Tous les mois, nos dévoreuses de livres - Alice Herman et Aurélie Cauchie - partagent avec nous leurs pépites littéraires. Ce mois-ci, découvrez notre sélection de bouquins pour faire le point. 3, 2, 1... 0
ZÉRO MENSONGE
Arrêtons de nous voiler la face : le monde va mal. La planète s’effondre peu à peu sous les coups des politiques capitalistes destructrices et l’humanité est en danger, c’est un fait. À titre individuel, nos petites actions quotidiennes, bien que louables, ne suffiront pas. Les réponses à la crise écologique se doivent d’être radicales, collectives, courageuses. L’auteur prône la lucidité, la désobéissance et même la rébellion car « être un bon citoyen n’implique aucunement la docilité ». Une bonne claque qui remet les yeux bien en face des trous ! Indispensable.
« Ne plus se mentir : petit exercice de lucidité par temps d’effondrement écologique », Jean-Marc Gancille, Rue de l’échiquier, 10 €
ZÉRO HOMME
Dingue, ce livre publié en 1915 et tombé dans l’oubli ! L’auteure y raconte l’arrivée de trois aventuriers dans un pays caché peuplé uniquement de femmes. Là-bas, pas de guerres ni de jeux de domination, pas de gaspillage des ressources ni des talents, seulement une société quasi idéale basée sur l’entraide, l’éducation, la bienveillance. Herland est un roman féministe, certes, mais c’est surtout un roman profondément humaniste qui nous rappelle l’absurdité du système dans lequel nous vivons. Un roman important, donc.
« Herland », Charlotte Perkins Gilman, Robert Laffont, 8,6 €
ZÉRO CHIMIE
Alors qu’elle découvre le livre de David Rieff qui raconte la maladie de sa mère Susan Sontag, Gisèle Bienne apprend que son frère, ouvrier agricole, est malade. Une leucémie, comme Susan. « La malchimie » traite de la maladie, provoquée par la chimie des produits phytosanitaires et soignée par la chimie des industries pharmaceutiques. Une chimie qui tue peu à peu le vivant, rend tout stérile, de la terre à la chambre des mourants. Le récit est une claque, assourdissante, qui entremêle souvenirs intimes, recherches et rencontres. Gisèle Bienne témoigne et manifeste pour abandonner le tout chimique, réenchanter la vie et les champs. Bouleversant et nécessaire.
« La malchimie », Gisèle Bienne, Actes Sud, 22 €
ZÉRO ENFANT
Seize auteurs américains (treize femmes et trois hommes) nous exposent les raisons qui les ont poussés à ne pas devenir parents. Autant de regards et de sensibilités pour aborder une question fondamentale et pourtant pas encore totalement décomplexée. Autant de réponses pour dessiner un portrait nuancé, intelligent et bienveillant de ce que peut être une vie épanouie sans enfant. Déculpabilisant ! (Et écologique – quoi de plus polluant qu’un bébé occidental ?)
« Ils vécurent heureux et n’eurent pas d’enfants », collectif dirigé par Meghan Daum, Kero, 19,45 €
REPARTIR À ZÉRO
Qui n’a jamais rêvé de prendre une pause, de laisser de côté bruits et tracas, d’apprécier un coucher de soleil, d’observer l’agitation des abeilles et le ballet des lucioles ? De s’offrir du temps pour repartir de zéro, l’esprit clair et le corps reposé ? Accompagnée de son chat, la narratrice de ce doux roman quitte Tokyo pour rejoindre une péninsule entre mer et forêt. Elle nous raconte sa renaissance et son voyage intérieur au fil des saisons. Une lecture apaisante, qui célèbre la nature et les plaisirs simples de la vie.
« La péninsule aux 24 saisons », Mayubi Inaba, Picquier, 19 €
En vente en librairies.