Venise, ville mythique et mystérieuse. Parmi les trésors d’Histoire qu’elle protège jalousement, celui de l’existence d’un jardin, situé à quelques ponts et ruelles de la somptueuse mais agitée place Saint-Marc. Un écrin de verdure suspendu entre ciel et mer, un jardin sauvage et secret au passé illustre. Un espace de liberté, un lieu rêvé où la nature s’épanouit, protégée des regards indiscrets par des murs ocres. Un jardin sur la lagune que l’on a visité.
Il est là. On peut le sentir grâce à ses parfums de fleurs et de végétaux qui se mêlent à la brise salée. Il est juste là, à quelques pas, au bout d’un petit pont, caché derrière une porte en bois vert. On s’apprête à pénétrer dans le jardin d’Eden, sans jeu de mots mais simplement du nom de son créateur Frederic Eden, un Anglais un peu fou, las de sa vie oisive et qui acquiert le jardin en 1884. Il y fera bâtir une villa et, avec l’aide de sa femme Caroline, y aménagera un jardin à l’anglaise, malgré le défi que représente l’horticulture sur une terre vaseuse balayée par un vent de mer.
Au décès de ses propriétaires, le jardin sera vendu de Sir en princesse. Il subira les ravages de la Seconde Guerre mondiale, renaîtra de ses cendres, sera classé Monument national en 1945, passera entre les mains d’un peintre et architecte autrichien au nom imprononçable de Friedenreich Hundertwasser Regentag Dunkelbunt. Un pionner qui avait pour principe la dominance de la nature et qui vouait un grand amour aux plantes sauvages. Raison pour laquelle il laissa la végétation se développer dans le jardin de manière - dira-t-on - incontrôlée. Lorsqu’on pousse les portes des lieux – encore aujourd’hui - on est immédiatement frappé par tout ce vert, par les branches et les feuilles qui forment des voûtes ombragées, par les chemins qui s’effacent sous la mousse et les racines des arbres. Le jardin n’est pas abandonné, il est libre. Pour s’en imprégner il suffit de contempler la nature reprendre ses droits, assise sur un banc dans le jardin d’Eden.
Si on a pu goûter à la sérénité des lieux c’est grâce à la curiosité et la persévérance de Christine Nagel, parfumeur d’Hermès. L’histoire de ce jardin lui a été contée et est venue titiller les origines italiennes du nez. Pour arriver à pousser la porte de ce lieu fantasmé, elle a dû franchir des obstacles et déjouer des refus. Jusqu’à une matinée ensoleillée d’hiver où elle fit la découverte de ce jardin sur la lagune qui inspirera la nouvelle création éponyme de la Maison.
Elle explique avoir été instantanément séduite par ce jardin endormi, très grand et très vert. Par la nature simple qui a su résister au temps, à l’air et à l’eau salée. Les sensations et les émotions ressenties lui ont donné l’envie de créer un jardin doux, un parfum à partager qui offrirait à ce lieu hors du temps une vie nouvelle.
Un Jardin sur la Lagune est un parfum composé de notes florales aériennes mariées à la douceur des muscs blancs et des bois, une évocation de magnolias, de pittosporums, de lys de la madone équilibrés par les embruns des bois et des racines.
Cette nouvelle fragrance vient compléter la collection des Parfums-Jardins initiée par Jean-Claude Ellena en 2003 et comprenant déjà cinq créations. Il s’agit de parfums singuliers créés en hommage à des espaces de liberté et de nature. Des jardins rêvés.