Les leftovers, ce sont les restes. La matière première inutilisée, 10% au moins de la production destinée à l’industrie du textile, sera finalement détruite. Heureusement, Lucille Léorat est là.

Elle détricote les paradoxes de la mode depuis vingt ans, dont seize à officier à la direction artistique d’Eric Bompard. Elle maîtrise le cachemire comme une langue maternelle, connaît chaque recoin de la Mongolie, a écumé les meilleures filatures du Sichuan. Lucille jongle avec la laine et les couleurs, elle a même inventé des mailles, une à l’envers, toujours au bon endroit. Intarissable à propos de cette matière noble et naturelle, la créatrice-entrepreneuse vient de lancer sa propre marque, un jeu de mots, un jeu de mains, elle tire le fil des défis de notre époque, avec une implication qui nous tient chaud.

Puisque la mode surproduit et surconsomme, Lucille se surpasse, et récupère ces matières premières inemployées, s’entoure d’artisans chevronnés, et valorise cette laine précieuse, en collections pleine de cœur et d’esprit.

L/overs s’affranchit des règles du système de la mode

et rompt le cycle infernal des collections qui se succèdent, se démodent, se bradent et se jettent (parfois tout en même temps). Lucille Léorat conçoit ses pièces en fonction des matières qu’elle a à disposition (et non le contraire), les plus belles, celles qui ont failli faire les frais de surplus accumulés, et elle leur redonne vie. Ses modèles sont transversaux, parfois unisexes, basiques, efficaces, et sa communication hilarante « votre grand-mère avait raison, les restes, ça s’accommode », ou « deux pulls pour le prix de même pas un ». Il y a du second degré dans cette jeune marque prête à faire jouer aux tricots leur seconde manche.

L/overs est une marque responsable et éthique

qui minimise son impact environnemental, et refuse l’obsolescence programmée. Lucille Léorat, créatrice prolixe et engagée, n’est pas près de se laisser tondre la laine sur le dos.