Faire la rebelle, c’est dépassé

Las, il est loin, le temps des Sans Culottes et des punks (quand on avait de la chance, c’était les deux à la fois). Les soixante-huitards sont passés des pavés au caviar, et sur nos écrans, les nouveaux mouvements sociaux ressemblent plus à des scènes de baston Marvel qu’à des concertations durables. Qu’est-ce qui est jaune et qui attend ?

Comment c’était avant ?

Quand on poussait un coup de gueule, on était en minorité. Ce qui était beaucoup plus élégant : l’élitisme, fût-il intellectuel, n’était pas viral sur Internet. On écrivait ses idées réformatrices sous forme de roman d’anticipation, on chopait un Goncourt, et le temps de finir au Panthéon, on était passé de l’autre côté de la rébellion. C’est-à-dire qu’on avait commencé à payer des impôts.

Comment nos contestations ont-elles évolué ?

Comme la bonne conscience en fine couche et le pâté de noix écrasées vegan à la place d’une bonne terrine forestière, le politiquement correct a gagné la bataille du libre arbitre. On ne peut plus rien dire d’un peu second degré, sauf si on est cynique et nihiliste, auquel cas on passe à la télé, mais on n’a quand même plus le droit de fumer sur le plateau. Le plus important, c’est d’être liké et de rallier, plus question d’être aimé et de râler.