Le 7 novembre c’est la sortie dans les salles du documentaire « McQueen ». Un portrait poignant et sans fard du brillant et regretté couturier britannique.
J’avais 24 ans. C’était la première fois que je me rendais à Paris en tant que journaliste de mode et j’étais la seule journaliste belge à avoir été invitée au défilé d’Alexander McQueen. Je ne savais ni qui il était ni à quoi m’attendre. C’était aussi le dernier de ses défilés auquel j’allais être conviée.
« The Widows of Culloden » (Les veuves de Culloden), sa collection automne-hiver 2006, a eu sur moi un effet renversant. Je n’avais jamais imaginé que la mode pouvait être aussi théâtrale et sensible. McQueen a combiné des papillons, des plumes d’oiseaux et des bois de cervidés avec des pantalons militaires en tweed gris, des robes écossaises en tartan rouge, des manteaux aux broderies insensées, des robes démentes de contes de fées dans une débandade de tulle. En guise de grand final, l’hologramme de Kate Moss est apparu tel un fantôme en tulle blanc suspendu dans les airs et pivotant lentement sur lui-même. Romantique, émouvant, radical, excitant. Littéralement époustouflant. Quand je regarde le défilé aujourd’hui – il est disponible en intégralité sur YouTube – j’en ai la chair de poule et la gorge nouée.
« Tout le monde rentre à la maison et laisse le travail derrière... Moi, je ne peux pas. Je reste toujours alexander mcqueen »
Mais revenons à nos moutons. Dans ce nouveau documentaire intitulé « McQueen », les réalisateurs Ian Bonhôte et Peter Ettedgui esquissent un portrait intime de la métamorphose de Lee en Alexander McQueen. Un jeune ouvrier corpulent sans le sou du East End de Londres devenu un talentueux styliste, à la fois excentrique et tourmenté. Ils reviennent sur la manière dont le créateur a utilisé l’argent de ses allocs pour acheter les tissus de ses premières collections. Ils plongent le spectateur dans le Londres des années 90, des fêtes et de la drogue. Ils racontent l’amitié du designer avec la journaliste de mode et styliste Isabella Blow, tout aussi brillante et torturée. Ils évoquent ses amours tumultueuses, son caractère imprévisible. Ils dépeignent ses émotions, son perfectionnisme et son immense créativité.
Outre un portrait émouvant ponctué de témoignages exclusifs de son entourage, le documentaire livre également des images de ses défilés spectaculaires qui ont marqué les esprits à tout jamais. Histoire de nous rappeler à quel point le génie Alexander McQueen nous manque.
« McQueen », à partir du 7 novembre dans les salles. paradisofilms.be