La passion du savoir-faire artisanal, l’amour des matériaux durables et la soif d’authenticité. Les labels belges de slow design se démarquent des tendances éphémères sans subir de pression commerciale. Zoom sur 5 marques d’accessoires handmade in Belgium qui méritent d’intégrer nos armoires et nos tiroirs.

Hoctavius

La simplicité et l’intemporalité sont les principales caractéristiques des bijoux entièrement réalisés à la main par Cécile Duong. Cette Parisienne d’origine et Liégeoise de cœur est aussi adepte d’un mode de vie slow comme en témoignent ses créations imparfaites et authentiques fabriquées exclusivement à partir de métal recyclé.

Votre parcours ? “J’ai débarqué à Liège pour étudier la logopédie. Je créais déjà des bijoux et c’est finalement vers l’artisanat que je me suis tournée. Après une formation de deux ans à l’école Léon Mignon et des cours du soir à l’IFAPME, j’ai lancé ma marque Hoctavius. En marge de mon emploi de vendeuse en horlogerie dans une bijouterie de luxe, je travaille dans mon atelier le soir et le week-end.”

Votre passion ?Hoctavius me permet d’être multifonctionnelle. J’adore développer une idée, la dessiner et prendre le temps de la réaliser. Je choisis les pierres, les polis et les assemble. Je prends ensuite le bijou en photo pour le poster sur mon e-shop. Je privilégie le contact direct avec les clients et je me charge personnellement de l’envoi de leur colis. De la conception à l’emballage, je soigne chaque détail.”

Votre matériau de prédilection ? “L’or rose. Il est à la fois super frais et terriblement chaud à porter. Sa teinte est proche de la couleur de la peau.”

Vos sources d’inspiration ? “Cela peut paraître bizarre mais je n’ai pas de sources d’inspiration réellement définies. Si je devais en citer une, je dirais les formes basiques de la nature. Simples et intemporelles, elles dépassent les tendances et me permettent d’embellir une personne.”

Une collection ? “Je propose un catalogue de bijoux sur mon e-shop mais je n’ai pas de stock. Réalisée sur commande pour éviter le gaspillage, chaque pièce est donc unique. En réalité, je réalise principalement des bijoux sur mesure et c’est d’ailleurs beaucoup plus épanouissant. De l’idée à la conception, je travaille en symbiose avec mes clients pour créer ou transformer un bijou révélateur de leur personnalité. Même s’ils m’offraient une belle vitrine, je ne travaille plus avec des points de vente physiques car je n’avais plus envie de vendre mes bijoux à des inconnus.”

Votre plus grande satisfaction ? “Le contact avec le client grâce auquel le bijou naît. Nous nous complétons et j’adore lui faire plaisir. Par ailleurs, j’ai la chance d’exercer un métier en adéquation avec mes valeurs.”

Votre principal obstacle ? “Le temps ! J’aime tout faire et je refuse de bâcler la moindre étape. Par exemple je me rends moi-même à Anvers pour sélectionner les pierres pour un bijou. Sur place, j’envoie des photos au client pour que nous choisissions ensemble celles qui lui ressemblent.”

Voter vision de l’avenir ? “L’ouverture d’un magasin ! C’est un dilemme permanent entre le cœur et la raison. Je n’ai pas envie de me précipiter. Il y a énormément de démarches à effectuer et il n’est pas évident de savoir par où commencer et comment faire. Mais une chose est sûre : j’y pense tout le temps…”

En vente sur l’e-shop de la marque et dans la boutique en ligne de mode écoresponsable Byoo Store

Studio Bartholomé

 

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Une publication partagée par STUDIO BARTHOLOMÉ (@studio_bartholome) le 16 Déc. 2018 à 1 :12 PST

Architecte-créatrice, l’Hasseltoise Liesbet Bartholomé partage son temps entre la table de dessin de son bureau d’architecte et son atelier de création. C’est là qu’elle confectionne en édition limitée des sacs à main et des bijoux durables pour la plupart en cuir de poisson.

Votre parcours ? “Je suis fan d’artisanat depuis toute petite mais cette passion ne trouvait que peu d’écho dans mon métier d’architecte. J’ai résolu cette frustration en suivant pendant plusieurs années des cours du soir en couture, création de mode, design textile… Pour la collection que j’ai présentée au terme de ma formation en création de mode, j’ai travaillé le cuir et ainsi découvert mon amour pour cette matière.”

Votre passion ? “Le travail manuel est pour moi synonyme de pleine conscience au sens pur. Percer le cuir par petits trous puis passer des heures à assembler les pièces avec du fil m’apporte une grande sérénité alors que cette activité pourrait rendre d’autres personnes complètement dingues. J’ai probablement hérité des gènes de mon grand-père qui était artiste peintre.”

Votre matériau de prédilection ? “Je travaille principalement le cuir de saumon et de bar associé à du cuir conventionnel que je sélectionne dans des surproductions au Benelux. Produire en édition limitée m’offre le luxe de limiter mon empreinte écologique. Les peaux de poisson sont des déchets issus de la consommation de masse. Ces déchets qui étaient auparavant jetés à la poubelle sont aujourd’hui transformés en une matière particulièrement solide et durable. Le tannage des peaux de poisson est plus respectueux de l’environnement que celui d’autres types de cuir.”

Vos sources d’inspiration ? “Les idées me viennent d’un peu partout. Je peux trouver l’inspiration à une expo, dans la nature, à l’occasion d’une balade en ville ou de rencontres avec d’autres créateurs.”

Une collection ? “Actuellement, je travaille surtout sur commande et je sors de temps en temps une ligne de sacs et d’accessoires de dix à vingt pièces en édition limitée. Lancer à intervalles réguliers de nouvelles collections est quasiment impossible avec mon métier d’architecte qui m’occupe toute la semaine et surtout mon désir de concevoir moi-même tous mes modèles.”

Votre plus grande satisfaction ? “Voir des clients épargner pour acheter une pièce qui m’a demandé des heures de travail et la porter avec beaucoup de soin et de fierté.”

Votre principal obstacle ? “Trouver le temps de développer toutes mes idées. Et vaincre ce manque de confiance en moi qui ressurgit régulièrement.”

Votre vision de l’avenir ? “Continuer à m’améliorer dans mon métier et développer ma marque étape par étape.”

En vente chez Hendrikshuis et au Modemuseum à Hasselt, ainsi que chez Yksi à Eindhoven

Cara Rosa

 

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Roma at your feet😻 #cararosashoes 📷credit: @virgilienrico

Une publication partagée par Cara Rosa (@cararosa_official) le 3 Avril 2019 à 8 :20 PDT

Avec le lancement de sa marque de chaussures Cara Rosa, le rêve de petite fille d’Olivia Couvreur est enfin devenu réalité. La première collection de cette native de Flandre occidentale fonceuse et fana de chaussures est disponible en boutique et en ligne.

Votre parcours ? “Après des études en sciences économiques appliquées, j’ai passé six mois à Rome pour apprendre l’italien. De retour en Belgique, j’ai fait un stage de plusieurs mois chez Natan et L’Oréal et travaillé durant six mois pour le magazine ELLE en tant que coordinatrice de projets numériques. Mais mon projet de lancer une marque de chaussures ne m’a jamais quitté. J’ai décidé de retourner en Italie pour suivre une formation en conception et design de chaussures à l’école Cercal. Une fois mon diplôme en poche, j’ai atterri au département design de Tod’s, une expérience pratique qui a jeté les bases de ma propre parque.”

Votre passion ? “Ma grand-mère Rosa était une trendsetter avant l’heure. Enfant, j’étais en admiration devant elle. Elle créait ses propres vêtements et en confectionnait pour ma mère, ma sœur et moi. Son sens de la mode et sa créativité m’ont incitée à marcher sur ses traces, mais dans le domaine de la chaussure. Partir en Italie pour apprendre le métier a été un saut dans l’inconnu, mais aussi la meilleure décision de toute ma vie. Le nom de ma marque Cara Rosa – qui signifie Chère Rosa en italien – est un hommage subtil à ma grand-mère. Et une manière de boucler la boucle.”

Votre matériau de prédilection ? “Je suis une inconditionnelle des sneakers mais j’apprécie aussi d’apporter une touche d’élégance. Avec Cara Rosa, je veux combiner le meilleur des deux mondes en offrant des chaussures qui allient esthétique extérieure et confort intérieur. C’est pourquoi je travaille exclusivement avec des matières et des cuirs italiens soigneusement sélectionnés. J’ai mis six mois pour trouver la semelle parfaite. Après avoir testé différents prototypes, j’ai jeté mon dévolu sur un mélange de polyuréthane et de caoutchouc recyclé.”

Vos sources d’inspiration ? “Toutes ces années en Italie m’ont rendue adepte de la dolce vita, une philosophie qui consiste à travailler dur puis à profiter à fond. J’espère que mes chaussures éveillent aussi ce sentiment. Leur design s’inspire du streetstyle italien. Grâce à leur semelle confortable et à un talon qui ne dépasse jamais cinq centimètres, elles conviennent tant à une réunion d’affaires qu’à un city-trip.”

Des collections ? “Ma première collection se décline en sept modèles disponibles sur mon e-shop et à des événements annoncés sur les réseaux sociaux. J’ai volontairement opté pour la stratégie de vente directe au consommateur sans intermédiaire. Dans le futur, j’aimerais sortir des nouveautés plusieurs fois par an pour pouvoir réagir rapidement aux tendances.”

Votre plus grande satisfaction ? “Voir aboutir une idée qui a mûri pendant quatre ans dans ma tête.”

Votre principal obstacle ? “En tant que débutante, il n’est pas facile de trouver le bon fabricant. La plupart des entreprises travaillent avec des quantités minimales élevées et n’ont pas de temps à perdre avec la production en édition limitée d’une marque inconnue. Par chance, mes contacts chez Tod’s m’ont permis d’ouvrir des portes. Pour les prochaines collections, je vais essayer de planifier la production durant des périodes plus calmes.”

Votre vision de l’avenir ? “À terme, j’espère pouvoir développer mon concept sur deux plans : des chaussures en plusieurs largeurs et des semelles intérieures amovibles. Je porte des semelles orthopédiques et je suis bien placée pour savoir combien il est compliqué de trouver des chaussures élégantes dans lesquelles elles rentrent.”

En vente sur l’e-shop de la marque

Some.Thing(s) Inside

La Belgo-Italienne Franca Faggio Del Giglio produit des pièces uniques en porcelaine fine sous le label mystérieux some.thing(s) INSIDE. Tout a commencé par un coup de foudre pour la céramique qui a donné naissance à un label à part entière alliant porcelaine et métaux nobles.

Votre parcours ? “Enfant, j’allais à l’académie où j’adorais fabriquer des choses. Après avoir longtemps insisté auprès d’eux, mes parents ont accepté que je quitte le secondaire général pour la filière artistique. Par la suite, j’ai étudié l’architecture et décroché mon diplôme d’architecte d’intérieur en 1999. J’ai travaillé pendant dix-sept ans dans différents bureaux d’architecture limbourgeois et pris mon envol en tant qu’indépendante en 2017. Depuis lors, je mène en parallèle des missions d’architecte free-lance et le développement de ma marque de bijoux.”

Votre passion ? “L’artisanat et le design me fascinent depuis que je suis toute petite. Ma passion pour la céramique m’a poussée à suivre une formation. Le coup de foudre a été immédiat. C’est à cette époque que j’ai commencé à fabriquer des bijoux, d’abord en argile puis en porcelaine. J’ai testé toutes sortes d’argiles et de porcelaines, ainsi que le moulage et le modelage. J’ai aussi expérimenté plusieurs techniques de finition. En plus d’être super instructif, ce processus fait d’essais et d’erreurs a aussi avivé ma passion.”

Votre matériau de prédilection ? “Pour les bijoux, je privilégiais au départ la porcelaine pour sa finition beaucoup plus raffinée que l’argile. Dans mes premières collections, j’ai utilisé des bases standard pour les bagues et les boucles d’oreilles. J’ai ensuite voulu aller plus loin en fabriquant des bijoux sur mesure. Je me suis alors plongée dans la transformation de métaux nobles et j’ai cherché comment les combiner avec la porcelaine. MULTIPLE, ma dernière collection, en est la parfaite illustration.”

Vos sources d’inspiration ? “Je m’inspire beaucoup de l’architecture, mais les petites choses de tous les jours me donnent aussi des idées. Par exemple la forme spéciale d’un miroir, une table joliment dressée, un patchwork de couleurs original ou une ambiance particulière.”

Votre philosophie ? “J’évalue chacune de mes créations selon plusieurs critères. Est-elle intemporelle et reflète-t-elle la simplicité ? Offre-t-elle une esthétique épurée ? Allie-t-elle la porcelaine et les métaux nobles ?”

Des collections ? “Je travaille principalement par collections, sans qu’elles soient liées aux saisons au sens strict.”

Votre plus grande satisfaction ? “La collection MULTIPLE. Elle résume tout ce que représente ma marque. La porcelaine et les métaux nobles coexistent en parfait équilibre, tout en se complétant et se renforçant. Intemporelle et épurée, la forme dégage une grande simplicité. La multiplicité permet de combiner les paires de boucles d’oreilles, mais aussi de varier à l’infini avec les différents éléments qui les composent.”

Votre vision de l’avenir ? “J’ai beaucoup de rêves mais peu de projets concrets. J’adorerais faire évoluer mon atelier vers un espace ouvert où les clients entrent et sortent librement. Et peut-être engager quelqu’un, qui sait.”

En vente sur l’e-shop de la marque

Karen Vanmol

Karen Vanmol mène de front un travail à temps partiel de professeur en création de bijoux à l’Académie d’Etterbeek et le développement de sa marque éponyme. Selon ses dires, ce qu’elle fait et qui elle est ne font qu’un. En bois et laminé, ses bijoux zéro déchet inspirés du graphisme se rangent dans la catégorie des pièces d’art à porter.

Votre parcours ? “J’ai d’abord suivi une formation en création de bijoux dans l’enseignement artistique à horaire réduit à l’Académie Haspengouw Beeld à Saint-Trond avant de passer au bout de deux ans aux cours du jour. En 2010, j’ai terminé un master à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers. Entre-temps, je peaufinais mes techniques à l’école technique TNA. Mes jobs dans des ateliers d’orfèvrerie ont aussi contribué à ma formation. J’exerce un métier dans lequel on peut toujours approfondir ses connaissances.”

Votre passion ? “Je suis une faiseuse de choses. Enfant, le savoir-faire traditionnel me fascinait déjà. Je me souviens d’une excursion en famille au musée en plein air de Bokrijk où j’ai pu observer un forgeron en plein travail. J’ai même été jalouse de mon frère qui a pu s’en approcher.”

Votre matériau de prédilection ? “Le bois en raison de la chaleur qu’il dégage et du caractère unique de chaque pièce. Au début, j’utilisais de la peinture pour apporter des touches de couleur. Puis j’ai découvert par hasard, à l’occasion d’une visite chez un négociant en bois, un conteneur rempli de morceaux d’aggloméré ternis par le temps. Un cadeau du ciel ! N’avoir qu’une quantité limitée de chaque couleur en réserve est enrichissant. Cela m’oblige à utiliser de manière réfléchie les matériaux dont je dispose. Avant même que l’upcycling ne devienne tendance, je travaillais déjà avec des matériaux de récup. Le zéro déchet devrait être la norme et non une mode.”

Vos sources d’inspiration ? “Jusqu’à présent, les idées sont venues d’elles-mêmes. Chaque source d’inspiration s’épuise au bout d’un moment. Puis votre regard tombe sur autre chose et vous voilà reparti.”

Votre philosophie ? “Je veux fabriquer des objets qui me rendent heureuse. Je pourrais par exemple envisager d’utiliser le laser et de produire en grandes quantités. Mais cela ne m’intéresse pas pour le moment et ce n’est donc pas à l’ordre du jour.”

Une collection ? “Je lance des collections qui ne sont pas liées aux saisons ni aux tendances de la mode. Il m’arrive de travailler sur commande mais de moins en moins. Mes bijoux se situent à la frontière entre l’art et la mode. Ils font partie de ces bijoux d’art contemporain que l’on retrouve dans les galeries ou les musées. Mais ils séduisent aussi le grand public.”

Votre plus grande satisfaction ? “Depuis 2014, j’ai été sélectionnée trois fois pour l’exposition internationale de bijoux Schmuck à Munich. Une belle reconnaissance, même si elle n’a aucun retentissement international. Je suis ravie quand quelqu’un m’envoie un message pour me dire qu’il a acheté une de mes pièces ou vu une de mes expos. Je trouve incroyable que les gens prennent le temps de me contacter.”

Votre principal obstacle ? “Je ne considère pas que j’ai une marque. Ces bijoux, c’est moi et personne d’autre. Celui qui décroche un diplôme d’art sait que personne ne l’attend. Cette pensée m’a donné la liberté de lancer ma propre affaire, sans contrainte commerciale ni pression extérieure. Je pourrais adapter certaines choses pour augmenter mes ventes ou ma notoriété, mais je ne suis pas prête à faire des compromis sur le plan artistique.”

Votre vision de l’avenir ? “Je travaille pour le moment sur de nouvelles matières et techniques mais il est encore trop tôt pour en parler. J’aimerais être présente dans un plus grand nombre de galeries, mais je dois arriver à tout goupiller. L’équilibre vie professionnelle-vie privée reste un défi permanent…”

En vente sur le site web de la marque