C’est la nouvelle sensation d’Hollywood. Margot Robbie, actrice surdouée, productrice engagée et égérie Chanel, incarne Elisabeth Ire dans « Marie Stuart, reine d’Écosse ». Portrait en majesté.
A 28 ans, Margot Robbie peut se vanter de vivre une ascension fulgurante. Elle a gravi les marches de la gloire – dont on peut vite dégringoler – avec un talent fou et la détermination propre aux Australiennes qui s’attaquent à Hollywood, la colline des vanités. Chez cette actrice au physique qui rappelle l’âge d’or du cinéma américain, ni tricherie ni mièvrerie. Juste un sourire dont la franchise tient lieu de charisme. Margot est cash, sympathique, drôle, tournée vers les autres. Notre nouvelle meilleure amie ? Revenons à la réalité, à savoir son palmarès hallucinant.
Avant d’obtenir, en 2018, une nomination pour l’Oscar de la meilleure actrice dans « Moi, Tonya », de Craig Gillespie, elle fut révélée par Martin Scorsese dans « Le Loup de Wall Street » en 2013. Avec Leonardo DiCaprio, toujours, et Brad Pitt, elle vient de tourner dans « Once Upon a Time in Hollywood », le prochain long-métrage de Quentin Tarantino (en salle le 14 août). Enfin, en février dernier, la nouvelle égérie Chanel était à l’affiche de « Marie Stuart, reine d’Écosse », de Josie Rourke. Un film sur les rivalités qui opposèrent Marie la catholique à Élisabeth Ire, cheffe de l’Église anglicane. Un costume dans lequel se sont déjà glissées Bette Davis, Judi Dench et, bien sûr, Cate Blanchett. Qu’on se le dise, le grand cinéma vient de se trouver une nouvelle reine : Margot Robbie. God Save the Queen !
Une enfance australe
Née dans la petite ville de Dalby, dans le Queensland en Australie, Margot Robbie est une enfant de divorcés qui partage son temps entre la ferme de ses grands-parents maternels et Southport, une charmante bourgade de la Gold Coast, spot de surf connu pour ses soixante kilomètres de plages. L’actrice se souvient des disputes avec ses frères, Lachlan et Cameron, et sa sœur aînée Anya. Elle se demande encore : « Comment notre mère a-t-elle tenu ? Nous étions quatre enfants insupportables ! Elle nous élevait et travaillait comme kinésithérapeute. Son énergie est intacte, elle me bluffe. Ma mère est mon moteur et mon modèle inaccessible. » Avec ses premiers cachets, Margot Robbie s’est empressée de rembourser le prêt qu’avait contracté sa mère pour l’achat d’une maison.
La révélation
Chez les Robbie, on regarde beaucoup de vidéos. « À l’époque, j’avais une passion pour Goldie Hawn, je regardais ses films en boucle. J’aimais bien aussi “Le Cinquième Élément”, de Luc Besson. Je ne savais absolument pas qui étaient Martin Scorsese, Wes Anderson, Jacques Audiard... J’ai découvert “Citizen Kane”, d’Orson Welles, bien plus tard. »
Autour d’elle, personne ne travaillait dans le milieu du cinéma, rien ne laissait présager qu’elle deviendrait une actrice. Un jour, elle voit à la télévision une jeune fille lui ressemblant qui récite un dialogue de manière qu’elle juge très plate. Margot Robbie se dit : « Je pourrais en faire autant, et même mieux. » C’est le déclic. Elle a 17 ans, elle vient de terminer le lycée et elle décide de tenter sa chance à Melbourne.
Les débuts
Il fallait une sacrée dose d’audace pour partir seule dans une ville où elle ne connaissait personne. « J’avais très peur, c’était un saut dans l’inconnu. En cas de coup de blues, impossible de rentrer chez moi le week-end. C’était trop loin. À Melbourne, j’avais l’impression d’être à l’étranger. » Elle survit grâce à des petits boulots, travaille notamment pour la chaîne de restauration rapide Subway et, à force de ténacité, décroche lors d’un casting un rôle dans une série australienne devenue culte : « Les Voisins ». Pendant deux ans et demi, Margot apprend le métier et comprend qu’elle aime non seulement la caméra, mais aussi le travail en équipe. Elle sait que « Les Voisins » n’est qu’une étape. Elle doit aller plus loin. Elle s’exerce à prendre l’accent américain avec un coach et s’envole pour Los Angeles...
Le rêve américain
Arrivée à Hollywood, elle constate : « En Amérique, je n’étais plus la petite fille que j’étais à 17 ans. J’avais moins peur qu’à Melbourne. » Avait-elle un plan B en cas d’échec ? « Vous plaisantez ? J’avais demandé aux scénaristes des “Voisins” de tuer mon personnage pour être sûre de ne pas devoir revenir en Australie. La page était tournée. » Elle décroche un rôle dans la série « Pan Am », qui s’arrêtera à la fin de la première saison. En hôtesse de l’air de la compagnie d’aviation, Margot vole la vedette à sa partenaire Christina Ricci. Jolis débuts... Mais c’est sa rencontre avec Martin Scorsese qui va tout changer. Le réalisateur cherche une jeune femme pour incarner l’épouse du « Loup de Wall Street » interprété par Leonardo DiCaprio. Deux plans vont forger la légende de Margot Robbie. Lors du casting, alors que Leonardo DiCaprio ne s’y attend pas, l’actrice le gifle pour exprimer l’exaspération de son personnage. Scorsese saute de joie. Sur le tournage, le couple s’adonne à un jeu très osé qui n’est pas sans rappeler THE scène de « Basic Instinct ». La machine s’emballe, Hollywood a trouvé sa nouvelle Sharon Stone. Mais contre toute attente, Margot Robbie file en Angleterre...
Saltimbanque et cheffe de bande à Londres
Vous ne la verrez jamais se réfugier dans sa caravane entre deux scènes. Elle déteste la solitude et préfère échanger avec toute l’équipe. Lorsque « Suite française », de Saul Dibb, est présenté en avant-première à Londres, la joyeuse bande du tournage décide de ne plus se séparer. Ils louent une grande maison dans le quartier de Clapham où ils ont pour voisins Vivienne Westwood, Jason Statham et l’irrésistible Joanna Lumley. Une expérience communautaire qui se soldera par un... mariage. En décembre 2016, Margot Robbie épouse Tom Ackerley, assistant réalisateur. Dans cette dynamique, Margot Robbie crée la société de production LuckyChap Entertainment. « Lorsque je lisais des scénarios, je trouvais souvent les personnages masculins plus intéressants que les rôles féminins. J’avais envie de changer la donne. » Elle va ainsi produire « Moi, Tonya ». « Les enjeux devenant très importants, nous avons décidé de nous délocaliser à Los Angeles. » Les projets de sa société ne manquent pas aujourd’hui : « Suicide Squad 2 », « Marion », version féminine de Robin des Bois, et, enfin, « Barbie », en coproduction avec Warner et Mattel.
Une actrice résolument contemporaine
Quelques semaines après l’arrestation de Harvey Weinstein, on lui demande de se prononcer en faveur des femmes dans l’industrie du cinéma. Pour écrire son discours, Margot Robbie enquête et s’entretient avec des actrices, mais aussi des cadreuses, des maquilleuses... « Le harcèlement touche tout le monde. Je trouvais important de parler de celles qui exercent des métiers qui n’apparaissent jamais en grosses lettres sur les affiches. » La jeune femme a une conscience politique affûtée. Elle milite pour l’exercice du droit de vote : « En Australie, il est obligatoire. Si on ne se rend pas dans l’isoloir, on doit payer une amende... Je trouve cette loi géniale. » Elle défend l’écologie : « J’ai grandi avec de l’eau qu’on stockait dans des réservoirs. Je connais la valeur de chaque goutte. Les notions de tri des déchets, de lutte contre le gaspillage des énergies font partie de mon ADN. En Australie, tous ces réflexes sont acquis. Et depuis que je vis à Los Angeles, je roule en voiture électrique. »
La mode, son nouveau terrain de jeu
Sa grande passion, c’est le cinéma. Mais Robbie est aussi fascinée par l’univers de la mode. La nouvelle égérie Chanel a encore des paillettes dans les yeux en repensant à sa visite des archives de la grande maison, à Paris, en compagnie du regretté Karl Lagerfeld. « Coco Chanel a su traduire l’air de son temps, l’émancipation des femmes. Karl Lagerfeld était le parfait garant de cet esprit. J’ai eu la chance d’assister en décembre dernier au défilé Chanel Métiers d’art Paris-New York au Metroplitan Museum of Art, à New York. Quelle claque ! J’avais l’impression d’être Alice au pays des merveilles. » Pour Margot Robbie, les tapis rouges font partie intégrante du métier d’actrice. « Il m’a fallu du temps mais, aujourd’hui, j’y prends un réel plaisir. C’est amusant de penser sa tenue comme on compose un personnage. Et puis, il y a toujours ce contact avec les coiffeurs, les maquilleurs, tous ces gens de l’ombre qui nous mettent, nous, les actrices, dans la lumière. Je ne manque jamais de les remercier. » Margot Robbie, notre reine de cœur.
« Marie Stuart, reine d’Écosse », de Josie rourke.