Depuis 2017, Steph Hoff est à la tête de la création de Moose Knuckles, la marque de doudounes canadienne traditionnelle. Elle nous livre tout sur son parcours atypique, de son enfance à Toronto à son ascension dans la mode. 

C’est dans le décor feutré de l’hôtel Provocateur à Berlin que Steph Hoff, la directrice artistique de Moose Knuckles, nous a donné rendez-vous. Elle y a convié une foule d’influenceurs et de journalistes triés sur le volet pour dévoiler les images de sa dernière campagne publicitaire, largement inspirée des films d’épouvante. Rencontre.

  • Peux-tu nous en dire plus sur toi? D’où viens-tu?

J’ai grandi dans une famille de “cols bleus” avec une mère célibataire dans les environs de Toronto. Ma mère est l’une des personnes les plus jeunes, enjouées et non conventionnelles que je n’ai jamais connues. Mon éducation a été formée par un riche multiculturalisme, les angoisses de la classe ouvrière, un manque de supervision et le ridicule contagieux de ma mère. Depuis toute jeune, j’ai toujours été très attirée par l’expression, la rébellion et le défi. Cela m’a naturellement amenée au mouvement punk et hardcore qui se développait à l’époque dans le sud de l’Ontario, puis au skateboard, au vandalisme et au hip-hop.

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Depuis toute jeune, j’ai toujours été très attirée par l’expression, la rébellion et le défi.

  • Qu’est-ce qui t’a amenée à devenir directrice artistique ?

Au début de ma vingtaine, je me suis installée dans une commune hippie du centre-ville de Toronto pour 300$ canadiens par mois. J’ai travaillé dans un magasin de détail pour payer le loyer. J’ai rencontré des personnes partageant les mêmes idées que moi dans les milieux de la mode, de la musique et des arts. Parallèlement, j’ai découvert Internet comme outil de réseautage et de distribution. Je me suis formée à la direction artistique, au stylisme et à la photographie en réalisant des prises de vue et des vidéos pour mon blog. J’ai rencontré beaucoup de gens et d’artistes, dont certains avec qui je travaille encore aujourd’hui, et j’ai également développé mes compétences en tant que productrice et réalisatrice. Cela m’a conduit à des opportunités de carrière chez Aritzia, Hudson’s Bay Company et Topshop. Je n’ai jamais prétendu être une directrice artistique, mais j’y suis arrivé en faisant des essais et des erreurs, avec un esprit d’entreprise et une ouverture d’esprit. Ce parcours non conventionnel a attiré l’attention du président de Moose Knuckles, Ayal Twik, et du PDG, Noah Stern en décembre 2015, lorsque j’ai été embauchée comme directrice de la création pour Moose Knuckles Canada aux côtés du directeur du design, Tu Ly.

 

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  • Quel est ton rapport à la mode ?

Mon intérêt pour la mode est vraiment enraciné dans ma contrainte innée d’exprimer ma propre expression. Je vois la mode contemporaine de la même façon que j’imagine la modification corporelle des Africains, ou le breakdance au début des années 1970 dans le South Bronx… Je ne m’intéresse pas aux tendances, mais au style, à la langue.

  • Où trouves-tu l’inspiration ?

Je m’inspire de tout, de tous les lieux et de toutes les personnes que je rencontre à travers un “filtre permanent d’adolescent angoissé”. Mes sources d’inspirations principales sont le cinéma, le punk rock, le R&B des années 90, la littérature de science-fiction, Heavy Metal Magazine, David Lynch, les écrivains de la Beat Generation, les bandes dessinées underground, la musique électronique, la photographie culinaire et Second City Television (ndlr: série télévisée humoristique canadienne).

  • Si tu pouvais vivre à n’importe quelle période, laquelle choisirais-tu et pourquoi ?

Dans 200 ans, quand il n’y aura ni sexe, ni race, et que nous aurons tous des hoverboards et des robots sexuels.

  • Quelle ville t’inspire le plus ?

J’ai eu la chance de voir beaucoup de pays, mais les villes que j’aime le plus sont Tokyo, Mexico, Shanghai, Berlin et Brooklyn, où je vis actuellement. Néanmoins, Toronto – ma ville natale – est la ville qui m’inspire le plus. Mes années de formation ont vraiment façonné mon identité et ma perception du monde. Toronto est plus qu’une ville pour moi, c’est ma quintessence.

  • Comment définirais-tu ton style?

“Cowboy sous cocaïne” du film australien Crocodile Dundee sorti en 1986. Je ne porte que du vintage et des vêtements de créateurs. Je suis les défilés des designers que j’admire et sélectionne avec soin les quelques pièces que je vais acheter chaque saison, bien avant leur arrivée dans les magasins. Je porte la même veste en cuir des Dead Kennedys (ndlr: groupe de punk hardcore américain) et le même pantalon bondage à carreaux depuis mes 16 ans. Mes achats sont très réfléchis et limités.

 

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  • Quelles sont tes adresses préférées à New York?

Shopping: Dover Street Market (Chelsea)

Pour des fringues vintage: 10 Ft. Single (Williamsburg)

Magasin de seconde main: Mother of Junk (Williamsburg)

Concept store: Goose Barnacle (Brooklyn Heights)

Brunch: Good, Thanks (Lower East Side)

Cocktails: Sel Rrose (Nolita)

Bar à vins: 10 Bells (Lower East Side)

Dîner en solo: Goemon Curry (Nolita)

Dîner en duo: Dime’s (Lower East Side)

Pour une part de pizza: Scarr’s (Lower East Side)

Supermarché indien: Punjabi Grocery & Deli (East Village)

Caribéen: Miss Lily’s (Soho)

Cinema: Metrograph (Lower East Side)

Livres & Magazines: Kinokuniya (Midtown)

Albums: Rough Trade (Williamsburg)

Luna Park: Chinatown Fair Family Fun Centre (Chinatown)

  • Qu’est-ce que tu écoutes comme musique ?

Tout, mais actuellement les albums suivants:

Crime & Dissonance: Ennio Morricone
Student Ghetto Violence: Assholeparade
Not All Heros Wear Capes: Metro Boomin
Slow Death EP: The Leather Nun

Moog Rock: Les Baxter
www.thug.com: Trick Daddy
Velvet: JMSN
Not 4 Sale: Kardinal Offishall
Doble LP Discografía: Los Crudos

  • Tu es une grande fan de film d’horreur. Lequel est ton préféré ?

Massacre à la tronçonneuse, juste pour Leatherface.

Steph Hoff Moose Knuckles

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