Fin février, vous attendez le printemps de pied ferme ? Mais la mode a son propre tempo : les fashion weeks anticipent et se prépare à entrer, sur talon de 13, dans l’hiver et ses plaisir divers.

C’est quoi une fashion week ?

Les marques et les maisons présentent leur nouvelle collection, en showrooms ou lors de défilés, pour permettre aux acheteurs (des boutiques, pas les shoppeurs du samedi après-midi), de faire leurs commandes pour la prochaine saison. On montre aussi les futures tendances à la presse, pour faire mousser le désir. Quand quatre à six mois plus tard les pièces sont enfin en rayons, les fans sont mûrs pour céder à la tentation, qu’ils refoulent (plus ou moins) depuis des mois.

Le rythme des fashion weeks

Le premier contresens des « fashion weeks », c’est qu’aucune ne dure une semaine. De quatre jours pour Londres à neuf pour Paris, mais sept, jamais.

La mode se fiche des calendriers, elle présente ses manteaux épais par 40° en été lors de la Couture, et déshabille ses délicates nymphes en plein frimas, pour frimer.

Dans l’ordre, les collections que vous verrez dans 6 mois dans les vitrines, défilent à New York (mais plus beaucoup, cette fashion week-là est en perte de vitesse), à Londres, à Milan, puis à Paris, qui récupère un peu plus de ce beau monde chaque année.

En février et en septembre, pour découvrir respectivement l’hiver puis l’été, on lance les collections prêt-à-porter. Mille et une merveilles – et pas mal de resucées, aussi – imaginées par les studios de création les plus prestigieux au monde, les survivants des Couturiers, les artisans du rêve.

Mais d’abord, il faut traîner une valise du poids d’un poney au deuxième étage sans ascenseur de l’appartement d’une amie à la patience infinie.

New York Fashion Week

Le tempo

On l’a dit, la mode ne connaît pas de saisons, mais pas non-plus de dimanches, pas plus que d’horaires.

Les défilés commencent dès potron-minet, d’un point à l’autre de la ville, en plein embouteillages sinon ça n’est pas drôle, et le dernier de la journée, en comptant les trois quarts d’heures rituels de retard, finit vers les 22 heures.

Entre l’un ou l’autre, on case des visites de showrooms ou de salons – toutes les marques ne défilent pas, mais tout le monde est là – des rendez-vous journalistiques ou commerciaux, un lunch à gauche – mais on déjeune utile, avec des interlocuteurs et néanmoins amis du métier – un café pris debout à droite.

Une fashion week, outre les clichés glamour et les selfies essoufflés à essayer de cadrer sans les blogueuses de tous les continents rassemblées juste là, derrière vous, en cachant le logo de la marque, c’est une course effrénée, instructive et passionnante, mais il vaut mieux ne pas trop aimer dormir.

Comment assister à une fashion week ?

C’est un événement à priori réservés aux professionnels : acheteurs de boutiques et journalistes. Si vous êtes une star du hip-hop ou du cinéma, vous aurez sans doute votre place au premier rang. Mais on ne peut ni acheter de tickets ni en offrir pour un anniversaire (question qu’on nous pose souvent).

Les 4 grands rendez-vous de la mode

  • New York

Traditionnellement, c’est la fashion week de New York qui lance les festivités de ce mois marathonien deux fois par an. Elle est régie par le Council of Fashion Designers of America (CFDA) qui est présidé depuis 2019 par le créateur Tom Ford.

  • Londres 

La fashion week de Londres est celle qui réserve généralement le plus de surprises. Précurseuse et avant-gardiste, la capitale british a été la première à diffuser ses défilés sur Internet, à ouvrir ses shows au grand public ainsi qu’à bannir totalement la fourrure.

  • Milan

La fashion week de Milan, aussi appelée Settimana della moda, est la seule à présenter exclusivement des maisons italiennes. Elle est organisée par la Camera Nazionale della Moda Italiana depuis 1958.

  • Paris

Last but not least : c’est la Ville Lumière qui clôture le bal. La fashion week de Paris est gérée par la Fédération de la Haute Couture et de la Mode et présente aussi bien des créateurs français que belges.

Combien de temps dure un défilé de la Fashion week ?

Le show en lui-même excède rarement 15 minutes (en moyenne 50 silhouettes portées par des filles qui marchent au pas de charge, ça ne prend pas de heures). Mais en gros, assister à un défilé prend une heure : le temps de d’arriver, de se placer, de poireauter en bavardant avec ses voisins, puis d’accéder à la sortie à la seconde où la dernière fille clôt le final. Puis c’est la course pour arriver à temps au défilé suivant. Heureusement, il y a souvent des navettes.

Malheureusement, elles restent parfois coincées dans la circulation. Les rédactrices et clients VIP ont leur chauffeur, les autres se jettent sur des taxis ou dans le métro.

Est-ce qu’on peut acheter là tout de suite ce qu’on voit sur le podium ?

A priori, non. C’est le principe : l’acheteur commande, nous, on attend que la collection soit produite. peut-on acheter ce que l'on voit sur le podium ?

Est-ce qu’on peut assister à un défilé si on n’est pas du métier ?

A priori, ce n’est pas l’idée. En gros, une fashion week, c’est un grand salon qui dure une semaine, à visée commerciale et médiatique. Les places sont chères, et  réservées aux professionnels (et aux people pour faire monter le prestige de l’event, et cliquer les photos. )

Les clichés

Tourbillons de fringues, tunnel de mondanités et festival d’air kisses ? Ce n’est pas tout à fait vrai. Mais pas forcément faux.

“Le placement aux défilés devrait être géré par l’OTAN”

C’est vrai. C’est un attaché de presse en stress post-traumatique qui nous racontait encore récemment les enjeux stratégiques du rang et du chiffre figurant sur les invitations. Pour les grandes maison de luxes, ils sont menacés (« vous ne savez pas qui je suis ! » (maintenant, si)), intimidés. Suppliés. Ensuite, il y a les journalistes, les acheteurs, les influenceurs, qui s’assoiront n’importe où (temps de réflexion pour faire le plan de placement : 6 mois. Temps pour le fiche en l’air : 10 minutes). Les rédactrices et stars du hip-hop du front row, le front haut, se retournant pour demander à leurs copines derrière : « ah t’es au deuxième rang, comment ça se fait ? ».

New York Fashion Week

“On doit se pimper pour assister à un défilé”

Non, mais chez les rédactrices, c’est culturel. A Milan : on a l’air d’aller à l’opéra dès 8h du matin. Chignons et talons de 20 centimètres, de l’aube au coucher. A New York, on s’habille en hiver sous la neige comme s’il faisait 35°. A Londres, on est plutôt détendu, en patchworks de tendances, pour tomber sur la bonne. A Paris, on met un vieux jean, un vieux pull, et on fait la gueule, sauf si on est influenceuse : là, on s’habille comme pour aller à l’opéra (voir « Milan »).

New York Fashion Week

“Après les shows, tout le monde trottine en talons de 12 à des afters-party de dingues pour prendre des douches de champagne”

New York Fashion Week

Le cliché de la fin de journée

Dans nos rêves. En vrai, après une journée ou une semaine de défilés, on a les jambes qui rentrent dans le corps et on a vu tellement de vêtements qu’on a envie de vivre un mois à poil.

Le soir, plus personne n’est en état de picoler parce que tout le monde est déjà saoul de fatigue, et on crève de faim. Il y a bien sûr les irréductibles, les fêtards sur orbites, qui danseront jusqu’à l’aube et ramperont au premier défilé de 9h le lendemain. Mais neuf fois sur dix, on rentre bosser, en oubliant pour quelques heures ses escarpins dans un coin du couloir, coulée dans un jogging de molleton, à l’abri des regards.

Fashion Week

La réalité

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