Le célèbre danseur et chorégraphe Benjamin Millepied présente son premier ballet long au Ballet royal de Flandre, du 19 au 26 mai. On en fait des entrechats de joie.
Connu pour son rôle d’acteur et chorégraphe dans le film oscarisé « Black Swan » et pour sa lovestory avec l’actrice principale du film, Nathalie Portman, Benjamin Millepied est une figure emblématique de la danse. Il a d’ailleurs été directeur de du ballet de l’Opéra de Paris pendant deux ans. Pour ce premier ballet long, « Bach Studies », il s’est inspiré de l’œuvre riche et harmonique de Bach. Mais tout ça, il l’explique mieux lui-même…
Du ballet !
Comment est née l’idée de ce ballet long ?
J’avais déjà travaillé la musique de Bach il y a quelques années et je n’avais pas envie de penser à une œuvre précise comme les « Variations Goldberg », mais plutôt de mélanger différents aspects comme la musique religieuse, la musique de chambre, la pièce pour orgue. Ce sont des pièces monumentales, très connues, c’est un beau défi. C’est aussi une musique sans âge, moderne et complexe. J’ai d’abord exploré les éléments de construction qui se rapprochent beaucoup des procédés de composition de la danse comme le contrepoint, par exemple. À partir d’une phrase, nous pouvons créer une longue séquence en la déconstruisant, en la jouant à l’envers. Les danseurs vont se séparer puis la jouer à l’unisson. Se trouver, se reperdre. C’est une exploration de la structure.
Qu’est-ce qu’il raconte ?
Ce que chaque personne veut y trouver. Avec une pièce abstraite comme celle-là, on se laisse emporter par la musique. On ressent des choses, des émotions, on associe la musique à des histoires. L’idée, ce n’est pas d’avoir une narration précise, mais d’être sensible à la musique et de créer un voyage qui nous permet d’être au plus près d’elle.
Comment faites-vous pour créer des émotions avec des corps ?
Pour construire mes chorégraphies, je danse, je compte les pas et je transpose. Mais j’essaie de rester dans des choses très pures où il n’y a pas trop de sentimentalisme. Il faut trouver une justesse. Il y a beaucoup de chorégraphies aujourd’hui trop dramatiques. Les danseurs développent une écoute à force de travailler avec moi. Ce qui m’intéresse de plus en plus, c’est de ne pas avoir une unité de style chez mes danseurs. On a vraiment l’habitude des chorégraphes qui imposent un style. Je recherche plutôt l’épanouissement des danseurs. Pour l’atteindre, on fait beaucoup de recherches créatives basées sur des improvisations pour créer une façon d’utiliser l’espace propre aux danseurs. Il y a une section entière préparée comme ça. Du coup, il y a une vraie liberté et des styles différents.
Vous dansez encore tous les jours ?
Non, en plus en ce moment, j’ai des problèmes de cou (rires). Je suis toujours très physique, mais ça ne me manque pas.
Comment s’est passée la collaboration avec le Ballet royal de Flandre ?
C’est un très bel opéra. Nous allons avoir un très beau décor en lumières de United Visual Artists, un groupe anglais génial avec qui j’avais déjà travaillé à Paris. Je suis très admiratif de la programmation de Sidi Larbi Cherkaoui (le directeur artistique, NDLR). J’ai été ravi qu’il m’invite.
Vous avez un projet de film… c’est quoi exactement ?
Je réalise une adaptation de « Carmen » pour la fin de l’année. C’est basé sur le livret de Carmen que j’ai totalement réinventé avec une nouvelle musique de Nicholas Britell, qui a composé la musique de « Moonlight ». Il y aura une actrice mexicaine très talentueuse, mais je ne révèle pas son nom ! (rires)
Le spectacle « Bach Studies » sera présenté à Anvers du 19 au 26 mai 2019 et à Gand du 2 au 9 juin 2019. Prix des billets de 14 € à 55 €, à réserver sur operaballet.be.