A Bruxelles, le phénomène des paysages citoyens a pris une ampleur inédite en Europe
« En premier lieu parce que le monde associatif y est très développé. Ça a commencé avec les pieds des arbres qu’on fleurissait, jusqu’à la réhabilitation de friches urbaines. Le phénomène séduit parce qu’il est participatif, il transcende toutes les classes sociales ».
Désormais, la ville subsidie des « quartiers durables citoyens » à hauteur de 15.000 € chacun, pour des projets de verdure collectifs et culturels, comme les potagers urbains. Des espaces verts poussent à l’arrière d’espaces de co-working, et au-dessus du toit de Caméléon à Evere, on cultive un véritable potager vertical. Une appli vous indique quand il est temps de récolter.
L’architecte analyse, en sociologue : « ce phénomène participe au retour en ville de toute une population qui s’était installée à la campagne dans les années 70, par conviction. Mais leurs enfants sont restés en ville au moment de leurs études. Ces quadras-là veulent les avantages de la campagne, tout en prolongeant le lien social comme ils l’ont connu à la campagne. »
Christophe Mercier observe qu’un paradigme bascule : les citadins prennent enfin leur environnement en main, en font un prétexte pour tisser du lien communautaire. « Investir la ville comme si c’était la campagne, c’est la réaction plutôt saine au refus excessif de la nature qui a caractérisé trop longtemps les grandes villes. Un nouvel équilibre se crée, dans lequel s’exprime un besoin nouveau de sentir nos racines. Un citadin n’est pas qu’une extraction de béton et d’acier. »
« Paysages citoyens à Bruxelles », Christophe et Jacques Mercier, Ed. Racine.