Il vient de réaliser deux clips pour Beyoncé. À conçu des campagnes pour Raf Simons et La Cambre. Rencontre avec l’artiste photographe, cinéaste et plasticien belge dont l’univers fantasmagorique s’exprime en images percutantes.
- À même pas 30 ans, il dirige son propre studio, Studio 254Forest. À l’actif de celui-ci, des films. « I know simply the sky will last longer than I », par exemple, un hypnotisant objet cinématographique dans lequel il déroule un montage d’ambiances poignantes, a été projeté au Festival International de Mode et de Photographie d’Hyères. Et le film a retourné un public qui en a pourtant vu d’autres. Ce qui est sûr, c’est qu’il nous connecte à des émotions dont on n’a pas conscience avant, et qu’on ne peut pas nommer après.
- Il échange des points de vue avec Kanye West depuis 5 ans. La star du hip hop a commencé par reprendre des photos de Pierre Debusschere sur son propre blog, avant de suivre sa carrière de près. Il l’a ensuite invité à faire connaissance chez lui, à Paris. S’en est suivie une correspondance régulière, avec allers-retours de conseils sur leurs projets respectifs.
- Il est clair et efficace : quand les directeurs artistiques de Beyoncé l’ont contacté, « tout s’est fait très rapidement. Je suis venu les rencontrer à Paris un soir. Ils m’ont fait écouter cinq chansons, j’en ai choisi deux qui me plaisaient particulièrement, ils m’ont répondu : ‘ OK, prends celles-là ‘. Le lendemain midi, je rendais les deux concepts, qui ont été accepté dans la foulée. Et qui incluaient un tournage dans le désert australien. »
- Il reste fidèle à la Belgique : dans ses clips, la belgitude est inscrite partout en filigranes. Bien sûr, l’Amérique lui fait les yeux doux. « Pas moyen ! On m’a fait des propositions à New York, mais je suis Bruxellois, et je le reste. »
« Kanye West, qui a composé le final de mon film, était au bord des larmes pendant l’enregistrement en studio. Ce qui s’est passé était très fort. J’aime quand il se passe quelque chose d’étrange et inattendu pendant une réalisation. »
Pour la campagne de sa prochaine saison, l’Opéra Royal de la Monnaie collaborera avec Pierre Debusschere et d’autres artistes belges de tous horizons créatifs.
Sous le label Studio 254Forest, il signe « #254foulards », une ligne pour hommes et femmes, avec pour statements des titres de chansons accolés. « L’idée qu’on les porte sur la bouche, où sont censés sortir les mots, est séduisante. Parce qu’alors, on parle sans avoir besoin de le faire. » Le signe de reconnaissance d’une tribu, la sienne, arty, qu’il chérit.
- Il y a un côté religieux dans son travail : « C’est dû à ma relation intime avec les maîtres flamands. La notion de pietà me suit partout. Pour montrer à Beyoncé ce que j’attendais d’elle, j’ai demandé à mon collaborateur Ismaël de prendre la pose avec moi. Elle a rigolé : « On dirait que vous faites ça tous les jours ! » Il se fait qu’en soirée, c’est le cas. »
- « Beyoncé était présente à toutes les étapes du shooting, disponible. C’est impressionnant ce qu’elle est pro. On discutait beaucoup avant, j’expliquais ce que j’attendais d’elle pour chaque plan, puis je la laissais faire. C’est une vraie performeuse. Après les journées de tournage, elle partait assurer ses concerts. Je n’ai jamais vu de ma vie quelqu’un bosser autant. »