5 – Internet impactera la sensualité de nos vestiaires
Autre évolution à double tranchant, la généralisation du web comme vecteur de valeurs. Alexandre Samson observe qu’ « il n’y a plus de point de vue sur la mode, puisque tout le monde a accès à tous. Résultat, puisqu’on ne voit plus sur Instagram que les silhouettes de face, les marques ne « perdent de plus de temps » à travailler ni les vêtements de profils, ni de dos.
Internet a biaisé le regard de toute nouvelle génération de créateurs qui dessinent pour les réseaux sociaux et pour Instagram. Et c’est là qu’on distingue les très grands designers : ils tournent autour du vêtement. Ils créent aussi pour les angles qu’on ne voit pas sur les photos ».
Mais Internet change aussi la relation à la matière : « les créateurs sont de moins en moins sensible aux textures des tissus, et du côté des consommateurs, à force d’acheter en ligne, ils risquent de perdre l’éducation au toucher, qui en matière de vêtements, est tellement sensuel et personnel. Certaines matières sont uniquement photogéniques. »
Conservateur de musée, le rapport d’Alexandre Samson à la matière est lié au temps : « je constate, en travaillant avec des archives, que les beaux tissus résistent aux années, alors que le cheap se délite. » Internet serait-il l’ennemi de la mode ? « Pas dans tous ses aspects, mais il faut rester attentif à ce qu’il reste aussi un outil d’éducation. »
Pour éviter qu’Instagram ne nous rendent plats, gardons au moins l’esprit en plusieurs dimensions.