On en parle partout, on l’appelle le « #MeToo à la française », ce groupe Facebook accusé de cyberharcèlement est plus qu’écœurant. Retour sur la polémique en cinq questions.
1. La Ligue du LOL, c’est quoi ? A la base, c’est un groupe Facebook privé comme on pourrait tous en avoir avec ses potes. On s’y envoie des blagues pas toujours très fines, des montages photos, des gifs, des memes… Il a été créé par le journaliste Vincent Glad dans les années 2000. Ses membres font partie de la petite élite parisienne, on y retrouve une trentaine de personnes, principalement des mecs. Ils sont issus du monde de la pub, de la com’ et de rédactions hype comme Vice, Usbek & Rica, Le Tag Parfait, Slate ou encore Les Inrocks.
2. Le problème ? Ils sont accusés d’avoir harcelé des féministes, des personnes de couleur, des gays… Beaucoup ont déjà avoué et certains journalistes ont d’ailleurs été mis à pied par leur rédaction : leur contrat est temporairement suspendu et ils ne sont pas payés pendant cette période. Si le groupe était privé, ce sont surtout les échanges publics qui sont visés. Des messages ont été envoyés sur Twitter par exemple, des faits de harcèlement se sont également passés dans la vraie vie.
3. Pourquoi maintenant ? Les faits auraient eu lieu entre 2009 et 2012 alors pourquoi l’affaire fait-elle parler d’elle aujourd’hui ? C’est une interview de Vincent Glad dans la presse sur les gilets jaunes qui serait le déclencheur. Certaines victimes de la Ligue du LOL ont alors reparlé du « club » et de son créateur sur Twitter. Trois jours après, le 8 février, Libération publiait un article dénonçant ce groupe Facebook. Et depuis, les témoignages s’enchaînent. Si certains ont tellement attendu avant de parler, c’est notamment parce que les membres de la Ligue du LOL ont du pouvoir. On parle ici de rédac chefs, de membres de la direction de certaines boîtes et les journalistes, souvent précaires, n’ont pas osé les contredire de peur de ne plus travailler.
4. Pourquoi l’affaire fait-elle tellement de bruit ? Parce qu’elle est symptomatique de plusieurs choses : le manque de diversité dans la presse, la culture du « gentlemen’s club », la difficulté de parler, même après l’affaire Weinstein, la banalisation du harcèlement… Pour les membres de la Ligue du LOL, les messages échangés sur le groupe Facebook étaient considérés comme de simples blagues. Des gars qui ne se rendent pas compte des conséquences et de l’effet de groupe. Les victimes, elles, estiment qu’ils leur ont pourri la vie. On espère que l’affaire fera évoluer les mentalités et qu’elle fera comprendre à toute une génération de mecs conditionnés par le patriarcat que photoshopper la tête d’une nana sur le corps d’une actrice porno, ce n’est pas ok.
5. Et en Belgique ? Une « Ligue du LOL » belge n’a pas été dévoilée mais il ne faut pas être naïf, ça existe. Et ça concerne l’ensemble de la société. Le harcèlement ne se limite évidemment pas au microcosme parisien. « Les insultes faites aux femmes journalistes existent depuis des années chez nous et selon la même mécanique : quand on insulte/agresse/harcèle des femmes journalistes, le but est qu’elles se taisent », explique Florence Hainaut à Moustique.