Travailler dans la mode, c’est bien. Mais pouvoir réellement en vivre, c’est encore mieux. Focus sur les métiers les plus porteurs de la fashion-sphère.
Lorsqu’on rêve d’une carrière dans la mode, on s’imagine souvent - à tort - que les possibilités se limitent à être rédactrice, styliste ou directeur artistique. Ces carrières fantasmées et ultra médiatisées ne sont en réalité qu’une infime partie d’une industrie colossale. Puisque n’est pas Anna Wintour ou Karl Lagerfeld qui veut, il est important d’élargir ses horizons et de découvrir d’autres métiers parfois oubliés et souvent méconnus du grand public. Quelles sont les professions les plus demandées ? Celles en pénurie ? Et celles qui vont voir le jour ? Tour d’horizon d’un milieu en constante évolution.
Des opportunités diverses
Conception, production, commerce, merchandising, marketing, communication, publicité… Les secteurs de la mode sont bien plus variés qu’on ne l’imagine. Si les places de directeur artistique sont rares et très prisées, les opportunités d’évoluer dans d’autres segments de l’industrie de la mode sont, elles, bien réelles. Selon Philippe Zmirou, directeur de l’école Esmod Isem Roubaix, les professions les plus sollicitées se répartissent de la manière suivante: 39,68% pour les métiers liés au développement, au marketing produit et à la communication, 30,95% les métiers du style et de la création et 29,37% les métiers du commercial.
Du côté de la création, les métiers de styliste ou directeur artistique restent ceux qui offrent le moins de postes tant la demande est grande. Profession souvent méconnue, le modéliste travaille en étroite collaboration avec l’équipe stylistique. C’est lui qui donne vie aux idées du directeur artistique à travers ce qu’on appelle des prototypes en se basant sur un cahier des charges et des croquis. En Belgique, plusieurs écoles proposent cette formation: Haute Ecole Francisco Ferrer (Bruxelles), HELMo (Liège), Atelier Lannaux (Bruxelles), mais aussi un apprentissage en alternance via le centre de formation bruxellois EFP. Cette dernière option consiste à combiner des périodes de formation générale et professionnelle à l'école avec des périodes de stage pratique en entreprise, un avantage considérable qui permet d'acquérir une première expérience et être au plus près de la réalité du marché du travail.
Une fois le vêtement créé, une multitude de professions prennent le relais pour en assurer la commercialisation et le marketing. On compte parmi eux les acheteurs, chefs de produit, responsables logistique, brand manager, directeurs commercial… Ceux-ci sont de plus en recherchés et sortent soit d’écoles de commerces traditionnelles, soit d’écoles de mode privées spécialisées dans le marketing et la communication (IHECS Academy et ModeDesign Academy à Bruxelles; ISEM, ISEFAC et IFM en France).
Dans un autre registre, les métiers du visuel ont eux aussi le vent en poupe. En première position: le visual merchandiser. C’est en grande partie grâce à lui (ou à cause de lui, tout dépend du portefeuille) qu’on entre dans une boutique. Tel un metteur en scène, le visual merchandiser conçoit les vitrines et organise les points de vente pour mettre en valeur les produits et attirer le client. Un profil très recherché à l’heure où la concurrence de l’e-commerce frappe de plein fouet les boutiques physiques qui doivent redoubler d’ingéniosité pour se démarquer. Autre fonction liée à l’image: celle de styliste personnel (ou « personnal shopper ») qui est de plus en plus demandée, autant par les maisons de luxe que par les sites de vente en ligne comme le prouve Zalon, le nouveau service lancé par Zalando.
Enfin, l’ouverture du marché à l’international et la montée en puissance de l’e-commerce offrent aujourd’hui de nouvelles perspectives d’avenir pour ceux qui désirent faire carrière dans la mode. Pour gérer leur distribution à l’étranger, les marques font appel à des directeurs de boutiques ou de corners. Ils sont souvent issus d’écoles de commerce ou de marketing (Bac+5) et maîtrisent plusieurs langues. Le métier de vendeur est également une option à envisager si vous désirez gravir les échelons et accéder au titre de responsable de magasin, car l’expérience est un atout majeur dans le milieu du retail.
Les métiers de l’ombre
D’ici 2026, 10 000 emplois seront à pourvoir dans le secteur de l’habillement et du textile (*d’après le groupement professionnel Mode Grand Ouest). Nos voisins français estiment d’ailleurs que l’industrie de la mode renouvellera 30 à 50% de ses effectifs dans les sept prochaines années. Et les premiers à être en ligne de mire ne sont autres que les “petites mains” des ateliers. Modéliste, coupeur de tissu, mécanicien, patronnier-gradeur, corsetier, tailleur, brodeur, chapelier… Tout ce petit monde désormais âgé est sur le point de partir à la retraite. Il va donc falloir assurer la relève et transmettre leur savoir-faire à la nouvelle génération. À bon entendeur…
Et dans un futur (très) proche ?
Intelligence artificielle, réalité virtuelle, impression 3D… Notre façon de concevoir, mais aussi de consommer la mode a énormément évolué cette dernière décennie. Et en toute logique, ce lien de plus en plus étroit avec la technologie a donné naissance à de nouvelles professions. Si dans le domaine du digital c’est le métier de codeur qui remporte haut la main la palme de profession d’avenir, la mode flirte elle aussi de près avec le monde des “geeks”. Ingénieur d’impression 3D, data scientist, spécialiste de réalité augmentée... Ces termes ne vous évoquent sans doute pas une carrière dans la mode et pourtant ils sont en passe de devenir les nouveaux “fashion” eldorados.
L'émergence de technologies portables et de matériaux intelligents voit apparaître des ingénieurs en recherche et développement de tissus, tandis que la préoccupation grandissante des consommateurs pour l’écologie et l’éthique amène les entreprises à se tourner vers des experts en durabilité et des éco-concepteurs.
Autre facteur: la concurrence accrue qui règne dans le milieu de la mode pousse maisons de luxe comme enseignes de fast-fashion à remettre le client au centre de toutes leurs préoccupations. Pour les aider à comprendre ce que celui-ci désire/pense/attend/achète/aime, les marques s’arrachent désormais les services de social manager, customer relationship manager (en charge de la satisfaction et fidélisation des clients), responsable de communication web, responsable administration des ventes... Autant de nouvelles pistes à envisager si vous rêvez de décrocher un job dans l’industrie de la mode.
Les formations :
- Stylisme-modélisme
La plus part du temps les formations durent 3 ans et sont accessible à tous les détenteurs du C.E.S.S. Cependant, certaines écoles organisent un examen d’entrée.
École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre (Bruxelles)
École de Promotion Sociale Saint-Luc (Bruxelles)
Haute École Francisco Ferrer (Bruxelles)
Atelier Lannaux (Bruxelles)
École Supérieure des Arts Saint-Luc (Tournai)
HELMo Mode (Liège)
Château Massart : formation en cours du soir
Académie Royale des Beaux Arts d’Anvers
Académie Royale des Beaux Arts de Sint-Niklaas
Académie Royale des Beaux Arts de Gand
Les débouchés : styliste, modéliste, créateur, directeur artistique, costumier, accessoiriste, directeur de studio, designer textile, responsable produit, acheteur, responsable qualité, …
- Marketing-communication
Malheureusement, on trouve encore peu d’écoles de commerce spécialisées dans la mode en Belgique. Il s’agit souvent de formations courtes accessibles après un bachelier ou un master, à moins de traverser la frontière.
IHECS Academy (Bruxelles) : formation en communication et marketing de luxe, durée de 3 mois en cours du soir
ModeDesign Academy (Bruxelles) : master en management de la mode et du luxe
Antwerp management school (Anvers) : master en management international de la mode
ISEM (Roubaix) : bachelier en stratégie commerciale et communication mode
Les débouchés : acheteur, chef de produit, attaché de presse, rédacteur mode, responsable développement, responsable de production, visuel merchandiser, responsable marketing, directeur commercial, …