Le pull en cachemire de maman, le trench de papa, le joli sac de mamie... Quand le dressing traverse les générations, il sacralise souvent souvenirs et histoires de famille.
Emblématiques ou anecdotiques, zoom sur les pièces à transmettre à nos enfants.
Sept pièces exceptionnelles pour sept vêtements en héritage
Une pièce intemporelle
S’il en faut une, qui a toujours résisté aux caprices des tendances, c’est le trench. Sur tous les catwalks depuis des générations, il a été mille fois revisité, mais jamais dévalorisé. Si aujourd’hui on opte pour la version 80’s, à épaulettes, portée avec des escarpins, peut-être que notre fille le portera à l’envers avec les coutures apparentes (oups, ça a déjà été fait !).
Une pièce compliquée
Le genre de pièce incomprise, créative, démodable. Qu’on porte un certain temps et puis qu’on laisse dormir dans son placard pour la ressortir fièrement. Ici, la veste « mulet » d’Each x Other, portée sur un cycliste donne une dégaine de guerrière 4.0, forcément à ressortir dans dix ans.
Une pièce controversée
Parce qu’il y a des collections qui font l’histoire, qui marquent une saison, qui animent les conversations et qui donc ont quelque chose à raconter. N’importe quelle pièce de la première collection d’Hedi Slimane chez Céline fera l’affaire. En reprenant des modèles très inspirés de sa dernière collection Saint Laurent en 2016, le designer a fait couler beaucoup d’encre. Culte !
Une pièce d’aujourd’hui
On se voit déjà en train de rabâcher les oreilles de notre arrière-petite-fille : « Tu sais, à cette époque, c’était incroyable, c’était révolutionnaire ! », et de nous faire passer pour des ringardes (avec jubilation). « Révolutionnaire» est peut être un peu fort, mais nous mettrons beaucoup de passion à décrire la collection SS19 de Virgil Abloh pour Off-White : « Le sportswear de luxe était à son comble. On faisait même du running en talons ! »
Une pièce belge
Chauvinisme mis de côté, impossible de faire plus symbolique que la tansmission d’un vêtement qui représente si bien notre savoir-faire national. Cette saison, le créateur belge en vue, c’est Cédric Charlier. Difficile de choisir parmi ses pièces chics et légères mais celle-ci nous paraît une bonne idée...
Une pièce fétiche
On aurait pu aussi dire une pièce « usée jusqu’à la corde », mais ça n’a pas beaucoup d’intérêt si on veut la transmettre à notre petite-fille. On choisit donc une pièce qu’on adore et qu’on va porter souvent. Comme cette robe T-shirt en dentelle de chez Lutz Huelle que l’on associe à une paire d’escarpins, de sneakers ou de pantoufles.
Une pièce iconique
La veste en tweed de Chanel est réinterprétée depuis les années 50, c’est un incontournable de la marque et, forcément, elle figure en tête de notre wishlist testamentaire. Cette saison, on la porte façon bling avec ceinture dorée, collier à médaillon et tous nos bijoux par dessus.
Pièces à conviction
« Les vêtements nous transmettent leur histoire »
Eva Velazquez, créatrice
« Pour mes collections, j’essaie de refaire ce que les gens faisaient anciennement : des vêtements utilitaires, transmis de génération en génération, car les enfants faisaient souvent le même métier que leurs ainés. J’ai gardé précieusement les pièces que ma grand-mère fabriquait elle-même et qui racontent l’histoire de notre famille. En Espagne, les vêtements se passent de mère en fille et ont une haute valeur symbolique. J’ai d’ailleurs une très belle petite culotte en laine tricotée par ma grand-mère. Je l’ai reproduite et commercialisée pour continuer à la faire vivre. »
« Transmettre un vêtement, c’est symbolique »
Valy Bax, propriétaire de la boutique vintage Ramon & Valy
« J’ai de très belles pièces que je n’ai plus envie de mettre parce que je ne suis plus dans le “mood” alors je les donne à mes amis ou à ma fille, Charlotte. Avant, elle ne comprenait pas mes choix, mais maintenant, elle me pique toutes mes vestes des années 80. J’ai aussi des pièces phares. Je suis amoureuse de Saint Laurent et de Dries Van Noten, mes couturiers préférés. J’ai reçu de ma maman un Brillant de Delvaux. Quand elle a vu à quel point j’aimais les vêtements vintage, elle a compris que c’était une bonne idée de me l’offrir. Ce n’est pas pour rien que j’ai ouvert cette boutique, il y a 20 ans. »
« La transmission est plus une histoire de matière que de vêtements »
Rebecca Szmidt, diplômée de la Cambre et stagiaire chez Givenchy.
« Ma mère tient de sa mère un jean, qui a été retravaillé au fil des années selon l’évolution du corps, les prises et les pertes de poids, les maternités, etc. J’aimerais un jour le récupérer. Je suis très sensible au “boro”, une technique de réparation au Japon qui se construit à travers les générations, ce qui donne un effet patchwork très beau. C’est important qu’un vêtement ait une histoire et qu’on se demande qui l’a porté au fil du temps. »