Des cycles qui témoignent des aspirations de l’époque
Outre les grands clichés historiques – voir les ultra-épaulettes pour l’été prochain chez Balmain qui continue d’assimiler les assertives années 80 pour les moderniser, les executive women ayant abandonné les brushings survoltés ou les nuques rasées – la mode fait tourner ses propres cycles. Sonja Noël a fondé Stijl il y a trente-cinq ans, première boutique de créateurs belges à Bruxelles, dans la rue Dansaert qui allait devenir le cœur de l’Ecole belge en matière de mode. Elle a vu défiler plusieurs générations de créateurs, et les tendances se succéder en se marchant parfois sur les pieds. Selon son analyse, la mode avancerait comme les coups de pédales d’un vélo : quand une tendance est en haut, une autre redescend, et alternativement. « Par exemple, quand tout le monde veut du sportswear, les marques couture restent momentanément dans l’ombre. Puis on revient à une envie de tayloring, et des maisons comme Tim Van Steenbergen ou Dries Van Noten, qui proposent des pièces plus construites, reviennent sur le devant de la scène.
De même, chez Y/Project avec ses coupes singulières et expérimentales, ce sont les modèles avec une touche couture qui fonctionnent le mieux. Prenons le noir : des maisons comme Ann Demeulemeester, avec ses superpositions et ses partis pris noir et blanc, ont eu un immense succès pendant très longtemps. Maintenant, on veut de la couleur, mais je sais que ses coupes parfaites vont revenir, et que sur le long terme, c’est cette rigueur qui l’emportera ».