Faire régime, c’est has been

Ecrire « has been aussi », d’ailleurs. Le nouveau credo du beau, c’est que tous les corps sont admirables. On vient donc d’investir dans une friteuse à double compartiments, un pour les tempuras du déjeuner (cinq fruits et légumes par jour, ils n’ont pas dit comment les cuire), et un pour les churros du dessert.

Comment on s’affamait avant

Les diètes aussi ont leurs modes. Nos préférées étaient les plus fantaisistes ; les moins efficaces, aussi. Le régime chocolat, le régime crème et lardons, ce genre. La VHS de fitness de Cindy Crawford était coincée dans le magnéto depuis deux ans mais on s’en fichait, on avait le câble. Affalées dans le canapé, on s’offrait des stimulateurs électriques au télé-achat et pour fêter ça, on reprenait de la crème glacée aux bretzels-pralinés.

Comment on vit sainement maintenant

On ne mange plus de nourriture. On préfère les substituts (« ce tofu goûte la dinde aux truffes, tu ne trouves pas ? ») et la soupe aux fanes de carottes, qui n’ont pas souffert. On broute en faisant semblant d’aimer ça des graines en salades, avec de l’huile de fruits à coques dont on n’avait pas entendu parler il y a six mois. On est devenus des lapins. Uniquement dans l’assiette, c’est dire si on s’est plantées. On a la conscience tranquille, le teint diaphane, les joues creusées, le cuissot galbé à force de se baisser pour se bourrer de biscuits à l’huile palme, en loucedé, dans le fond honteux du placard, quand tout le monde est couché. La côte de bœuf sauce foie gras, c’est notre nouvel érotisme refoulé, notre indicible graal.