Deux ans après son arrivée chez Calvin Klein, et huit mois avant le terme de son contrat, le Belge insaisissable quitte le géant new-yorkais, avec équipe et bagages.

Le groupe PVH, propriétaire de CK, évoque des “différends créatifs”. Depuis sa nomination, Raf Simons avait imprimé son identité radicale et ses détournements d’uniformes urbains à cette marque surtout prisée pour ses jeans et sa lingerie brandée. Trop pointu ? Visionnaire avec un rivet d’avance ?

 

 

Manifestement, objectifs commerciaux et expression créative ne se sont pas rencontrées

entre les catsuits en cuir et les vestes de pompiers à logo, réhabilitées sur runway.

Raf Simons, le feu sous la glace, avait déjà tiré sa révérence (sa référence) chez Dior en 2015, après trois années d’avant-garde épurée et vingt collections Prêt-à-porter, Haute Couture, Croisière, Pre-Fall, sans compter les accessoires, la gestion de l’image de Dior, et la collaboration avec Peter Philips pour Dior make-up.

 

 

Le groupe a également annoncé que le défilé FW19, prévu à New-York en février – l’un des derniers événements mode qui faisait encore se déplacer la presse internationale pour la fashion week américaine, dont la fréquentation décline chaque saison – n’aurait pas lieu. En terme d’image et de marketing, la pirouette risque de faire mal.

Le “Chief creative officer” de cinquante ans, formé au design (mais pas de mode à l’origine) à l’Académie d’Anvers, avait été engagé pour redynamiser la marque américaine, et la hisser vers le haut de gamme. Il semble qu’au regard des chiffres du troisième trimestre, les résultats n’aient pas fait sauter la boucle de la ceinture.

 

 

Manny Chirico, le président de PVH, s’est déclaré “déçu par le manque de retour sur investissements” de la collection “205W39NYC, et la collection de jeans “qui ne s’est pas vendue aussi bien que prévu”.

Le groupe PVH, côté en bourse et qui détient également la marque Tommy Hilfiger, représente neuf milliards de chiffre d’affaires annuel, et souhaite se (re)diriger vers des produits plus commerciaux. On est donc passé à un cheveu de pouvoir profiter enfin d’une marque qui aurait été à la fois ultra-populaire et avant-gardiste. Mais quantité et qualité, on le sait, vont rarement ensemble.

 

 

Officiellement, les deux parties se séparent en bons termes

PVH a publié un communiqué justifiant que “Calvin Klein a décidé d’une nouvelle direction pour la marque, qui diffère de la vision créative de Simons”.

Le designer considéré comme l’un des talents majeurs de sa génération

se faufile-t-il vers la sortie comme un poisson qui n’apprécie par de se sentir pressurisé, ou quitte-t-il pour la deuxième fois la scène en pleine gloire ? Les deux sans doute, trois petits tours, et puis, fashion.