3 – L’éthique animale posera question

Versace, Giorgio Armani, Gucci, Ralph Lauren, Calvin Klein, ou récemment Jean-Paul Gaultier, ont annoncé renoncer aux poils naturels dans leurs collections. La fourrure dans la mode serait-elle en voie d’extinction ?

Selon Alexandre Samson, responsable de la mode contemporaine au Palais Galliera, « dans la confection de luxe, il est vraisemblable qu’on l’abandonne pour des raisons d’image. Mais dans le prêt-à-porter bas de gamme comme Canada Goose qui fait fureur, ainsi que dans le mass market, l’utilisation de fourrure difficile à tracer ne devrait pas s’arrêter de sitôt. En revanche, la haute fourrure, comme on la perpétue chez Fendi, perdurera. Mais en France, ce savoir-faire n’existe plus. »

 

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Depuis peu, la maison Revillon, fondée au XVIIIe siècle à Paris, a suspendu ses activités. En Europe, il ne reste plus que l’Italie pour perpétuer le travail traditionnel des peaux. C’est un débat de valeurs, qu’il faudrait sans doute dépassionner en mettant les enjeux en perspective. Alexandre Samson rappelle que l’industrie du coton et des matières synthétiques dérivées du pétrole sont bien plus impactantes, délétères pour l’environnement, que ne l’est la fourrure : « la cause écologique ne se réduit pas au commerce des peaux, même si c’est la plus émotionnelle. C’est une tradition française, un patrimoine de savoir-faire, transmis par des artisans qui aiment la matière, la mode, et même les animaux, et qui sont contraints d’abandonner un métier d’art traditionnel, à cause d’une polémique aux arguments réducteurs. Les pires dégâts infligés par la mode à la nature ne sont pas les plus visibles sur un col. »

Si la mode se préoccupe en tout cas du sort des animaux, elle s’intéresse aussi désormais… à celui des humains.