EN CAS DE CRISE D’ADOLESCENCE

Déjà maintenant, c’est à 30 ans. Les ados contemporains sont beaucoup plus malins que ceux de notre génération (quelle qu’elle soit). Ils sont mûrs et responsables, c’est-à-dire capables de configurer un ordinateur dans le noir avec deux bras dans le plâtre, aptes à télécharger n’importe quelle série interdite aux moins de 18 ans sur un site éphémère, et compétents pour soigner une gonorrhée avec des extraits de détergents (et du citron vert), grâce à des tutos en sanskrit. Quand ces petits génies connectés décident enfin de se comporter comme des enfants, ils ont déjà vingt-cinq, voire trente ans.

Vous kiffez

Marie, dans le livre, porte à 23 ans le poids d’une famille dysfonctionnelle. Au contact d’un notable usé par la vie mais subtilement bienveillant, elle construit sa propre charpente mentale. Vous aussi, vous venez d’un contexte familial complexe (une famille de tarés), et vous avez pas mal séché l’école. Sinon, vous ne seriez pas en train de lire un magazine féminin en prenant votre bain, mais de pratiquer des greffes de cœurs pro déo dans un campement des montagnes du Kurdistan. Sans interprète. Au lieu de quoi, vous venez de fumer un joint à la fenêtre en envoyant sur les passants des petits avions confectionnés avec vos PV pour stationnement interdit.

Comment vous reconnecter avec vos responsabilités ?

Rappelez-vous votre jeunesse, la vraie. Les sautes d’humeurs hormonales. Les éruptions cutanées (même cause). Fauchée tout le temps. Un look standard calquée sur toutes les filles de toutes les écoles de tout le pays, mais persuadée d’avoir inventé le jean et la basket. Etre obligée de vivre en société, en ravalant votre légitime misanthropie. Non, ça, vous devrez continuer. Soyez lucide : la jeunesse, c’est dépassé.