Nostalgie bien ordonnée commence en fashion week
Même les revivals s’enrichissent des codes de la modernité. Les pattes d’éph’ d’aujourd’hui ne sont pas des copies littérales des modèles seventies, ils ont changé de noms – question de flare – de coupes et de proportions. On pourrait considérer qu’on ne réinventera plus la jupe, et qu’après soixante ans de prêt-à-porter, quelques réinterprétations sont inévitables. Mais derrière chaque plébiscite de tendance vintage, s’exprime d’abord un questionnement sociétal. Laurent Dombrowicz, journaliste, styliste et consultant, décrypte l’évolution de la mode, de son avant-garde à ses turpitudes marketées. Observateur des tendances émergentes/récurrentes, il porte un regard nuancé sur leurs cycles, rappelant qu’ils sont multiples et concomitants : « il existe évidemment des cycles dans la mode, mais il faut distinguer les courts des longs, comme pour les machines à laver. Les cycles longs, qui durent 20 à 25 ans – soit une génération – sont les plus naturels.
Par exemple, la collection Versace Tribute PE2018, réédition presque à l’identique des modèles iconiques des collections de 1991 à 1995, ou la réédition de la collection grunge pour Perry Ellis de Marc Jacobs en 1992, ont un sens générationnel, malgré leur style très différent ». Baroque-glam’ d’un côté, provoquant jusqu’au scandale, de l’autre. Mais pour Laurent Dombrowicz, « il y a une légitimité à faire redécouvrir 25 ans plus tard le point de vue fort de collections qui, de surcroît, avaient déjà eu beaucoup de succès ». Des rappels d’héritages qui émaillent toute l’Histoire de la mode contemporaine et d’autant plus suivis, qu’ils font référence à des mouvements idéalisés par les générations qui ont suivi.