Voyager loin, c’est désuet

Explorer des contrées éloignées tels des explorateurs de l’extrême, faire l’Amérique du Sud sac au dos à l’ombre de la Cordillère des Andes, prendre un billet de train ouvert sur l’Europe pour trois francs six sous, et rapporter accessoirement en guise de souvenir des amibes ou une innocente maladie vénérienne, c’était le cliché d’une jeunesse épanouie.

Nos diapos de vacances d’avant

On se moquait de notre empreinte carbone, du moment qu’on pouvait photographier nos empreintes dans le sable blanc de quelque île sauvage où même la prod de Kho Lanta n’oserait pas aller. On ne voyait aucun mal à payer nos billets d’avion 9.90€ (offre d’un célèbre transporteur irlandais, moins cher qu’un café à l’aéroport). On traversait le globe à longueur d’année, un week-end à New-York pour fêter un anniversaire, trois jours à Berlin pour prolonger une gueule de bois, en se demandant comment faisaient nos grands-parents pour se cantonner au camping de Blankenberge, deux semaines par an.

Nos stories Instagram de maintenant

Par scrupules écolos, on voyage local. Littéralement, ce sont les « holidays in », versus les « vacances out ». On part en agritourisme au coin de Quiévrain, on se fait les châteaux de la Loire en roulotte. Quand on poste une photo prise au soleil couchant sur la plage des sables d’Olonne (deux mille personnes et autant de mégots au mètre carré), on cadre serré, et puisqu’il fait moins beau qu’à Saint Barth, on met un filtre orange de Floride. On a le beurre (de karité) et l’argent de la crème solaire : c’est bon pour l’environnement, et les clics sont saufs.