La façon dont on s’habille en dit plus long qu’un CV sur papier glacé. Selon le domaine professionnel, différents codes vestimentaires inspirent confiance et nous situent dans un contexte sociologique. Prête à vous lancer dans la course ? Commencez par les bons souliers.
Même des femmes très brillantes ont parfois du mal à trouver le vestiaire adéquat, raffiné ou pointu, dans un budget rationnel, qui les mettra en valeur sans être ostentatoire. Or le bon dressing peut devenir un outil précieux d’empowerment adapté : des études ont démontré que lorsqu’on entre dans une pièce, 93% de l’opinion des personnes présentes se fait dans les premières secondes (55% sur le look et le non-verbal, 38% sur la voix, 7% sur les mots). Nos interlocuteurs n’en sont pas encore conscients, mais ils nous ont déjà jugée avant qu’on ait ouvert la bouche.
La façon dont on s’habille chaque matin est le premier message qu’on envoie aux autres
et il s’adapte à notre contexte socioprofessionnel et à la liberté de nos mouvements : on n’opère pas une greffe de cœur en tailleur, et on ne s’arrive pas au Parlement en jean taille basse et baskets délavées quand on est députée en session plénière. Sauf si on en fait un parti pris. Ces principes sommaires, tout le monde peut les déduire. Mais parfois, on se fait des idées. On s’imagine « bien présenter » alors qu’on donne une image psychorigide (qu’on n’est même pas), par méconnaissance de certains codes.
La rationalisation du dressing
Barack Obama, Mark Zuckerberg, Steve Jobs : qu’ont-ils en commun, outre une fortune qui nous arrangerait bien ? Un dressing minimaliste. Ils ont prouvé qu’on pouvait conquérir le monde en portant tous les jours la même chose, ou presque. Steve Jobs possédait soixante paires d’un modèle unique de Levis 501 qu’il assortissait systématiquement avec un pull « col de tortue » noir. Mark Zukerberg a déclaré : « je veux que ma vie soit rangée de manière à devoir prendre le moins de décisions possibles au sujet de quoi que ce soit (…) J'ai l'impression de ne pas bien travailler si je perds mon temps et mon énergie à des détails qui n'en valent pas la peine. » Le jeune milliardaire n’a lâché son emblématique tee-shirt gris à col rond que pour comparaître devant le Sénat. Comme quoi, le vêtement véhicule un message, et dans ce cas précis, qu’il prenait humblement la situation au sérieux.
Dans la même intention de limiter ce qu’on appelle la « fatigue décisionnelle » (perdre de la disponibilité intellectuelle à faire des petits choix quotidiens qui parasitent nos grandes décisions), Barack Obama portait uniquement des costumes bleus ou gris, relativement similaires : il aurait expliqué chercher ainsi « à gagner du temps au niveau des décisions. Je ne veux pas me préoccuper de mes tenues ou de mon alimentation. J'ai d'autres éléments bien plus importants à traiter. »
Même Karl Lagerfeld changeait peu de look. Ca ne signifie évidemment pas qu’il faut calquer ces principes sur nos carrières moins médiatisées (et sans doute moins lucratives), mais remettre les vêtements à leur place pratique et subliminale. Du côté des femmes de pouvoir, le constat est relativement similaire : Angela Merkel, désignée « Femme la plus puissante au Monde » depuis huit ans par le classement Forbes (un palmarès inédit), plébiscite les tailleurs pantalons monochromes – quoi que parfois de couleurs vives – mais de coupes simples et rigoureuses. Isabelle Kocher, Directrice générale du groupe Engie, favorise les vestes de costumes noires, blanches ou grises, souvent portées avec une chemise noire ou blanche, légèrement ouverte sur le décolleté, ou un tee-shirt en V. Un touche de féminité, sous les habits du pouvoir.
L’habit fait non seulement le moine, mais il peut aussi influencer le salaire
Claire Soper*, conseillère en image depuis vingt ans à Bruxelles, cite une étude menée par la Harvard Business Review, selon laquelle la progression de carrière au sein d’une entreprise dépendrait à 22% de la performance, à 28% de la visibilité, et à … 50% de l’image. Une allure professionnelle et cohérente influence notre entourage – hiérarchique notamment – mais aussi nos performances. Une autre étude menée auprès d’une centrale d’appel a prouvé que les employés soucieux de leur look au travail gèreraient les problèmes de manière plus efficace – par téléphone !- que leurs collègues moins pointilleux.
Peut-on réussir un entretien d’embauche parce qu’on porte les bons vêtements ?
S’ils nous donnent confiance, ça joue indiscutablement. De même qu’on peut se griller avec de mauvais choix, qui contredisent à notre insu ce qu’on a écrit sur notre CV.
Claire Soper estime qu’avoir « la bonne image est fondamental, et que ça devrait partie de notre business plan. On n’a qu’une seule occasion de faire une bonne première impression ». Pour mieux maîtriser notre langage vestimentaire, elle nous confie quelques trucs imparables, validés par des études comportementales :
DO
Portez des tenues qui vous vont à 100% et dans lesquelles vous vous sentez bien. Triez votre garde-robe et ne portez que les couleurs, le style et les proportions qui vous conviennent. Si vous ne les connaissez pas, faites-vous aider par un(e ) professionnel(le).
Respectez votre personnalité. Il existe de nombreuses «directives» à suivre, mais aucune d’entre elles ne fonctionnera si vous êtes en dissonance avec votre individualité. Que vos vêtements disent-ils de vous ? Absolument tout ce que vous portez vous raconte. Soyez authentique, et vous gagnerez en confiance. Si vous êtes naturelle, n’allez pas travailler en jupe crayon et escarpins…
Si vous ne disposez pas de trop de moyens pour des vêtements de très belle qualité, investissez dans la mesure du possible dans de beaux accessoires (en seconde main, on trouve des merveilles de grandes marques) : avec un sac de maroquinier impeccablement fabriqué, une robe toute simple aura l’air d’une pièce beaucoup plus luxueuse qu’elle ne l’était au départ. Mais avec une ceinture cheap, même une jolie pièce sera dévalorisée : les accessoires sont ce qu’on remarque en premier !
Mettez un collier, un col roulé ou un foulard : ça protège la jugulaire, et ça impose le respect, plutôt qu’un cou nu, surtout lors d’une négociation. C’est à ça que sert la cravate des hommes…
Ne lésinez pas sur le rouge-à-lèvres, même une couleur soutenue : ça attire l’attention sur les mots qui sortent de votre bouche. Une expérience a démontré qu’on retient 30% de propos en plus venant d’une femme à la bouche soulignée.
Videz régulièrement votre portefeuille. Quand vous cherchez une carte de visite, dix vieux tickets de caisses qui débordent enverront un signal négatif : « je suis bordélique ».
En arrivant à un RDV, passez votre sac dans la main gauche, pour pouvoir serrer la droite sans vous emmêler. Soignez votre langage corporel : contact visuel et bonne poignée de main.
DON’T
Evitez de porter un parfum trop fort au travail, pour un entretien d’embauche ou une demande de promotion : si la belle-mère haïe de votre interlocuteur porte le même, vous serez décrédibilisée par son cortex.
Pas de bracelets qui cliquètent, pas de bretelle de soutien-gorge qui dépasse, pas de veste qui serre trop ou d’ongles trop longs : ça distrait l’attention et le bruit agace.
Evitez les couleurs trop vives ou trop fades, qui vous donnent mauvaise mine. Vous risqueriez d’avoir l’air stressée ou désintéressée.
N’ayez pas trop vite le réflexe « tailleur », en pensant avoir l’air fiable et sérieuse : jupe ou pantalon, c'est un coup à prendre dix ans, et selon le contexte, plus qu’un signe de professionnalisme, il peut inspirer le manque d'imagination. S'il est structurellement obligatoire, on le désassortit, et on le décale avec des accessoires plus modernes : un sac sportswear, des baskets, un tee-shirt d’une marque de sport en dessous…
Testé et approuvé :
Enfilez des talons hauts
Vous vous tiendrez le buste en avant, les épaules droites, plantées sur des ergots. En outre, gagner 10cm, ça peut aider à regarder un homme en face. Mais attention à les choisir confortables : chalouper douloureusement pour atteindre la photocopieuse, ce n'est pas optimal pour votre crédibilité. La chaussure à plateau, c'est la bonne alternative : elle grandit, elle affirme, mais ne se plante pas au bord du tapis.
*Pour plus d’information ou organiser des sessions de conseil en image en entreprise ou privé :
Claire Soper 0472 70 85 13 / info@imageconsultants.be