousses pour ranger des crayons, des pinceaux, des documents ou encore des accessoires pour le pique-nique comme une nappe et des sièges. Sans oublier un pyjama pour pouvoir traîner confortablement à la maison.

Comment décririez-vous le travail de Nicolas Ghesquière ?

Il ne suit pas les tendances, il les crée. Il ne craint pas de remettre en question des valeurs établies et se montre toujours convaincant. Née chez Balenciaga et pleinement aboutie ces dernières années, sa représentation de la femme est unique en son genre. Il suffit d’observer qui occupe le premier rang de ses défilés : exit les célébrités trop maquillées qui sont payées des mille et des mille pour se trouver en « front row ». Au Met Gala qui a eu lieu un peu plus tôt cette année, les femmes en Louis Vuitton ont marqué les esprits par leur élégance et leur originalité. J’aurais aimé être de la fête…

La capsule est en vente dès maintenant chez Louis Vuitton. louisvuitton.com