Quel effet ça fait? C'est vraiment légal? On le consomme comment? Le CBD est sur toutes les lèvres, au sens propre comme au figuré. On a testé et surtout, on a enquêté sur ce « cannabis légal », aux effets de la weed tradi sans le côté high. Embarquement immédiat pour un very good trip…
Depuis quelques mois, trois petites lettres suscitent de grands débats. Le CBD a fait une entrée remarquée. Le cannabidiol, c’est son nom complet, n’a pourtant rien de nouveau : c’est simplement l’un des composants du cannabis. On l’ignore souvent mais la plante controversée produit en réalité une centaine de substances, des cannabinoïdes pour les intimes. Les plus connues ? Le CBD donc, mais aussi le THC, responsable de l’effet psychoactif. Traduisez : c’est cette dernière molécule qui nous rend stone. « On peut comparer la culture du cannabis à celle des tomates. En fonction des espèces que les horticulteurs croisent, on obtient des fruits de couleurs, de tailles, de saveurs différentes. C’est pareil pour le cannabis », explique Antoine Boucher, formateur à Infor Drogues, une association qui offre de l’information et des conseils en matière de drogues. « Pendant longtemps, les producteurs ont créé des plantes avec un fort taux de THC, parce que c’est ce que demandait le marché. Les gens voulaient planer. Mais on peut très bien développer une espèce avec un taux plus élevé de CBD et moins de 0,2% de THC ».
Résultat ? On obtient une plante qui a l’odeur, le goût et les effets relaxants de la weed tradi, sans le côté défonce. Le produit n’est pas considéré comme un stupéfiant, on oublie les fous-rires hystériques et les bad trips. Le cannabidiol est déclinable à l’infini : on peut le fumer, le vapoter, le consommer en tisane ou sous forme d’huile, de gélule, de crème… Sur le web, on retrouve même des shampoings coco-mangue-CBD, des oursons en gélatine et des calendriers de l’Avent contenant des fleurs de chanvre. Le prix ? Similaire à celui du cannabis classique, environ 10 euros le gramme. Si le produit est tout d’un coup arrivé chez nous, c’est en partie grâce à une modification de la loi suisse. Au pays d’Heidi, la vente de cannabis contenant moins de 1% de THC est dorénavant autorisée. Bim. Le commerce a explosé et s’est exporté. Il y a dorénavant de la marchandise à écouler, et de nouveaux marchés à conquérir. Dans la foulée, on s’aperçoit que la législation européenne, elle, fixe une concentration maximale de 0,2% de THC. En France, puis en Belgique, les shops ont alors poussé comme des mauvaises herbes, avec l’objectif de proposer la meilleure du marché.
Mais tous ne sont pas d’accord sur la façon d’envisager le CBD. « Beaucoup de shops ouvrent par opportunisme et mettent en avant le côté récréatif en proposant des bongs, des feuilles à rouler… Je ne suis pas du tout dans cette optique-là, pour moi, ça fait du tort à l’image du CBD. On ne propose d’ailleurs aucun accessoire pour fumeurs, ça n’aurait pas de sens pour une boutique de bien-être », raconte Samantha Nicolas, gérante du Super Green Shop à Ixelles. « Avant de développer mon commerce, j’étais éducatrice spécialisée, de formation scientifique. Il y a un an, j’ai appris que j’avais un cancer très agressif de stade trois. C’est à ce moment-là que j’ai découvert les effets du cannabis, je n’en avais jamais consommé avant. J’ai ensuite eu envie d’ouvrir un magasin pour faire connaître aux gens les bienfaits du CBD. »
Parmi les clients de Sam, on retrouve beaucoup de curieux mais surtout des consommateurs de cannabis classique qui veulent arrêter, des insomniaques, des personnes stressées ou malades. Toutes les classes sociales et tous les âges sont représentés. On est loin du cliché du petit fumeur de pétard en jogging à pression. « Je me souviendrai toujours du jour de l’ouverture de la boutique. J’ai vendu de l’huile de CBD à une grand-mère de 80 ans qui souffrait depuis longtemps d’une sciatique. Trois jours après, elle est revenue les larmes aux yeux pour me serrer dans ses bras et me dire merci », raconte Vincent Borrel, gérant du Street Shop, le premier magasin de CBD de Bruxelles. Officiellement, les vendeurs ne peuvent rien dire sur les bienfaits du cannabidiol sur la santé. Ce serait considéré comme un exercice illégal de la médecine. Mais il suffit de se renseigner un peu pour savoir que la liste est longue. Le CBD aiderait les personnes atteintes d’anxiété, de nausées, de maladies chroniques, inflammatoires, auto-immunes, de la maladie de Parkinson, d’épilepsie, de schizophrénie,…
Tire ton plant
Mais parmi les clients, une question revient systématiquement : est-ce vraiment légal ? Pour ceux qui ont l’habitude d’acheter de la beuh sous le manteau, pouvoir s’en procurer ouvertement, dans un magasin bien propret, a de quoi surprendre. Comme le phénomène est nouveau, il n’y a pas encore de législation spécifique en Belgique. Mais contrairement à ce qu’on entend partout, ça ne constitue pas un vide juridique. « En droit, si un comportement n’est pas interdit, c’est qu’il est autorisé », décrypte Margaux Nocent, avocate spécialisée en droit pénal notamment. Chez nous, deux textes de loi doivent être pris en considération. Le premier, c’est un règlement européen qui dit que la culture du chanvre, la plante du cannabis, est autorisée si elle contient maximum 0,2% de THC. Jusque-là, tout va bien.
Le deuxième, c’est la loi belge de 1921 qui vient réguler l’autorisation des stupéfiants. « Dans cette loi, tout comme dans les arrêtés royaux qui viennent détailler cette loi, c’est clair : le cannabis est interdit. Ça paraît contradictoire avec le règlement européen mais ça ne l’est pas. En fait, au moment de l’adoption de l’arrêté royal de septembre 2017, il a été indiqué que, tant qu’il contenait moins de 0,2% de THC, le cannabis échappait à l’application de cet arrêté royal», explique Margaux Nocent. C’est technique mais important. En résumé, le CBD est bien légal, il n’entre pas dans le champ d’application de l’interdiction. Mais là où ça se complique (encore), c’est lorsque les boutiques veulent vendre du CBD comme denrée alimentaire ou comme produit associé au tabac. Comme pour n’importe quel aliment qu’on veut mettre sur le marché, il faut une dérogation du SPF Santé publique. L'AFSCA, elle, intervient au moment du contrôle. Le problème, c'est que le CBD en tant que denrée alimentaire est considéré par l'Europe comme un "nouvel aliment" et que les autorités européennes n'ont pas encore autorisé ce produit. On oublie les tisanes, les bonbons au CBD ou l’huile à déposer sous la langue… Résultat ? On arrive à une situation aberrante où les commerçants peuvent détenir et vendre du CBD, mais sans expliquer à leurs clients comme l’utiliser.
Un must de surréalisme à la belge. « C’est frustrant parce qu’il y a une censure au niveau de la communication. Sur les paquets de fleurs de chanvre, il doit y avoir la mention ‘non comestible’ par exemple. Je suis obligée de dire que c’est destiné à réaliser un pot-pourri et je conseille aux clients de s’informer sur Internet. Mais on sait très bien que chez eux, ils en font ce qu’ils veulent. Certains vont les mettre dans une tisane, d’autres vont en faire un joint », raconte Sam du Super Green Shop. Les consommateurs se conseillent alors entre eux ou filent sur WikiHow… Mais sans explications claires, certains ne vont pas expérimenter les effets du CBD à cause d’une mauvaise utilisation et s’en détourner. Une occasion ratée. «Lorsque des clients ayant un problème de santé viennent nous voir, on leur dit de se renseigner chez des professionnels », ajoute Vincent Borrel du Street Shop. « C’est aux médecins de les conseiller au niveau du dosage, de la fréquence, de l’interaction avec d’autres médicaments, etc. Le problème, c’est qu’ils sont encore peu nombreux à s’y connaître. »
Dominique Lossignol, chef de clinique à Bordet et président du comité éthique de l’Institut, confirme. « Le monde médical est très en retard par rapport aux connaissances sur le sujet, même si ça change avec la nouvelle génération. Les patients sont d’ailleurs parfois bien plus au courant que certains de mes collègues et nous apprennent même des choses. En général, les médecins qui sont réfractaires sont ceux qui n’y connaissent rien ». Spécialisé dans le traitement de la douleur, il dirige aujourd’hui l’unité de soins palliatifs à l’Institut Jules Bordet. Et ça fait déjà vingt ans qu’il se penche sur les bienfaits du cannabis. Ce sont ses patients, atteints d’un cancer ou d’une pathologie sévère, qui l’ont amené à s’y intéresser.
« A l’époque, les gens venaient me voir en disant qu’ils avaient moins mal après avoir fumé un joint mais ils n’osaient pas trop aborder le sujet. Aujourd’hui, la moitié de mes patients m’en parlent spontanément. Ils arrivent avec des articles de journaux, des flacons d’huile de CBD achetés sur Internet et ils veulent des conseils ». S’il ne recommande jamais un fabricant ou une boutique en particulier, Dominique Lossignol répond aux questions sur le dosage en fonction de ce qui est conseillé dans la littérature. L’OMS elle-même a conclu fin 2017 que le CBD n’était pas dangereux et n’était pas susceptible de créer une dépendance. Supprimé de la liste des produits dopants, il était même autorisé lors de la dernière Coupe du Monde de foot en Russie. En Belgique, les médecins ne peuvent pas faire d’ordonnance pour du cannabidiol, puisque ce n’est pas considéré comme un médicament. Le seul qu’ils peuvent prescrire s’appelle Sativex. Mais ce petit spray à base de CBD et de THC n’est remboursé que pour les patients atteints de sclérose en plaque. Les autres devront débourser 500 euros pour 30ml…
Ruée vers l’or vert
Mais alors que le CBD pourrait potentiellement soulager une série de patients, aider les gens à diminuer leur consommation de stupéfiants, rapporter de l’argent à l’Etat ou encore affaiblir le marché noir (et le terrorisme qu’il finance), pourquoi la Belgique reste-t-elle à la traîne ? Chez nous, les dérogations tardent à être accordées. Les contrôles musclés s’enchaînent dans les boutiques, les gérants sont vus comme des dealers. Et les pouvoirs publics ne légifèrent pas sur le sujet. Forcément, des considérations morales entrent en jeu. Même s’il ne rend pas stone, le CBD est associé au cannabis récréatif. Et le cliché du fumeur de joints défoncé, avachi sur son canapé à longueur de journée, est encore bien ancré. « Si ce n’était qu’une question de logique, il y a longtemps que les politiques en matière de drogues auraient évolué », affirme Antoine Boucher. « On est dans du moralisme pur, on lie le cannabis à des valeurs, à la sécurité, à la défense de l’Occident chrétien… C’est considéré comme le diable par un gouvernement conservateur».
L’autre argument préféré des détracteurs du CBD, c’est qu’il n’existerait pas assez d’études à long terme sur ses effets. Pour Dominique Lossignol, c’est de la mauvaise foi, ou de l’ignorance. Le médecin rappelle qu’en janvier 2017, la NASEM (National Academy of Sciences, Engineering and Medicine) a publié un rapport sur l’usage du cannabis durant les 15 dernières années. Il identifie une centaine de domaines dans lesquels le cannabis a un intérêt thérapeutique potentiel, du cancer du poumon aux problèmes d’addiction. Et le rapport s’appuie sur plus de 10 000 publications… « On possède plus de données sur le CBD que sur certains médicaments déjà mis sur le marché. Le cannabidiol n’est pas dangereux, que ce soit pour le foie, le tube digestif ou les reins par exemple. En revanche, on peut très bien se tuer avec de l’aspirine ou du paracétamol. Et les médecins en prescrivent sans problème », analyse le spécialiste.
Mais un géant bien connu dans le milieu fait également tout pour que le CBD ne soit pas facilement accessible. Son petit nom ? Le lobby pharmaceutique. L’industrie a bien compris que les enjeux financiers étaient énormes et que le CBD pouvait se transformer en jolie poulette aux œufs d’or. Théoriquement, le cannabidiol pourrait remplacer toute une série de médicaments. Dans les pays où le cannabis est devenu légal, la vente d’opiacés a d’ailleurs chuté. Et forcément, ça plaît moyen à certains. « Je suis atteinte d’une maladie auto-immune, je souffre d’une absence de sommeil profond et de douleurs chroniques. Quand j’ai entendu parler du CBD, j’ai eu envie de tester », raconte Mélanie, 31 ans. « Je l’utilise en goutte, sous la langue. Il a fallu que j’essaie la dose la plus forte mais depuis, j’ai moins mal et je ressens une légère amélioration du sommeil. Pour moi, ça permet de ne pas s’empoisonner avec des produits pharmaceutiques qui règlent un problème mais qui en provoquent un autre ». L’exemple le plus courant ? L’anti-inflammatoire qui donne mal au ventre. Avec le cannabidiol, cet effet secondaire serait oublié.
Si les témoignages s’enchaînent chez les convaincus, il ne faudrait pas non plus attribuer des super-pouvoirs au CBD, ou au cannabis en général. « Ce n’est pas forcément le produit miracle mais ça peut faire une différence dans certaines circonstances. Et quand ça aide, ça aide bien. Aucun médicament n’a le même effet », affirme Dominique Lossignol. « Si ça soulage 30% des patients, c’est déjà ça. Il ne faut pas se priver d’une possibilité dans l’éventail des traitements qu’on peut proposer ». Pour le médecin, on ne peut plus fermer les yeux. Il n’y a pas de doutes, le CBD fonctionne et notre système endocannabinoïde en est la preuve. Traduction : notre corps est rempli de récepteurs qui produisent des molécules provoquant les effets physiques et psychologiques du cannabis. « Ce système endocannabinoïde est important dans la régulation de phénomènes comme l’appétit, la fatigue, les douleurs, le bien-être moral… On naît avec et il n’est pas là par hasard. La nature ne s’encombre pas d’éléments inutiles, s’il a résisté à l’évolution, c’est qu’il a une fonction. »
Cannabis Club
En attendant que l’industrie pharmaceutique obtienne le monopole, et transforme une plante qui pousse comme une mauvaise herbe en molécule chimique hors de prix, les shops continuent d’ouvrir en masse en Belgique. Même si c’est parfois un défi. Les contrôles en force et les saisies politiques pour marquer le coup ne sont pas rares. « On sait que le CBD dérange. Avant d’ouvrir notre boutique, on voulait être complètement transparent. On avait prévenu toutes les autorités compétentes mais personne ne nous avait dit que l’AFSCA allait poser problème. Un matin, la police et les contrôleurs ont débarqué pour saisir les trois-quarts de nos produits », raconte Vincent Borrel. « On aurait préféré qu’il y ait un dialogue en amont. Depuis, on a des échanges constructifs avec l’AFSCA pour être en en règle. Ça prend du temps mais on pense que cela aboutira. Les huiles devraient être les premières à revenir, d’après nos observations, c’est ce qui fonctionne le mieux ». « Au tout début du CBD, on s’est dit qu’on allait ouvrir un magasin avec un pote. On trouvait ça drôle mais on a vite été refroidis », ajoute Max, 38 ans. « Ça ne me ferait pas marrer qu’une perquisition ait lieu devant mes enfants. Et quand tu te lances dans ce milieu, tu entres en concurrence avec le marché underground de la beuh classique. Je préférais rester tranquille en bon père de famille ».
Pour que les shops puissent faire front ensemble, une fédération du cannabis belge a émergé en octobre dernier. Vincent Borrel est d’ailleurs l’un des membres fondateurs. Le but ? Réunir tous les pros du milieu pour structurer le marché et faire avancer la situation légale du CBD en Belgique. Les membres essaient de prémâcher le travail de l’Etat pour qu’une législation spécifique voie le jour, partagent les frais de justice et de laboratoire, organisent des demandes de dérogations groupées… Une solidarité entre concurrents est née. Mais l’autre objectif de la fédération, c’est aussi de créer une charte à laquelle devraient se soumettre les commerçants pour obtenir un label de qualité. Tous les produits à base de CBD doivent être analysés, importés légalement en toute transparence et le taux de THC doit être respecté. Idéalement, l’herbe devrait aussi être bio et issue de structures durables. Logique, le bobo qui est en nous demande bien la même chose pour les fruits et légumes. « Les clients sont tout contents d’avoir accès à un nouveau produit mais ils ne sont pas encore assez exigeants. Lorsqu’on achète du CBD, il faut faire attention à la qualité de la fleur, aux pesticides utilisés, à la traçabilité du produit, etc. », explique Samantha Nicolas. « Par intérêt économique, certains cultivateurs mentent déjà sur le taux de CBD. Des cristaux de cannabidiol sont vaporisés sur des échantillons de fleurs de chanvre, ce qui fausse les tests de laboratoire. Cela décrédibilise évidemment le secteur. »
Tous les commerçants le disent : un cadre légal spécifique serait le bienvenu. Cela permettrait de garantir un CBD de qualité mais aussi d’avoir des règles claires sur ce que peuvent dire les gérants. Les clients sauraient exactement ce qu’ils achètent et comment utiliser le produit, dans un cadre sécurisé. Dans l’idéal, c’est carrément toute la loi relative aux stupéfiants qu’il faudrait remanier pour une politique cohérente en matière de drogues. Elle est vieille de presque cent ans, et a largement fait son temps. Mais la Belgique ne semble pas être pressée. « Il faut avoir une réflexion intelligente sur le sujet, c’est une question de santé publique », affirme Dominique Lossignol. « Mais la situation n’évoluera que si deux conditions sont remplies : il faut que les personnes ignorantes s’informent et que les décideurs politiques écoutent davantage ce qu’il se passe sur le terrain... » On est loin du clap de fin.
On a testé le CBD : verdict
On ne pouvait pas écrire un article sur le CBD sans avoir essayé. Un grand journaliste d’investigation tout terrain ne renonce jamais à rien, on s’est donc dévoué (bon, on aurait certainement un tantinet plus tergiversé pour un papier sur l’héroïne). Je me suis donc retrouvée avec un petit paquet brun entre les mains, avec la légère sensation de devoir le cacher. Une mention à l’arrière me le confirme pourtant : « 100% légal en Europe ». J’apprends aussi que mes fleurs de chanvre ont été testées en laboratoire et cultivées à partir de graines certifiées UE. Une petite inscription à la main m’indique que le taux de THC est de 0,18% (tout va bien) et le taux de CBD de 5,6%.
Viens le moment du test, j’emmène mon CBD à la rédac pour en faire profiter mes collègues, c’est plus fun (même si le produit n’est pas censé nous faire glousser). En grandes rebelles, on décide de passer outre la mention « non comestible » et de le consommer en tisane, avec un thé détox. Pas la méthode la plus rock, on le concède, mais la plus pratique. A l’heure du tea time, on est excitées comme des gosses la veille de Saint-Nicolas. Mais pas vraiment préparées… D’après mes infos, le CBD n’est pas soluble dans l’eau et a besoin d’un corps gras pour se « libérer ». J’ai oublié le miel chez moi, on emprunte donc le sirop d’agave d’une collègue en espérant que ça fonctionne. Les sachets de thé vides ont aussi été zappés, le CBD finit au fond de la tasse, et on n’a aucune idée de la quantité à prélever. En cherchant rapidement sur Internet, on se rend compte que l’info n’est pas si facile à trouver. Et qu’un petit mode d’emploi officiel serait bien pratique. Résultat ? On improvise. Et je ne ressens rien. Ma collègue a l’air légèrement stone, on se marre, mais on sait bien que le CBD ne produit pas ces effets-là. Si je n’avais pas d’article à rendre, j’aurais peut-être arrêté là, et ça aurait été dommage.
La deuxième tentative se fait chez moi. Je me renseigne un peu plus et je me rends vite compte qu’on n’a pas fait ça dans les règles de l’art. Vraiment pas. Pour bien faire, il faudrait réduire le CBD en poudre, le mélanger à du beurre et laisser le filtre dans de l’eau frémissante pendant 30 minutes. L’opération me paraît bien longue pour une tasse de thé et l’option beurre me tente moyen (tout comme l’alternative au lait). Je décide finalement d’utiliser un bong, une pipe à eau pour les non-initiés. Je ne fume pas, ça me permet donc de ne pas ajouter de tabac. Verdict : effet placebo ou pas, ça fonctionne. Comme je n’ai pas de douleurs particulières, c’est le côté relaxant qui est recherché. Et si pour moi, les effets ne sont pas révolutionnaires, le pari est tout de même réussi. J’ai l’impression de m’enfoncer dans mon canap’ devenu ultra confortable, je me sens zen mais complètement lucide et je dors comme un bébé. Le pied.
Erratum: Des erreurs se sont glissées dans l'article sur le CBD dans notre magazine de janvier. C’est auprès du SPF Santé publique que les « cannabis shop » doivent demander une dérogation pour vendre des denrées alimentaires à base de THC. Et c’est au SPF qu’il revient d’octroyer (ou non) des dérogations. En aucun cas, l’AFSCA n’intervient dans le processus de demande de dérogation. Le CBD, en tant que denrée alimentaire, est quant à lui considéré par l’Europe comme un « nouvel aliment » et jusqu’à présent, les autorités européennes n’ont pas encore autorisé ce produit.
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