carnet bic girlboss

OÙ SONT LES FEMMES ? 

Que ce soit chez Creatis ou Transforma, vous croiserez des femmes partout. Mais la réalité du terrain est tout autre. Elles ne représentent qu’un tiers des entrepreneurs en Belgique. Et lorsqu’on parle de fondateurs de start-up (où la dimension tech’ est présente), le chiffre tombe à 13,7 %. Les raisons ? Manque de role models et de confiance en soi, conciliation difficile entre vie pro et vie privée, peur du risque… Mais tout ça, ce n’est pas inné. Des siècles de patriarcat ont conditionné les mecs à oser et les petites filles à être sages comme des images. Et des femmes qui conjuguent vie de famille et entrepreneuriat, il y en a évidemment des tas. « Je me suis lancée alors que j’étais en congé maternité. On pense souvent que ce n’est pas le bon moment, mais moi je trouvais que si, justement. J’ai décidé de voir les points positifs et de m’organiser différemment », raconte Laetitia Van Hove. « Si j’étais employée, je serais au bureau de 9 à 17 h, et pas constamment performante. Là, je vais chercher mes enfants à la crèche, je les accompagne à la piscine… Et je rebosse après. L’avantage d’un bébé, c’est que ça dort tôt : le soir, une baby-sitter arrive et je peux enchaîner les rendez-vous et les concerts. » 

Les raisons qui empêchent les femmes d’entreprendre, on les connaît déjà. Elles sont applicables à n’importe quel domaine où les filles sont sous-représentées. Alors plutôt que de se pencher inlassablement dessus, on propose de passer à l’action. De mettre l’accent sur les pistes de solutions. À Bruxelles, on retrouve déjà Women in Business et Women in Tech, deux plateformes de référence ultra-boostantes. La première fédère toutes les initiatives liées à l’entrepreneuriat féminin, la seconde se bat pour amener les filles dans le digital. Ici, les mesures s’enchaînent : festival pour initier les femmes au code, présentation de businesswomen inspirantes, proposition de nouvelles politiques de genre… Chez Hub, l’agence bruxelloise pour l’accompagnement de l’entreprise, on ne manque pas non plus d’idées. « On va bientôt former nos accompagnateurs à la question du genre. Le but, c’est qu’on évite de parler systématiquement de réussite dans des termes masculins. En rendez-vous, on peut adapter notre communication aux femmes, les coacher à oser, à prendre confiance en elles », indique Isabelle Grippa, CEO de Hub Brussels. 

« On a aussi remarqué qu’il faudrait multiplier les “auberges espagnoles” pour attirer les filles. Le concept a beaucoup de succès auprès des femmes, ça les rassure. » Cette mesure permet de tester son projet pendant quelques mois, sans risques et sans devoir investir d’argent. Un pop-up store est à votre disposition : vous payez un petit loyer et vous pouvez y installer votre resto, votre marque de bijoux… 80 % des commerces se pérennisent par la suite ! Pour Isabelle Grippa, il faut aussi pousser les start-uppeuses à networker, un réflexe encore trop masculin. La «girl boss» mentionne les clusters, ces réseaux d’entreprises qui permettent d’avoir l’info et l’aide nécessaires pour développer son business. Seules 20 % des femmes font partie de ces communautés. En Belgique, les réseaux de nanas sont également nombreux. On pense à Wowo, Diane, Mompreneurs, Femmes chefs d’entreprises (FCE) ou encore Femmes actives en réseau (FAR) pour ne citer qu’eux. « Toutes ces initiatives permettent une évolution positive. Ces cinq dernières années, les femmes à Bruxelles ont entrepris plus que les hommes ! On parle d’une différence de 1 %, mais c’est déjà ça. Il y a eu aussi un boom de nanas qui ont pris le statut d’indépendant complémentaire, c’est un premier pas avant de passer à l’acte», affirme Loubna Azghoud, la coordinatrice de Women in Business et Women in Tech. « L’entrepreneuriat, c’est devenu cool et les femmes ont pris la vague. Mais comme le gap est important, il faudra quelques années pour le réduire. L’important, c’est de ne rien lâcher. »