On le pensait fini, oublié, balayé par le flux incessant de nouveautés aux packagings ludiques et aux textures toujours plus sensorielles et pourtant, il fait un come-back fracassant ! Pas has been pour un soap, le savon solide est plus cool que jamais. Chronique d’un succès mérité.
Il était une fois …
Il y a plus de 4.500 ans. On l’associe à l’époque de nos grand-mères et pourtant l’invention du savon remonte à l’Antiquité et est attribuée aux Sumériens (premier peuple de Mésopotamie). Enfin, quand on parle de savon à cette période, il s’agit plutôt d’une pâte savonneuse composée de graisses animales et de carbonate de potassium qui était utilisée pour soigner des maladies de peau et non pas pour se laver. Les égyptiens l’adapteront et s’en serviront pour laver le linge. Ce sont finalement les Romains, au XIe siècle avant J.-C., qui seront les premiers à l’utiliser comme produit d’hygiène corporelle.
Depuis, le savon a tracé sa route à travers les siècles, les civilisations et les peuples, il a continué d’évoluer en termes de composition et de formes jusqu’à attérir dans nos salles de bains du XXIe siècle. Si le savon séduit toujours aujourd’hui, c’est qu’il a su dépoussiérer son image à coups d’arguments béton.
Le petit jeu de l’étiquette
Eva Jacobs et son mari Francesco sont les fondateurs d’Indigène, une marque bruxelloise de cosmétiques et de savons traditionnels naturels. Lui est pharmacien de profession et exerce toujours aujourd’hui, elle est diplômée de sciences biomédicales option toxicologie, et depuis toujours ils portent un grand intérêt à ce qu’ils consomment tant dans leur assiette que dans leur salle de bains. Le savon, ils tombent dedans en 2013. L’idée commence à germer après quelques lectures d’étiquettes. « Cela fait longtemps que j’utilise du savon solide. Adolescente, un jour, mes parents ont annoncé que le gel douche, c’était fini, et que désormais, on utiliserait du savon solide pour des raisons écologiques. ça ne m’a pas dérangée, après tout, ça lave tout aussi bien, c’est juste un changement d’habitude », confie Eva.
Mais attention, il y a savon et savon. Si tous font le job de laver, certains ne prennent ni soin de la peau ni de la planète … « Pendant des années, j’ai utilisé des savons industriels fabriqués par de grandes marques, mais quand on s’intéresse à la compostion de ce genre de produits, il y a de quoi être surpris. » Et pas dans le bon sens, évidemment. Outre les emballages en plastique, certains produits contiennent de très grandes quantités de graisses animales, d’innombrables conservateurs et autres joyeusetés chimiques.
« Le savon est un produit relativement simple à fabriquer or parfois ,la liste des ingrédients que l’on retrouve sur les produits industriels est très longue et la plupart sont inutiles à la fabrication du savon voire franchement pas très bons pour la peau. »
Du coup, en 2013, par envie et par curiosité, le couple décide de se lancer dans la création de savons maison pour sa consommation personnelle et réussit sa première saponification à froid qui est une méthode artisanale permettant de produire des savons surgras riches en glycérine végétale, ingrédient qui favorise l’hydratation de la peau et donc sa douceur et son élasticité. « Nous étions contents du résultat obtenu. Petit à petit, on a amélioré la recette et on a commencé à en parler autour de nous, à en offrir à nos proches et leurs feed-back étaient positifs. » Alors, l’idée a doucement fait son chemin …
Du Cambodge à Bruxelles
C’est lors d’un voyage en Asie que les apprentis savonniers réfléchissent à un nom pour leur petite entreprise. « Indigène est un clin d’œil à ce voyage qui a aussi été un élément déclencheur dans notre envie de changement, notre désir d’apporter des offres de consommation plus respectueuses de la planète et du consommateur et aussi un écho à la composition de nos produits. En réalité, on connaît mal le sens réel du mot indigène qui veut tout simplement dire “qui est local”. Et dans la mesure du possible, nous privilégions toujours les ingrédients locaux dans la fabrication de nos produits cosmétiques et de nos savons. » Les pains de savon Indigène sont naturels, vegans, réalisés à partir de matières premières certifiées bio, sans huile de palme, sans huiles minérales et sans conservateurs.
Le savon, il a tout bon
Quand on demande à Eva pourquoi le savon traditionnel, ce produit old school et pas très glamour à l’origine, redevient à la mode, sa réponse est limpide : « Parce qu’il n’a que des avantages. » À l’heure où nos modes de vie et de consommation sont plus que jamais remis en question à cause de leur impact sur l’environnement, le savon incarne à merveille cette nécessité de changement. Le savon – s’il est composé d’ingrédients naturels, créé dans une logique écoresponsable avec des emballages recyclés et recyclables et acheté via un circuit local – est bon pour la peau et la planète.
« Aujourd’hui, il y a un renouveau du savon et des produits solides en général. Cet engouement, je le ressens. C’est vraiment en train de prendre de l’ampleur. Il est évident que l’on ne peut plus consommer comme avant, sans réfléchir à l’impact des produits que nous utilisons. On ne peut pas ne pas y penser, ne pas penser à l’après, aux conséquences. Le savon est un produit efficace, zéro déchet, facilement transportable, car il ne coule pas, il dure bien plus longtemps qu’un gel douche, il est donc économique, il ne contient pas de plastique, pas de conservateurs, n’est pas bourré de produits chimiques… s’il est bien fait. »
Pourtant, certains rechignent à tenter l’expérience. Le savon solide, c’est vieux, c’est moche et ils n’aiment pas ça. « C’est vrai que certaines personnes trouvent que le renouveau du savon est un signe de retour en arrière, alors que pas du tout. Il existe un monde de différences entre un savon réalisé du temps de nos grand-mères et un savon Indigène. On a pris le meilleur d’antan et on l’a mixé avec les connaissances actuelles pour en faire un produit efficace, pratique et contemporain.
En réalité, le savon d’aujourd’hui est un produit nouveau, repensé et reconçu avec les avantages des avancées technologiques de notre époque. On est capable de le colorer avec des poudres de plantes, de l’argile, de le rendre plus joli, plus à la mode et vraiment attractif pour le consommateur en termes de visuel et de parfum. Après avoir utilisé pendant des années des gels douche, passer au savon solide est juste un changement d’habitude, mais ce n’est pas contraignant pour autant. » L’essayer, c’est l’adopter !
Plus d'infos sur les produits Indigène et les points de vente sur www.be-indigene.be ou via info@be-indigene.be
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