On associe souvent la Champagne à ses images de vignes abondantes, de dégustations sous un soleil radieux, de petits producteurs et de bonnes affaires. Cette région ne se résume pas uniquement à la boisson luxueuse qui a fait sa réputation dans le monde et ça, je ne le savais pas avant d'y avoir mis les pieds.
Que faire lorsqu'on ne boit pas une goutte d'alcool et qu'on passe un week-end dans la région qui a construit un empire international autour du vin pétillant ? Du vin pétillant... je pourrais me faire couper les doigts pour moins que ça ! Il faut me pardonner un palais trop peu raffiné. Ce n'est ni une religion ni une conviction, je n'aime pas les boissons alcoolisées: le vin, le champagne, le whisky, la bière... sont pour moi autant d'agressions gustatives.
Mais je n'ai pas pu refuser ça à mon chéri ! Adepte passionné, qui rêvait de faire un pèlerinage sur les terres d'origine de son culte. Pour ce voyage, nous avions donc, à ma gauche, une sceptique aux papilles aussi développées que celles d'un enfant de cinq ans et, à ma droite, un prosélyte assoiffé, mus par une envie commune de se retrouver pour une parenthèse romantique (un peu plus à gauche qu'à droite, d'ailleurs).
Que s'est-il passé ?
Savoir-faire et patrimoine
Premier arrêt: Epernay, la capitale du Champagne (à 3h de Bruxelles). Implantée au coeur de la région viticole, elle est surtout célèbre pour son artère principale: l'avenue de Champagne où siègent plusieurs grandes maisons. C'est un lieu incontournable pour tous ceux qui désirent en savoir plus sur la région. Les premières caves y sont creusées au XVIIe siècle, posant les jalons de son activité prospère. Il y a 120 km de rues et 110 km de caves, un gruyère ! Nous avons poussé les grilles de Moët & Chandon, le lieu idéal pour une petite initiation façon "le champagne pour les nuls." Fondée en 1743, elle a assurément pas mal d'histoires à raconter. Nous sommes accueillis dans un petit salon et c'est Andrea qui sera notre guide.
Entrée magistrale, vitraux, la maison met le paquet pour ses visiteurs. C'est beau. J'écoute attentivement les explications. "Moët & Chandon est numéro 1. Une bouteille est ouverte chaque seconde dans le monde." Ça fait un paquet de bouchons. Ensuite vient le moment tant attendu: la descente dans les caves ! Ambiance humide, lumière tamisée, les magnifiques voûtes sont à nous. La visite se poursuit comme un chuchotement, l'histoire de la maison, la réalisation du vin (un assemblage de Pinot noir, de Meunier et de Chardonnay), sa maturation de 24 à 30 mois, c'est passionnant. On apprend que Napoléon était un habitué de la maison, que le remueur retourne 52.000 bouteilles par jour et que la régularité du goût de la cuvée Impériale est garantie par une équipe de onze oenologues. Et puis, il y a les petites surprises, les bouteilles de Dom Perignon (très exclusives) qui attendent religieusement leur heure de gloire.
Dom Pérignon a existé au 17e siècle et la légende raconte qu'il est à l'origine de la découverte de la méthode champenoise. A-t-il découvert le vin pétillant par hasard en l'enfermant dans une bouteille (une histoire de levure) ou a-t-il importé la technique de Limoux ? Les versions de l'histoire sont multiples, mais toutes s'accordent sur son invention de l'assemblage des vins. Une révolution ! Il assurait alors le contrôle des vignes de la petite abbaye d'Hautvillers. Si on ne peut pas la visiter, on peut tout de même se promener dans ce merveilleux village pittoresque, là où tout a commencé. Des bars à champagne comme Au 36 proposent des dégustations accompagnées de "champardises". Et quand on ne boit pas, pas de problème, on mange...
Si on aime traîner dans les églises, on ne peut pas passer à côté de la cathédrale de Reims ! Troisième arrêt après Epernay et Hautvillers, la "cité des rois", qui a sacré les rois carolingiens est également le siège de nombreuses maisons prestigieuses (Taitinger, Ruinart, Vranken-Pommery, G.H. Mumm...) que mon pèlerin d'amoureux n'a pas manqué de visiter pendant que je vaquais à mon shopping:
C'est donc le moment de mentionner le fameux biscuit rose de Reims, deuxième spécialité locale la plus réputée en Champagne. La maison Fossier est l'une des dernières maisons à en fabriquer ! Incontournable. Et puis... c'est rose (je n'ai pas de meilleur argument) !
La gastronomie
On peut ne pas s'y connaître en Champagne, vin, bière et autres liqueurs fermentées tout en étant une vestale dévouée de la déesse Gourmandise. Beaucoup plus sexy que Bacchus, disons-le. La Champagne regorge de restaurants gastronomiques, de petites cantines chic et locales, de bars à Champagnes tenus par des passionnés et de restaurants étoilés (on en a croisé une dizaine sur le chemin Epernay-Champillon-Reims) aussi soucieux de leurs assiettes que du décor qui nous accueille. Le plus difficile, c'est de choisir. Citons les plus prestigieux:
Il ne faut pas s'arrêter à la notion d'étoiles, car les prix peuvent parfois être surprenants: le Millénaire, par exemple, propose un menu à 37€ en soirée (hors week-end). Ça vaut donc la peine de tester un bon gastronomique.... Par ailleurs, j'ai été surprise de l'accueil qui m'a été réservé en tant qu'abstinente (on parle toujours d'alcool), il y a souvent des alternatives proposées avec le sourire (et non le sourcil relevé "que faites-vous en Champagne alors ?" auquel je m'étais préparée). De vrais pros.
L’art du bien être
Passons aux choses sérieuses. Après les visites de caves, d'églises, le shopping et les gourmandises, il faut se reposer. La destination idéale se trouve à Champillon (à dix minutes d'Epernay, 30 minutes de Reims): le Royal Champagne. Ouvert en juillet 2018 après plusieurs mois de travaux, nous découvrons cet ancien relais de poste au bord de la montagne de Reims. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce cinq étoiles envoie du lourd ! Imaginé comme un amphithéâtre par l'architecte Giovanni Pace, il propose 49 chambres et suites qui disposent toutes d'une vue sur la vallée champenoise.
En arrivant, la prise en charge est immédiate, l'ambiance est apaisante tout y respire la sérénité. Ça tombe plutôt bien pour un lieu entièrement dédié au bien-être. Les chambres sont vastes et lumineuses, aménagées en véritables "chez soi". Le chéri a d’ailleurs photographié la salle de bain pour imiter ses proportions en vue de futurs travaux. "Une suite parentale ce serait bien, non ?" "Oui chou, je t'invite aussi à t'inspirer du dressing !"
"L’idée ici était d’apporter une touche de modernité sans oublier la tradition", nous confie Vincent Parinaud, directeur du Royal Champagne. "On cherche le confort. Les gens parlent de notre hôtel comme d’un resort: quand ils arrivent, ils donnent leur clé au voiturier et ne sortent plus durant leur séjour. Notre offre est très variée avec le spa, les restaurants, le fitness, etc. Il est dynamique, luxueux et moderne comme le Champagne. On représente la région !"
Un spa qui fait rêver
On parle de 1500m2 de spa avec neuf cabines de soin (dont une cabine de soin double avec jacuzzi et hammam privés), un sauna, un hammam, une salle de fitness, des salons de détente, et surtout, deux piscines (intérieure et extérieure) de 25 mètres de long avec vue sur une des trois terrasses panoramiques. Cela donne une idée des proportions. On y a passé des heures ! Il faut tout voir, tout tester, tout goûter (des figues fraîches et du thé en guise de casse-croûte).
Des soins bio
Le spa s'est associé à la marque Biologique Recherche qui utilise des extraits végétaux, à un niveau de concentration très élevé (supérieur à 20%): pas de parfum synthétique pour respecter la structure naturelle des composants. Les soins mettent l'épiderme au centre de toutes les attentions afin d'aider son autogénération. C'est une gamme assez exclusive qu'on ne croise que dans les palaces. J'ai pu tester le soin restructurant du visage , un soin tonique qui draine et repulpe la peau. Si les gestes sont énergiques et vivifiants, la douceur de la massothérapeute m'a permis de me relaxer entièrement. L'ambiance luxueuse et confortable n'y était certainement pas étrangère. Je me suis endormie.
La gastronomie, toujours la gastronomie
Pendant notre tour du propriétaire, nous sommes descendus dans le "salon fines bulles", là où se passent les dégustations. Les week-ends, des animations y sont également proposées pour les familles. Avec 250 références de champagnes, dont leur propre marque Leclerc Briant, la cave de l'établissement peut se féliciter d'être à l'image de ce qui se fait de mieux dans la région. Adossé à la bibliothèque dont la mezzanine a vue sur la réception, le salon est idéal pour siroter un petit apéro avant d'entrer dans le vif du sujet: le resto.
Il y a deux possibilités: la brasserie Bellevue et le Royal, fraîchement étoilé et dirigé par le chef Jean-Denis Rieubland. Je n’ai pas eu l'occasion de tester ce dernier, mais qu'à cela ne tienne, la brasserie ne m'a pas déçue ! Le service est de qualité et la nourriture est gastro. Pour un prix, somme toute très modeste compte tenu de l'envergure du décor. Le menu est à 39€.
Champagne, tu me reverras
Impossible de visiter tous les vignobles, toutes les caves et toutes les maisons en quatre jours. "Il faudra revenir !" L'offre de restaurants, de promenades, de villages typiques est infinie, sans parler du paysage qui se métamorphose avec les saisons. Les vignes luxuriantes au printemps, les vendanges en été, oui c'est sûr, il faudra revenir pour profiter de la douceur généreuse de cette région où tout est mis en oeuvre pour se détendre. Et sans une goutte d'alcool !