Les geeks sont-ils plus doués avec leurs doigts que les autres ? Le fantasme qu’ils rêvent de réaliser en réalité virtuelle ? Et la taille de l’écran, ça compte ? On a rencontré deux filles geeks pour parler tech, se marrer, et surtout déconstruire les clichés.
« Ça reste entre nous », clap deuxième ! Le concept ? Poser des questions indiscrètes, décalées et envoyer valser les stéréotypes. Le joker si on ne veut pas répondre ? Se faire un shot de crème fraîche. Après les chefs de Culinaria, on a invité Julie Foulon et Marie-Sophie Pepe. Deux femmes geek, les deux cofondatrices de Girleek, on vous explique.
Un petit mot de présentation ? Julie : « Je suis la cofondatrice de Molengeek, un incubateur de start-up et une coding school. En 2011, on a lancé Girleek, un site qui veut rendre accessible les nouvelles technologies et promouvoir la place des femmes dans le secteur digital. Sur le web, le contenu est généralement écrit par des hommes, pour les hommes, alors qu’on ne s’intéresse pas forcément aux mêmes choses qu’eux. Lorsqu’on achète un appareil photo par exemple, on veut savoir s’il fera de belles photos, s’il est capable de prendre rapidement un cliché, etc. Un mec va plus se pencher sur la technicité, les composants… Petit à petit, les marques commencent à comprendre que les femmes représentent la moitié de l’humanité et qu’elles ont un pouvoir d’achat. »
Marie-Sophie : « A l’époque, Julie et moi on travaillait dans la même boîte. C’est comme ça qu’on s’est rencontrées et qu’on a décidé de lancer Girleek. En plus de l’actu et des bons plans qu’on propose sur le site, on organise des events et on produit des vidéos. L’idée, c’est de présenter un produit intéressant, une technologie qui nous simplifie la vie comme une appli permettant de télécharger les paroles d’une chanson par exemple. A côté de Girleek, je suis Social Media Manager chez KBC Brussels. »
La place des femmes dans la tech ? « Tout le monde du travail est en mutation. Une foule de nouveaux métiers vont apparaître et les femmes ont un rôle à jouer là-dedans. On cherche de plus en plus des personnes formées aux nouvelles technologies, en coding notamment, et les filles amènent réellement une plus-value. La diversité de genre, mais aussi de culture, de religion, etc. profite à tout le monde.»
L’importance des role models ? « Enorme mais il faut que les role models soient accessibles. Quand tu viens visiter Molengeek, tu vois des tas de nanas qui codent, ça permet de s’identifier. Dans notre dernière promotion, on comptait 40% de femmes. On a réussi à créer un environnement où les gens se sentent à l’aise, en sécurité, et je pense que c’est pour ça que ça fonctionne. L’aspect identitaire reste à la porte, on ne te catégorise pas en fonction de ton genre, de ton origine ou de tes moyens économiques mais on regarde ce que tu sais faire et il y a vraiment un partage de connaissances. »
Une évolution ? « J’ai l’impression que ces deux dernières années, ça bouge, on parle beaucoup plus de la place des femmes dans la tech. Ça fait du bruit, il y a eu le Women Code Festival dernièrement, mais ce n’est pas encore acquis. C’est un travail de longue haleine pour attirer les femmes dans ce secteur. Il n’y a toujours pas assez de filles qui se lancent dans des études liées aux nouvelles technologies par exemple. Il y a aussi beaucoup d’events pour faire du networking mais ça ne donne pas toujours suite. Il faudrait davantage d’initiatives concrètes. »
Une idée pour faire évoluer la situation? « C’est important de briser les prisons mentales. Il faut parler des nouvelles technologies aux filles, et leur montrer que c’est accessible, dès leur plus jeune âge. Il faut aussi faire attention aux mots qu’on utilise. S’ils sont trop complexes, ça créée une distance et on perd vite les gens alors qu’en réalité, ce n’est pas si compliqué. Ça peut être créatif et très fun, ce n’est pas élitiste comme on pourrait le croire. Aujourd’hui, il existe même des jeux pour apprendre aux enfants à coder, à comprendre la logique de programmation. »
Je veux apprendre à coder, je vais où ? « Molengeek, Interface 3 pour les chercheurs d’emplois ou encore CoderDojo pour les enfants de 7 à 18 ans. »
Crédit photo Marie-Sophie Pepe: Marie-Laure Marciano.