Puisque le Vintage et la récup’ sont la nouvelle tendance up-cyclée, on ne sait plus à quelle mode se vouer. Suivre ou précéder, chacun sa philosophie du edgy, du moment qu’on s’y adonne mode-stement.

Vouloir être à la mode, c’est ringard

Le problème avec les modes – parce qu’elles sont plurielles – c’est que le temps qu’on les ait repérées, analysées avec circonspection, critiquées sur les autres et enfin adoptées, elles sont déjà galvaudées.

Comment on était branché, avant ?

Déjà, on évitait d’en parler : on avait la hype (qu’on prononçait « aïp ») ou on ne l’avait pas. On s’offrait un ou deux accessoires par saison pour upgrader ce qu’on avait déjà dans le placard, et on craquait de temps à autre pour une pièce forte.

On arrachait les pages des magazines, et on imitait les stars. Dans le miroir avant de sortir, on crevait de fierté.

Comment on est pointue, maintenant ?

On est obsédée par la nouveauté, et quand on chope une pièce un peu waw, on le fait savoir à la Terre entière. On est hype mais on prononce « hipp », et on est personnellement responsable de la destruction d’un huitième des ressources de la planète. On clame à longueur de soirées arrosées de vin bio que la société de consommation est la cause de tous les maux de l’époque, puis on court acheter un pull synthétique qui sent le dissolvant. On est contente : ce n’est pas de la laine, on a évité l’exploitation d’un mouton. On en est devenu un, mais on ne le sait pas.

Parfois dans un sursaut de lucidité, on louche sur l’avant-garde, mais on trouve vite ça dispendieux. Alors on revient aux valeurs sûres : le vintage anti-fashion, la neutralité chic, le menton au-dessus des tendances. On s’inspire d’influenceuses à 900k entièrement sponsorisées, pour espérer trouver notre identité propre, et on tire la tronche devant le miroir pour faire des selfies.