L’évolution du monde du travail fait émerger de nouveaux enjeux, particulièrement pour les femmes. Des métiers se créent, d’autres s’adaptent ou disparaissent... Menace ou opportunité ?
Digitalisation de la société, défis environnementaux, vieillissement de la population, démographie croissante... Les enjeux du XXIe siècle ont leur lot de difficultés et de conséquences sur nos manières de vivre, de travailler. Leur impact sur le marché de l’emploi est retentissant et se développe à plusieurs niveaux.
Parmi eux, la révolution numérique représente sans doute le défi le plus renversant puisqu’elle amène avec elle les robots et l’intelligence artificielle. Publiée en novembre 2017, l’étude du cabinet McKinsey & Company, intitulée « Emplois perdus, emplois gagnés : les transitions de la main-d’œuvre à une période d’automatisation », estime d’ailleurs qu’en Belgique, 40.000 nouveaux métiers vont être créés d’ici 2030 dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC). Des emplois qui toucheront essentiellement les domaines de l’ingénierie, la science, la technologie, et l’analyse.
À côté de ça, le réchauffement climatique, la transition énergétique, la pollution de l’air, ou encore l’épuisement des ressources pétrolières, du gaz naturel et du charbon, constituent un deuxième enjeu de taille pour notre époque. Résultat ? De nouveaux métiers vont également émerger. « Pour trouver des réponses à ces problématiques, on a besoin de scientifiques ! », affirme Angélique Léonard, docteure en sciences appliquées à l’université de Liège et présidente du Comité femmes et sciences.
Place aux jeunes ?
D’autres opportunités professionnelles jailliront du vieillissement de la population. Et s’il va libérer des places sur le marché de l’emploi, il va aussi en créer dans les maisons de retraite, les hôpitaux... Angélique Léonard confirme : « Il va falloir trouver de la main-d’œuvre pour accompagner les personnes qui vivent plus tard, et trouver des remèdes pour mieux guider les fins de vie. » Enfin, la population continue de croître. Selon Statbel, l’office belge de statistique, la population atteignait 11.376.070 habitants au 1er janvier 2018, dont 51 % sont des femmes, et 49 % des hommes. La croissance annuelle était de de 53.982 personnes, soit 0,50 % par rapport à 2017. Depuis des années, l’évolution démographique se maintient et fluctue autour du 0,5 %. Ce cadre dynamise le secteur de l’éducation et lui fait requérir plus de main-d’œuvre : « Avec l’augmentation de la population belge et bruxelloise, il faudra plus de métiers liés à l’enseignement. Les enfants ont besoin d’accueil, de professeurs, il faudra créer de nouvelles écoles. Parallèlement à cela, on entre dans un monde où, avec la digitalisation, la formation fera partie intégrante de la vie quotidienne de chacun. Tant les enfants que les adultes devront se former en permanence pour répondre aux changements et à la flexibilité du marché de l’emploi », explique Cathy van Remoortere, directrice du service marché de l’emploi et inclusion chez Actiris.
Dans ce contexte, l’étude Agoria menée en septembre 2018 intitulée « La digitalisation et le marché du travail belge » aboutit à la conclusion que 629.000 nouveaux métiers vont être créés d’ici 2030 en Belgique. Ils se situeront essentiellement dans les secteurs des services, des soins de santé, et de l’enseignement, lesquels « sont encore très peu digitalisés à l’heure actuelle ».
Métiers bouleversés, travail transformé
Alors que des métiers émergent, d’autres se vulnérabilisent. Selon l’étude McKinsey, 60 % des professions existantes vont voir 30 % de leurs activités robotisées ou prises en charge par l’intelligence artificielle. Les métiers les plus exposés par cet enjeu sont ceux qui s’effectuent dans un contexte prévisible. Traduisez : ceux qui concernent les opérations de machines, les préparations de nourriture dans la restauration rapide, la collecte et le traitement de données, les caissiers, conducteurs, guichetiers, les fonctions d’assistanat, etc.
Cathy van Remorteere précise : « Les premiers métiers visés par la révolution numérique sont ceux qui requièrent une éducation moyenne. C’est surtout les personnes qui disposent d’un diplôme de l’enseignement secondaire qui seront confrontées aux effets de la digitalisation. Dans les fonctions qui risquent de disparaître, on peut citer celles de secrétaire et de chauffeurs (en raison des camions automatiques). »
À l’inverse, les professionnels qui se développent dans des environnements imprévisibles ou qui demandent des compétences sociales, émotionnelles, cognitives et créatives n’ont pas à craindre l’automatisation ou la robotisation. Dans ce cadre, les métiers tels que ceux de jardinier, plombier, gardien d’enfants, aide aux personnes âgées, etc., n’ont pas à craindre de la digitalisation. »
Et les femmes ?
Selon les derniers chiffres de Statbel, au troisième trimestre 2018, 66,3 % des femmes âgées de 20 à 64 ans travaillaient contre 73,8 % des hommes. Où les retrouve-t-on ? Si le marché de l’emploi tend vers une égalité entre les sexes en matières de présence, des inégalités se maintiennent quant aux secteurs d’activité et aux domaines d’études sélectionnés.
L’Observatoire bruxellois de l’emploi et de la formation explique : « On constate une plus forte présence féminine dans certains secteurs comme le secteur non marchand (la santé, l’action sociale, l’enseignement ; secteurs qui, à Bruxelles, concentrent une large part de la main-d’œuvre) et dans le commerce de détail. Bien que plus largement représentées dans certains sous-secteurs avec une connotation probablement plus féminine (l’habillement, les pharmacies, la bijouterie…), les femmes sont le plus souvent minoritaires dans d’autres sous-secteurs plus techniques (tels que les TIC, ou encore l’ameublement). »
L’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) a, quant à lui, constitué en 2017 le top 10 des activités occupées par les femmes. On les retrouve comme : employées de bureau, fonctions générales ; aides de ménage à domicile ; agents d’entretien dans les bureaux, les hôtels et autres établissements ; vendeuses, magasins ; professeure de cours généraux (enseignement secondaire) ; cadres infirmiers ; aides-soignantes en institution ; institutrices, enseignement primaire ; personnel infirmier (niveau intermédiaire) ; gardes d’enfants. Par ailleurs, concernant les études, l’Iweps précisait en février 2018 que les femmes représentaient 79 % des étudiants en sciences psychologiques et pédagogiques ; 75 % en langues et lettres ; 72 % en sciences vétérinaires ; 68 % en information et sciences de la communication et 68 % en sciences biomédicales et pharmaceutiques.
A contrario, les hommes sont largement majoritaires dans les sciences de l’ingénieur (80 % d’hommes) et les sciences exactes (66 % d’hommes). « C’est une tendance des filles et des garçons d’aller vers des valeurs stéréotypées au niveau du genre et ça a été prouvé par plusieurs études », explique Claire Gavray, chercheuse et enseignante à l’université de Liège. « Les filles ont été construites à travers les siècles pour s’occuper des autres. C’est ainsi qu’elles s’intéressent aujourd’hui davantage aux métiers du “care”, soit tout ce qui a trait à la solidarité sociale, à s’occuper d’autrui, etc. Est-ce dans leur nature ? Pas forcément, mais elles l’ont intériorisé au fil du temps, car la société leur a donné ce rôle-là. »
Si l’inégalité dans les formations et les métiers choisis persiste, les femmes se retrouvent à travailler dans des secteurs porteurs que sont les services, les soins de santé et l’éducation. Leurs métiers ne sont donc pas menacés. Mais l’étude Agoria précise aussi que la digitalisation va prendre de plus en plus d’ampleur et s’intégrer à terme dans tous les domaines de travail. Les femmes ne pourront pas l’éviter.
Parallèlement à cela, la société de l’intelligence artificielle ne pourra pas évoluer dans le bon sens si les femmes n’y prennent pas part. Elle a en effet besoin de ce regard complémentaire pour se développer de manière juste et égale.
Femmes scientifiques, femmes historiques
Les femmes ont une histoire liée aux sciences et à l’informatique et ne doivent pas sous-estimer leurs compétences dans ces matières. À titre d’exemples, au XIXe siècle, l’Anglaise Ada Lovelace créait le premier algorithme. En 1945, six femmes – qu’on appelle « The Eniac Girls » ont fondé l’ordinateur électronique. Début des années 1960, les mathématiciennes noires américaines – qu’on retrouve dans le film « Les figures de l’ombre » de Theodore Melfi – ont participé au programme de la Nasa et ont notamment lancé le satellite Spoutnik 1. Margareth Hamilton était la directrice du programme spatial Apollo 11, en 1969, qui a permis à l’homme de marcher sur la Lune !
Hedy Lamarr a inventé les bases du wifi… La femme était informaticienne avant l’homme. Les années 80 et la commercialisation de l’ordinateur ont changé les choses : le secteur de l’informatique et du numérique ont pris de l’ampleur, sont devenus un haut potentiel financier. Les hommes, tels Bill Gates ou Steve Jobs, se sont emparés du modèle. Claire Gavray ajoute également qu’à la base, « l’informatique renvoyait à des tâches de traitement de données, des tâches de bureau... des tâches plutôt accomplies par des femmes. Mais à partir du moment où l’informatique a trouvé d’autres champs d’expansion, notamment à travers des jeux vidéo de plus en plus violents, c’est devenu masculin ». S’il n’y a évidemment pas de doutes quant aux compétences des femmes par rapport aux sciences, des mentalités doivent encore être changées pour que ces dernières s’y orientent. Et la société doit aussi prendre ses responsabilités.
Combattre les sexismes dès l’enfance
« Les petites filles, très jeunes, se projettent dans la maternité et dans des métiers plus féminins. Mais les métiers féminins ou masculins n’existent pas. Ce sont des représentations qu’on donne. Il faut pouvoir agir dès l’enfance sur la déconstruction des stéréotypes au niveau du genre dans les métiers », explique Loubna Azghoud. Par ailleurs, « il faudrait changer les garçons en même temps que les filles, leur faire aller vers des jeux de filles, des thématiques de filles de la même manière qu’on oriente les filles vers des jeux de garçons et des thématiques de garçons », explique Claire Gavray. Une idée encore trop peu exploitée.
L’éducation joue un rôle fondamental dans les projections des enfants. Pour lutter contre les stéréotypes sexistes, des décrets tels que celui du Pacte pour un enseignement d’excellence et de la formation initiale des enseignants sont des outils cruciaux. Angélique Léonard rapporte qu’une stratégie intégrée en Fédération Wallonie-Bruxelles a été mise en place pour répondre à la problématique. « On se rend compte que les enseignants sont peu formés au sexisme et n’ont pas les armes pour déconstruire les stéréotypes. Il s’agira là du rôle du décret “Formation initiale des enseignants” que de leur donner les clés. Dans le Pacte d’excellence, la ministre Schyns a expliqué qu’il y aura un tronc commun de 6 à 15 ans qui met en place de nouveaux référentiels en incluant la problématique du genre pour les enfants. La ministre veut ouvrir la thématique notamment en créant un nouveau portail qui rassemblerait tous les choix d’orientation possibles dans le but qu’un panel de métiers plus large soit proposé aux garçons et aux filles. La ministre est aussi très attentive au fait qu’il faudrait changer les vieux manuels munis de représentations sexistes pour permettre aux professeurs de mieux traiter les questions du genre. »
Une meilleure orientation
Des études ont aussi démontré que les conseillers psycho-médico-sociaux (PMS) ne sont pas formés à l’égalité des genres. Les tests d’orientation à la sortie du secondaire enfermeraient les garçons et les filles dans leurs stéréotypes. Angélique Léonard ajoute : « Souvent, la palette proposée aux filles est beaucoup plus étroite que la palette proposée aux garçons. Il faudrait revoir toute la description et l’imagerie des métiers pour voir que dans l’informatique, tout ce qui “branche” les filles ou les garçons, on le retrouve. L’informatique, c’est un outil qui va aussi contribuer à l’aide aux personnes, à l’environnement, à la santé, etc. »
Inclusion des femmes dans les entreprises
Enfin, si des femmes s’orientent déjà vers les sciences techniques ingénieries et mécaniques (Stim), peu d’entre elles s’y maintiennent. Être la seule informaticienne dans une boîte de 50 hommes, ce n’est pas forcément très fun. Une étude européenne montre qu’en Belgique, 25 % de femmes sont diplômées en Stim, mais après 5 ans, seules 8,7 % d’entre elles sont encore à l’emploi. « Les conditions de travail font parfois que les femmes vont d’elles-mêmes changer de carrière. Elles arrivent dans un environnement très masculin, pensé par les hommes, elles n’y trouvent pas leur place », explique Loubna Azghoud. Par ailleurs, un travail doit aussi être mené avec le monde des entreprises pour favoriser l’inclusion des femmes dans les entreprises tout en leur permettant aussi d’arriver à des postes de management. Car « parfois, on constate qu’il y a 40 % de femmes dans la boîte, mais elles sont toutes en bas de la hiérarchie ».
Concrètement, à Bruxelles et en Wallonie, ce travail a déjà commencé. Les Régions ont mis en place un système de label, associé à des incitants financiers, pour « récompenser » les entreprises les plus inclusives à l’égard des femmes notamment. Cathy van Remoortere explique également que des actions ont été entreprises pour modifier la forme des offres d’emploi, lesquelles doivent désormais autant attirer les femmes que les hommes. Des procédés ont aussi été mis en place pour favoriser la sélection de femmes pour de hauts postes dans les secteurs où elles sont les plus représentées, comme l’enseignement primaire.
L’étude du cabinet McKinsey propose enfin trois pistes pour créer une culture d’entreprise plus inclusive : « Apprendre aux hommes à faire confiance à des collaborateurs qui ne pensent pas comme eux et leur faire comprendre que cette diversité est bénéfique pour tous. Ensuite, réinventer des modèles de performance basés sur les résultats, le travail collaboratif et le respect des valeurs pour sortir de la culture présentiste incompatible avec l’épanouissement personnel et familial. Enfin, créer une réelle ouverture à la diversité des “styles” de leadership, pour permettre à chacun d’exprimer le sien, inspiré éventuellement par l’appartenance à son genre, mais permettant aussi d’emprunter plus facilement des “codes” à l’autre genre. »
Et les femmes dans tout ça ?
Les femmes n’ont rien à craindre pour leurs professions futures. On aura encore plus besoin d’elles à l’avenir puisqu’elles sont nécessaires aux Stim et que les secteurs dans lesquelles elles se trouvent vont ouvrir de nouveaux postes.
Mais les enjeux du XXIe siècle ne sont qu’à leurs débuts. Leurs conséquences sont à peine visibles aujourd’hui. Avec eux, les métiers seront constamment en train de se créer, se modifier, et disparaître. La flexibilité et la formation continue sont exigées pour maintenir sa place sur le marché de l’emploi – tant pour les femmes que pour les hommes. Cathy van Remoortere est catégorique : « La formation, c’est désormais la base de tout. On doit se faire à l’idée qu’on devra tout le temps se former à l’avenir, garder une ouverture d’esprit et une curiosité pour rester sur le marché de l’emploi. » L’avenir professionnel des femmes en Belgique francophone est donc dans la formation. Les filles, à quand votre prochaine inscription ?
Trouver son futur emploi sur internet
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