Une série d’Etats ont récemment voté des lois mettant largement en péril le droit à l’avortement. Le dernier en date ? L’Alabama, qui vise une interdiction quasi totale, même en cas de viol ou d’inceste… Ira-t-on jusqu’à la Cour suprême ?
La loi la plus restrictive des Etats-Unis en matière d’avortement a été votée par 25 hommes mardi soir. Un mardi noir. Les faits ont eu lieu en Alabama, et c’est un coup de poing pour les femmes. Si elle entre en vigueur comme prévu dans six mois, l’IVG sera interdite dans cet Etat, même en cas de viol ou d’inceste. Seules deux exceptions ont été admises : si la vie de la mère est en danger ou si le fœtus souffre d’une « anomalie létale ».
Les médecins qui n’iraient pas dans ce sens risquent une peine de prison pouvant aller jusqu’à 99 ans. Comme l’a signalé le sénateur démocrate Bobby Singleton, c’est plus que la peine encourue par une personne coupable de viol. C’est acté, ici, on ne fait pas les choses à moitié. Et ça donne envie de pleurer (et surtout de se battre, ensuite). Ce retour en arrière a rapidement été dénoncé et les réactions ont fusé. « Aucune de nous ne devrait accepter un avenir dans lequel nos filles et nos petites-filles auront moins de droits que nous en avons eu », a d’ailleurs affirmé Hillary Clinton sur Twitter.
None of us should accept a future in which our daughters and granddaughters have fewer rights than we do.
Choose a way to help, ask a friend to join you, and let's get to work.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 15 mai 2019
Mais l’Alabama est loin d’être un cas isolé. Et c’est ce qui est (encore plus) terrifiant. Depuis quelques mois, une série d’Etats aux States adoptent des lois restreignant l’accès à l’avortement. En cause ? Les mouvements religieux pro-life. On parle ici de l’Ohio, du Mississipi, du Kentucky ou encore de la Géorgie. Dans ces Etats, l’IVG est interdit dès que les battements de cœur du fœtus peuvent être détectés. Traduisez : l’idée ici, c’est de quasiment interdire l’avortement. En pratique, le cœur peut être entendu à partir de la sixième semaine environ, beaucoup de femmes ignorent alors qu’elles sont enceintes… Face à cette vague de décisions archaïques, Alyssa Milano a d’ailleurs appelé les femmes à entamer, comme elle, une grève du sexe afin que la situation change.
Si cette série noire inquiète profondément les défenseurs des droits des femmes, c’est parce que la droite religieuse vise à long terme. Son plan ultime ? Atteindre la Cour suprême. L’objectif n’est d’ailleurs absolument pas caché. L’idée, c’est que ces lois restrictives soient contestées pour pouvoir aller jusqu’à la Cour suprême, ce qui permettrait alors de renverser l’arrêt « Roe c. Wade ». Ce dernier a légalisé l’avortement aux Etats-Unis en 1973. Terri Collins, la républicaine à l’origine de la loi en Alabama, a d’ailleurs affirmé clairement que c’était son but : « Nous souhaitons que cette décision revienne aux États afin que nous puissions faire nos propres lois, avec des amendements, qui règlent ces questions ».
Le problème, c’est que Trump est passé par là. Dès le début de son mandat, le président est passé à l’attaque en n’accordant plus de subventions aux ONG internationales qui soutiennent l’avortement. Et surtout, il a nommé deux juges très conservateurs au plus haut tribunal des Etats-Unis, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh. L’institution est donc à présent majoritairement conservatrice. Traduisez : il y a plus de risques que Roe c. Wade soit renversé. Et plus que jamais, il faudra se battre pour faire entendre le choix des femmes. Mais la Cour suprême se saisira-t-elle du dossier ?